Jalons pour une étude de « l’événement total » en analyse de discours (événement linguistique, événement discursif et récit d’événement). (original) (raw)

Jalons pour une étude de « l’événement total » en analyse de discours (événement linguistique, événement discursif et récit d’événement).

L’événementialité engendre le sens: une telle affirmation peut nous renvoyer soit au caractère instantané et inédit de l’événement, soit à sa dimension totalisante. A vrai dire, l’analyse de discours en France s’est surtout penchée sur la dimension inventive de l’événement (Guilhaumou, Maldidier, Robin, 1994), sans véritablement s’interroger sur son incidence en matière de totalisation. Comme à l’accoutumée, les chercheurs allemands sont les plus avancés en ce domaine. L’étude exemplaire de Hans-Jürgen Lüsebrink et Rolf Reichardt (1990) sur le 14 juillet 1789 est là pour en témoigner. Ici te terme d’« événement » apparaît à proximité du syntagme « Prise de la Bastille » dès les premiers récits. Il s’agit alors pour les chercheurs allemands de développer une approche de « l’événement total » où se dessine une Bastille d’abord située à l’horizon du despotisme d’Ancien régime, puis inscrite dans un événement narré, le 14 juillet, enfin prise dans un univers symbolique tant passé que présent avec la commémoration de « la prise de la Bastille ». L’analyse de discours peut-elle rivaliser avec une telle entreprise, ou tout du moins proposer une approche complémentaire, c’est-à-dire plus centrée sur la dimension proprement linguistique de l’événement, sans pour autant négliger ses aspects pragmatiques et narratifs ? En examinant présentement la progression, dans un ordre raisonné, de trois déclinaisons de l’événement - l’événement linguistique, l’événement discursif et le récit d’événement - nous nous efforçons d’emprunter la voie inédite de la synthèse certes de manière surtout programmatique, mais aussi de façon plus historique à l’aide d’un exemple encarté, l’événement Sieyès et dans une approche plus concrète, plus métaphorique des notions utilisées les plus métaphysiques autour de l’œuvre de Borges, dans un second encart.