LE REMIX RHIZOMATIQUE LES SIGNES À L'ÉPOQUE DU NUMÉRIQUE (original) (raw)

La pratique artistique traditionnelle ainsi que son esthétique s’effondrent à l’ère du numérique. Ses caractéristiques, telles que l’originalité, l'auteur unique, une interprétation singulière, la linéarité, le spectateur passif, deviennent moins pertinentes pour l’art post-moderne. En outre, notre point de vue numérique devient de plus en plus aiguisé, notre capacité à analyser les œuvres, conditionnée par la prise de conscience d'un processus cognitif basé sur les références infinies et pluridisciplinaires, se déploie. De nos jours, le monde est hyper connecté surtout en Occident et en Asie. A cette époque de l’information, où le passé et le futur sont toujours pris en compte dans le présent, se produit une transformation de notre perception du temps. Nous sommes dans la simultanéité, la non-linéarité. Depuis les années soixante, le centrisme oculaire qui privilégie la vision influence de plus en plus le choix de dispositifs artistiques, d’images en mouvement, notamment pour la vidéo, le cinéma et l’internet. Notre capacité à comprendre et à analyser l’information devient de plus en plus complexe avec le multitasking dans un contexte souvent transculturel. Ces transformations de la vie actuelle suscitent le développement avancé d’un processus cognitif qui est marqué par la démarche du remix dans laquelle l’artiste ainsi que le spectateur analysent une œuvre d’art en considérant ses références, ses citations et son contexte. La présente analyse du remix se penchera sur la définition du remix numérique telle qu'elle est proposée par le juriste américain, fondateur de Creative Commons, Lawrence Lessig : « Pour la musique, on parle de remix, d’échantillonnage, quand il s'agit de la peinture, on parle de collage, pour l’art numérique, on parle de remix » . Le concept fondamental de la culture du remix repose sur l’acte d’utiliser des éléments préexistants, tels que du son, de la photo, du texte, de la vidéo, des films d’archives, afin de créer quelque chose de nouveau. Le processus de la remédiation est une forme de remix qui détourne les catégories des médias pour donner plus de sens à une nouvelle idée. La remédiation, par laquelle un média, tel que la télévision, la radio, le cinéma, est refaçonné, nous fait prendre conscience que tous les médias sont essentiellement un jeu de signes. Le processus accentue des résonances de signes et de formes par rapport aux médias précédents. Selon Peirce, la plupart des critiques qui analysent cette pratique artistique n’ont pas approfondi l’exigence de cette compréhension qui s’appuie sur une interprétation ‘sémiotique infinie’ « Un signe-véhicule qui informe plusieurs contenus entrelacés et c'est-à-dire ce qu’il est convenu d’appeler un ‘message’ qui est en effet un texte dans lequel le contenu consiste en un discours qui a plusieurs niveaux » . Avec le terme « signes », je fais référence aux théories du sémiologue et philosophe américain, Charles Sanders Peirce ainsi qu’à Umberto Eco et Mikhaïl Bakhtine.