Figures bohémiennes et fiction, l’âge des possibles 1770-1920 (original) (raw)
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L ’écrivain fictif entre modélisation et caricature au tournant du XIXe siècle
Federica D'Ascenzo, Quêtes littéraires nº 10, 2020 Caricature : l'art de la démesure
Durant la Belle Époque, le roman de l’écrivain supplante progressivement le roman du peintre et se constitue en un filon qui donne lieu à une interrogation sur le rôle de l'homme de lettres dans la société bourgeoise et sur les causes de son désarroi. L’auteur véhicule ainsi à travers son œuvre un portrait axiologique de soi qui, renvoyant implicitement à la difficulté de la création, rend compte des valeurs qui façonnent la fin de siècle. La modélisation qui en découle intègre la caricature, devenue omniprésente au XIXe siècle, non seulement pour la charge parodique qui la caractérise, mais pour le pouvoir désormais accepté que l’exagération, la déformation et la blague détiennent dans l’interprétation du réel. De Huysmans à Gide, de Lorrain à Gourmont, de Dumur à Mauclair, Mirbeau ou Céard, le roman de l’écrivain fait de la caricature et de la dévaluation la garantie de l’authenticité de la projection autofictive.
Pascale Bolognini-Centène, Stendhal lecteur des fictions du xviiie siècle
2014
Stendhal s’est nourri de la litterature du xviiie siecle qui le fascinait et avait ses preferences. Depuis Valery qui a dit que «Beyle tenait heureusement du siecle ou il naquit l’inestimable don de la vivacite» et qui a releve sa proximite avec Diderot et Beaumarchais, depuis Thibaudet qui le voyait en heritier lointain des Lumieres, les etudes sur Stendhal lecteur assidu du xviiie siecle se sont multipliees, sous la forme d’ouvrages sur ses rapports avec certains auteurs (Vauvenargues, Rous...
Les Topoï De L’Imaginaire Galant Dans Les Contes De Fées Du Xviiè Siècle
2013
Les espaces pseudo-naturels investis par les héros galants des contes de fées de la fin du XVIIe siècle s'inscrivent tous dans une mise en scène du spectaculaire, une machinerie merveilleuse qui déforme à l'excès territoires et habitats pour les (re)créer à l'aune d'une mondanité hyperbolique. Palais et jardins précieux ou forêt mythique, ces topoï imaginaires à la référentialité paradoxale, se mettent en scène et sont les lieux nécessaires et passages obligés du genre. Ces lieux de l'imaginaire contribuent à l'élaboration du récit en ce qu'ils forment un réceptacle dramatique, pathétique et surtout esthétique aux aventures héroïques. La topographie merveilleuse offre ainsi un écrin en harmonie avec l'exceptionnalité des protagonistes, un décorum ostentatoire défini par un modèle galant en quête d'un exotisme familier.
Les Grandes figures historiques dans les lettres et les arts [en ligne], n° 7 (2018), URL : http://figures-historiques.revue.univ-lille.fr/7-2018-ISSN-2261-0871/
Histoire et Rhétorique chez deux historiens mineurs du XVIII e siècle : l'abbé Seran de La Tour, Richard de Bury et la fin du genre des Vies en France (1740-1760) « L'histoire de la biographie est celle des sujets, c'est-à-dire des types d'acteurs qui sont progressivement entrés dans son domaine. » 1 Partant de cette définition de l'histoire de l'écriture biographique, il ressort que, à la lumière des personnages dont traitent les vies, les Histoires de l'abbé Seran de La Tour (ca. 1700-1775) et de Richard de Bury (1730-1794) appartiennent à la phase la plus classique, voire traditionnelle, de ce type d'écriture. En effet, en tant que Vies de grands hommes antiques, ces récits n'introduisent ni nouveaux sujets ni nouvelles pratiques. Produits intellectuels d'une érudition de caractère typique, les oeuvres de Seran de La Tour et de Bury sont partagées entre deux coutumes contradictoires, comme des têtes de Janus, pour, d'un côté, perpétuer des références et des pratiques tirées d'un héritage alors en régression et, d'un autre, pour témoigner du nouveau commencement qu'annoncent les Lumières.
La Belle époque de l’aventure (1890‑1920)
Revue d'histoire du XIXe siècle, 2002
Dans les années 1960, André Malraux s'interrogeait sur les raisons qui lui semblaient devoir répondre de son raid aérien de 1935 au-dessus du Yémen : « Comment me suis-je mis en tête, il y a trente ans, de retrouver la capitale de la reine de Saba » ? Pour lui, ces raisons relevaient de l'atmosphère culturelle d'un temps désormais révolu : « L'aventure géographique exerçait alors une fascination qu'elle a perdue ». Cette fascination, du reste, ne datait pas de 1935. Au contraire : elle avait alors été, déjà, d'une moindre intensité. Et Malraux indiquait avec assez de précision ce qui avait été, selon lui, le moment de l'apogée de « l'aventure géographique » : « Sa gloire, dont témoignent tant de romans, date de la Belle époque » 1. Remarquable texte, dans lequel Malraux vieillissant (et avouant par ailleurs ne plus être travaillé par ce goût de l'aventure qui aurait guidé sa jeunesse) postulait trois idées jusque-là non formulées 2. La première est que, en tant qu'elle est inséparable de la représentation des espaces lointains, l'aventure a une histoire. La deuxième est que l'évolution de la production romanesque témoigne de cette histoire. La troisième est que la Belle époque est le moment-clé de cette histoire. Je m'interrogerai ici sur la pertinence de ces trois affirmations, inséparables l'une de l'autre 3. L'aventure, un objet d'histoire ? L'aventure a une histoire : proposition étonnante. Certes le mot « aventure » a bien une date de naissance, aux alentours du XII e siècle. Mais un tel constat est aussitôt relativisé par les spécialistes de l'Antiquité, qui n'hésitent jamais à traduire par « aventure » certains termes venus du grec ou du latin ; et le mal, au demeurant, ne semble pas bien grand : le désir d'aventures n'est-il pas constitutif de l'espèce humaine ? Pour reprendre une métaphore de Lucien Febvre, l'histoire de l'espèce humaine n'aurait-elle pas commencé lorsque nos lointains ancêtres cédèrent au goût de l'aventure, et quittèrent leurs douillettes cavernes, pour tenter de gagner l'horizon 4 ? Au Moyen Âge, un mot nouveau aurait donc désigné un goût si ancien qu'on ne peut le dater. Une dénomination
Fantômas ou le mythe de l’homme moderne chez les poètes des années 1910 et 1920
Paru dans Belphégor, vol. 11, n° 1, “Fantômas dans le siècle”, Sándor Kalai et Robin Walz (éd.), 2013. À partir d’un choix de textes d’Apollinaire, de Max Jacob, de Cendrars, d’Aragon et de Robert Desnos, cet article explique l’importance conférée au personnage de Fantômas par le fait qu’il incarne pour toute une génération « l’homme moderne », dandy d’un genre nouveau, impassible et amoral, maîtrisant à merveille les technologies et les médias de son temps.
L’Âge classique français dans les périodisations littéraires
Les Études françaises aujourd'hui , 2019
Le dessein de cette recherche est d’analyser comment l’âge classique français est considéré dans l’histoire et théorie littéraires, et quel cadre temporel lui attribuent les théoriciens, de la fin du XIXe siècle – avec Gustave Lanson (1896), et tout au long du XXe siècle – dans Bédier–Hazard (1923), Castex–Surer (1947), Lagarde–Michard (1962), dans la collection littéraire d’Arthaud (Adam, Clarac, Pomeau, 1968–1971), dans celle des Itinéraires littéraires (Horville, 1988), dans celle de Nathan dirigé par Jean Rohou (1989), jusqu’au début du XXIe siècle – dans Le Classicisme d’Alain Génetiot (2005), dans l’ouvrage collectif Histoire de la France littéraire (2006), chez les théoriciens Zékian (2012) et Viala (2015). Cette analyse se réfère aussi aux études soviétiques (1946) et yougoslaves (1976) relatives au sujet. Le présent article revalorise les théories concernant l’âge classique français dans le dessein de susciter de nouvelles considérations de cette époque de la littérature française.