Pierre Allorant, Jean Garrigues, Corinne Legoy, Gaël Rideau, Arnaud Suspène (dir.), Paroles d'en haut, Paris, Classiques Garnier, coll. « POLEN Pouvoirs, lettres, norme », 2016, 303 p. (original) (raw)
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Le discours essentiellement autoritaire, voire par moment autoritariste, de Bossuet, se révèle en définitive inséparable d’une forme de dépossession du je. Contrairement à certaines voix mystiques, la voix de Bossuet ne tend pas vers son anéantissement, mais continue de faire entendre son débit imparfait, afin qu’à travers elle retentissent d’autres voix, dont la multiplicité seule peut dire une vérité foncièrement insaisissable. Rhétorique des peintures et du dialogisme, de l’hypotypose et de la polyphonie, la rhétorique bossuétiste s’avère en cela, plus profondément encore, rhétorique d’une présence-absence. Et de même qu'au siècle précédent, les Psaumes de Marot firent émerger un je lyrique ambigu, à la fois singulier et archétypal, voix personnelle et inspirée, c’est donc d’un je en clair-obscur, s’effaçant derrière la circulation autoritaire des auctoritates, que surgit, non sans paradoxe, l’auteur Bossuet.
Une éclatante discrétion : Jean Paulhan et le pouvoir dans les lettres
Tangence, 2006
Omniprésent dans les discours sur Jean Paulhan, le mythe de l’éminence grise n’a pourtant guère été objet d’analyse. Pour voir ce qui se cache et se dévoile dans ce cliché vivace, l’auteur examine les textes qui le mettent en forme et les déterminations socio-historiques présidant à son émergence. On découvre ainsi que Paulhan transforme le flou inhérent au capital social en énigme à déchiffrer et qu’un ethos du secret anime aussi bien ses récits et critiques que sa pratique de la sociabilité.