Une généalogie du concept de cohésion sociale (original) (raw)

Ce texte a été écrit au tournant du siècle précédent et du siècle actuel, au moment où je publie mes premiers travaux en histoire langagière des concepts, à l’exemple de « Temps et histoire : les figures de la progression politique. L’archéologie de l’idée de progrès (16ème- 18ème) », Le temps bricolé. Les représentations du Progrès (19ème – 20ème siècle), Le Monde alpin et rhodanien, N°3/2001, p. 113-124 (version disponible sur Academia). --------- En présentant la généalogie (historique) de la catégorie (sociologique) de cohésion sociale, j’ai voulu situer d’une part son lien originaire à la question de la maîtrise et de la production de l’action humaine, d’autre part montrer, de manière rétrospective, des moments historiques d’émergence de ses principaux caractères. La démarche adoptée relève là encore d’une histoire sociale des concepts dont je rappelle un fois de plus les principaux axes méthodologiques. Premièrement, la compréhension des faits historiques nécessite la connaissance de leurs espaces discursifs de conceptualisation, sans pour autant réduire les faits à des pensées de nature langagière. Il existe ainsi un lien organique – une connexion empirique – entre les réalités et les notions des discours. En second lieu, les auteurs majeurs de la pensée politique ne se contentent pas de conceptualiser dans un contexte historique donné ; en disant ce qu’ils disent, ils sont aussi agissants. Il importe donc d’identifier ce que les auteurs ont fait en écrivant comme ils l’ont fait. Plus précisément, notre objectif est ici d’appréhender, d’un auteur à l’autre, une évolution théorique là où les concepts ont précisément acquis un fort potentiel normatif du fait qu’ils sont devenus, dans le cas présent, des arguments de la providence divine, puis de l’action humaine.