Le salut comme espérance chez Clément d’Alexandrie (original) (raw)

Le repos de Dieu chez Philon d’Alexandrie

S. Inowlocki & B. Decharneux (éd), Philon d'Alexandrie. Un penseur à l'intersection des cultures gréco-romaine, orientale, juive et chrétienne, 2011

a. En six jours Dieu créa le monde, le septième il se reposa. En cette formulation sont contenus plusieurs problèmes que Philon aborde: 1) quel sens a de parler d'une longueur de temps déterminée pour une activité divine? 2) qu'est-ce que signifie dire que Dieu acheva son oeuvre, quand Dieu est immuable et son activité est continue? 3) qu'indique l'expression "repos" pour un Dieu qui, certainement, ne se fatigue pas? Les problèmes apparaissent aussi dans d'autres textes, à partir des différentes versions de la Bible: cessation du travail le sixième jour selon la LXX, le Pentateuque samaritain, le Livre des Jubilés; le septième selon la Massorah 1. Dans son Le commencement du livre 2 , M.me Alexandre a donné un clair cadre explicatif du thème et des problèmes liés. Donc, je ne vais pas m'arrêter sur la question. Je me limite à citer quelques interprétations qui, bien que beaucoup plus tardives, présentent des affinités avec la lecture philonienne ou qui renvoient à des thématiques de quelque façon semblables. En particulier le Bereshit Rabbah X 9 met en évidence que la notion de repos renvoie à un travail accompli avec fatigue et labeur: "Qu'est ce qui manquait au monde? Le sabbat" 3. Arriva le sabbat, arriva le repos et ainsi l'oeuvre de la création fut complètement achevée. Selon cette interprétation-comme chez Philon-le repos est création et le sabbat est achèvement. Parmi les versions qui s'en tiennent au sixième jour, particulièrement significative en relation au texte philonien est celle des Jubilées II, 16-18 selon laquelle les anges supérieurs célèbrent le sabbat avec Dieu au ciel et sur terre. C'est-à-dire que le sabbat est établi dans les cieux, avant la loi mosaïque 4. On ne parle pas ici de repos de Dieu, ni de cessation de son travail qui fût accompli le sixième jour 5. Le septième est un jour de repos pour le cosmos. Nous sommes, au moins en partie, dans le cadre d'interprétations selon lesquelles Dieu n'a 1 La cessation du travail le septième jour pose des problèmes : il risque d'en faire un jour de travail, en continu avec les autres. Plusieurs commentateurs tentent d'expliquer cette difficulté en affirmant que la cessation du travail est advenue avant le septième jour. Ibn Ezra, par ex., commente que souvent "be" signifie "avant" Pour Sforno, Dieu acheva son oeuvre au moment même où commenca le septième jour. De cette façon Sforno, comme Radak et Saadia Gaon, met en évidence la discontinuité entre l'oeuvre des six jours et le septième. Rambam explique que le verbe vaishbot signifie s'arrêta, c'est-à-dire cessa de créer, non pas se reposa. Dans le traité Sabbath 119b, Dieu s'est reposé après avoir achevé le monde en six jours. Rashi à propos de Gen 2.2 dit : « Dieu termina au cours du septième jour le travail qu'il avait accompli, et mit un terme à tout le travail qu'il avait accompli lors du septième jour ». Il cite Bereshit Rabbah X 9: les hommes ne savent pas bien calculer le temps, contrairement à Dieu qui entra exactement « dans le septième jour par un fil de cheveu ».

Temple et prêtrise chez Clément d’Alexandrie. Questions sur les traditons apocalyptiques en Égypte

Judaïsme ancien et origines du christianisme, 2018

In several passages of the Stromata, but also of the Excerpts from Theodotus, Eclogae Propheticae and Adumbrations, Clement of Alexandria offers an allegorical interpretation of the biblical texts on the temple and its worship. For this teaching on the temple, its liturgy and the various classes of angels who inhabit the heavenly world, Clement borrows an abundant apocalyptic imagery, although his writings cannot be classified under the literary genre of the apocalypses. After a description of these clementine doctrines, my intention is to ask some questions and to suggest hypotheses about the traditions that preceded them, Jewish and Christian. This going back in time allows me to conclude with a few issues related to the form of Christianity that appears in Egypt in the second century of our era. In Egypt, one can indeed discern the continuous composition of Apocrypha reflecting a culture rooted in apocalypticism and its speculations about the temple. Résumé En plusieurs passages des Stromates, mais également des Extraits de Théodote, des Extraits prophétiques et des Adumbrationes, Clément d' Alexandrie propose une interprétation allégorique des textes bibliques sur le temple et son culte. Alors que le temple de Jérusalem et celui de Léontopolis ont été détruits, le sanctuaire et les fonctions sacerdotales sont transposés dans le monde supérieur. Ce qui apparaissait, en Exode 25, 9.40 et 26, 30, comme un archétype céleste montré à Moïse ou une forme idéale, devient un lieu en lequel il est possible aux humains de pénétrer. Pour élaborer sa doctrine, Clément dit suivre un enseignement traditionnel des anciens, presbyteroi, des « traditions non écrites de ce qui est écrit » 1 , et qu'il retravaille. La thèse de sources littéraires, juives et chrétiennes, chez Clément semble également solidement établie. Clément indique aussi qu'il a pour informateurs un cercle de savants ou de sages

Le Moïse des auteurs juifs hellénistiques et sa réappropriation dans la littérature apologétique chrétienne : le cas de Clément d’Alexandrie

Interprétations de Moïse Égypte, Judée, Grèce et Rome

Philippe Borgeaud a bien montré dans son ouvrage sur la naissance de l'histoire des religions comment la fi gure de Moïse se situe, à l'époque hellénistique, au coeur d'un « triangle théologique » formé par la Grèce, l'Égypte et la Judée, autrement dit, au carrefour formé par Athènes, Alexandrie et Jérusalem, les traditions grecques, égyptiennes, et juives 1. La naissance et le développement du christianisme a modifi é cette géographie du sacré, et par conséquent, elle a aussi transformé le rôle et l'image de Moïse 2. On sait que la fi gure de Moïse, pour les anciens, est loin de se limiter à l'image que nous en donne la Bible. Un nombre considérable de traditions juives et non-juives ont contribué à forger une image hétéroclite parfois inattendue du législateur 3. Du portrait judéo-hellénistique de Moïse, nous avons notamment préservé quelques fragments 4 , qui nous sont parvenus sous la forme de citations dans des ouvrages chrétiens. Nous sommes à cet égard particulièrement redevables à Clément d'Alexandrie et Eusèbe de Césarée, sans lesquels cette littérature aurait totalement disparu 5. Cette étude est consacrée à l'image de Moïse chez Clément d'Alexandrie à travers son utilisation de cette littérature juive de langue grecque. De façon assez surprenante, la recherche moderne s'est peu intéressée à la façon dont il avait réinterprété ces textes, s'y attardant le plus souvent seulement pour les besoins de la philologie. Pourtant, on ne

Discours de Pierre dans les Clémentines

Bernard POUDERON, 2020

Pour faire admettre à ses lecteurs son audacieuse théologie, le rédacteur clémentin recourt aux différents procédés de l'arcane, seul capable de rendre compte de l'indicibilité divine. Ainsi, les deux écrits liminaires, l'Épitre de Pierre à Jacques et le Diamarturia, puis les entretiens de Pierre avec ses disciples les plus proches placent l'enseignement sous le sceau du secret, la révélation de la vérité étant soumise à de strictes conditions, à savoir une «bonne disposition» du coeur et une épreuve préalable, et, sur le plan narratif, se faisant progressivement, au fil du récit, Pierre ne révélant sa doctrine, celle des deux Princes, qu'au cours de ses derniers entretiens (Homélies 20.2.2 et 8.1-4). Cette stratégie didactique se double d'un démarche polémique, dirigée contre Simon, aussi bien à travers une argumentation scripturaire qu'à travers une démonstration par la raison ; elles s'appliquent essentiellement à trois domaines : la monarchie divine, l'origine du mal et la dualité des «Princes». Mais de nouveau, la démarche est voilée, car derrière la figure de Simon, défenseur d'un dualisme pré-gnostique, se cache celle de Marcion (ou d'un de ses disciples), dont Pierre dénonce le dithéisme affiché. Plus encore qu'à Marcion, Pierre s'en prend à une doctrine secrète très proche de celle de l'Évangile de Judas, posant un Dieu suprême et deux divinités secondes, l'une créatrice, l'autre législatrice (Homélies 3.2.2). Deux autres adversaires se dévoilent encore: l'homme ennemi, Paul, coupable d'introduire un second Dieu en la personne de Jésus, et, à la suite, la grande Église, qui s'est éloignée de la stricte monarchie divine du judaïsme. l'auteur et le père de cet univers, c'est tout un travail que de le découvrir, et une fois découvert, le révéler à tous est impossible, Platon, Timée 28c Le Roman pseudo-clémentin-que nous situons pour notre part, dans sa première rédaction, au tournant des IIe et IIIe siècle, sans doute sous le titre

L’œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut

Réformation tranquille, 2020

Dans L’œuvre du Saint-Esprit dans l’histoire du salut, Sylvain Romerowski nous présente les différentes manières dont le Saint-Esprit s’est manifesté dans le cadre du récit biblique de la rédemption. Étant donné que l’histoire du salut commence dès les premiers chapitres de la Genèse et s'étend jusqu’aux derniers de l’Apocalypse, l’auteur peut nous parler d’une action du Saint-Esprit qui parcoure l’ensemble des Écritures.

Théologie mineure : douleur noire et espérance chez Jean-Marc Ela

Philosophiques

« Have we forgotten how beautiful it is to be on fire for justice ? » Cornel West « Le théologien du tiers-monde se pose au contraire la question radicale : « Quel est notre Dieu ? » Cette question prend racine dans une expérience de solidarité avec les damnés de la terre. » Jean-Marc Ela À propos d'une question qui demeure Les projets de critiques philosophiques du christianisme au xxi e siècle semblent, à tous points de vue, périmés. Ils apparaissent même saturés par un ensemble de motifs communs qui s'appellent, se rejettent ou, souvent, s'entremêlent. Le christianisme n'est-il pas la religion de ceux qui ont dépassé la religion ? Puisqu'il est enfin dépassé, sa critique n'est-elle pas, dès lors, sans objet ? La critique du religieux ne doit-elle pas porter, plutôt, sur d'autres expressions confessionnelles ? Les religions qui font aujourd'hui retour ne sont-elles pas ni européennes ni chrétiennes ? La critique contemporaine du religieux est marquée par une série d'événements qui portent chacun leur date 1 ; elle se focalise sur un objet précis, saisi comme totalité unifiée, l'« Islam », et le type d'attachement doctrinaire qui lui est spontanément associé : le fondamentalisme 2. La critique de l'Islam mobilise une certaine approche-mimétique-de la critique du christianisme 3 : ce qui a été fait et achevé pour le christianisme durant la modernité européenne doit désormais l'être pour l'Islam, partout ailleurs, dans le monde.

Clément-Rome

polices : Times + MiddleEastTimes (translittération des racines sémitiques) + SymbolGreek (texte grec) logiciel : Word 5 (sur Mac OS 7) introduction Sur Clément, quatrième évêque de Rome selon Irénée et Eusèbe et martyr sous Trajan selon la tradition hagiographique, nous ne savons pratiquement rien d'assuré. Aussi tout document ancien le concernant mérite-t-il d'être considéré avec la plus grande attention, quelles que soient sa nature et sa valeur intrinsèque, dans la mesure où les multiples traditions le concernant, si dénuées de vraisemblance qu'elles nous paraissent aujourd'hui, peuvent receler en elles quelques bribes de vérité, éclairer telle ou telle facette du personnage, ou du moins fournir de précieuses indications sur la construction de la figure du saint et sur la perception qu'ont eue les foules chrétiennes de son rôle et de sa fonction. C'est en particulier le cas de toute une série de documents mettant en relation l'évêque de Rome avec un illustre personnage de la cour impériale, Flavius Clemens, consul en 95, et exécuté par Domitien l'année même de son consulat. De ce personnage, Dion Cassius nous apprend qu'il s'était laissé entraîner aux coutumes des Juifs, c'est-à-dire qu'il était ou bien un prosélyte du judaïsme, ou bien un chrétien judaïsant. C'est sur cette tradition d'un Clément parent de l'empereur, juif ou judaïsant, que nous allons mener notre enquête, à partir de textes qui ont été jusqu'ici assez peu utilisés pour des recherches historiques : le roman clémentin et sa source juive ; la tradition talmudique ; et les divers récits hagiographiques mettant en scène le personnage de Clément. Mais examinons d'abord les documents historiographiques concernant d'une part Flavius Clemens, et d'autre part l'évêque (ou réputé tel) Clément Romain. A. LES DONNÉES DE L'HISTORIOGRAPHIE ROMAINE ET DE L'HISTORIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE. Les données de l'historiographie romaine ne concernent évidemment pas Clément l'évêque, mais son homonyme Flavius Clemens. Elles sont contenues dans deux documents : d'une part, la Vie de Domitien de Suétone, et d'autre part l'abrégé du livre LXVII de l'Histoire romaine de Dion Cassius. Le premier document n'est guère explicite. Suétone mentionne bien l'exécution de Flavius Clemens, mais il ne la met aucunement en rapport avec un motif religieux : Enfin, son cousin germain, Flavius Clemens, un homme d'une inaction tout à fait méprisable, dont il avait publiquement décidé que les fils, alors encore très jeunes, seraient ses successeurs et qu'ils changeraient leurs anciens noms pour ceux de Vespasianus et de Domitianus, soudain, sur le plus léger soupçon, et presque dans l'exercice même du consulat, il (i.e. Domitien) le fit exécuter. Ce fut surtout ce crime qui précipita sa mort. 1 Seule l'allusion à son "inaction" (inertia) semble désigner dans la personne du consul un judaïsant, s'imposant le respect du sabbat, au grand étonnement de ses compatriotes, qui ne pouvaient que réprouver le fait qu'un personnage officiel se dispensât au moins une fois par semaine des obligations liées à sa charge. On trouve en tout cas chez le satiriste Juvénal un terme tout à fait similaire, celui d'ignavus ("paresseux"), appliqué au jour du sabbat 2. En revanche, le second des deux documents est sans équivoque. Il nous présente Flavius Clemens comme un personnage important, lié à la famille impériale, associé au pouvoir par la charge de consul , et cependant victime de la cruauté tyrannique de Domitien : La même année (i.e. 95 A.D.), Domitien fit exécuter avec beaucoup d'autres le consul Flavius Clemens, quoique celui-ci fût son cousin et qu'il eût épousé une de ses parentes, Flavia Domitilla. Tous deux furent accusés d'athéisme, un chef d'accusation qui fit condamner également beaucoup d'autres personnes convaincues de s'être laissé entraîner aux coutumes des Juifs (eij" ta; tw'n ∆Ioudaivwn e[qh ejxokevllonte"). Les unes furent mises à mort, les autres punies de confiscation. Quant à Flavia Domitilla, elle fut simplement exilée à Pandataria. 3

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