L'antipassif dans les langues accusatives (original) (raw)

La construction « accusatif avec infinitif » avec les verbes causatifs et de perception en moyen français

Revue québécoise de linguistique

Résumé Cet article examine l’emploi de la construction « accusatif avec infinitif » avec les verbes causatifs et de perception en moyen français. Cette construction, rare en ancien français avec les verbes causatifs, commence à apparaître plus fréquemment en moyen français. Deux textes de cette époque ont été systématiquement dépouillés : Les Cent Nouvelles Nouvelles Anonymes et Les Cent Nouvelles Nouvelles de Vigneulles. L’examen de trois facteurs, la position du SN sujet, le cas assigné au sujet et la montée des clitiques objets montre que l’emploi de cette construction est déterminé par la nature du verbe principal. Cette construction est surtout utilisée avec les verbes de perception, moins souvent avec laisser et presque pas avec faire. Je propose que ce changement de fréquence d’utilisation de la construction imperméable est dû à l’exploitation du mouvement du sujet de l’infinitif de la position spécifieur de VP à la position spécifieur de IP. Seuls les verbes qui peuvent assi...

Du temps que le pré-PIE était encore une langue ergative... Spéculations sur les origines de l'accusatif

Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, 2018

Proposer de voir dans l'accusatif un ancien latif (ou directif) n'a rien de nouveau. Ce qui distingue l'hypothèse présentée ici est qu'elle est purement syntaxique et se borne à des questions d'alignement. Nous proposerons de voir dans l'« accusatif » des langues indoeuropéennes un ancien datif parce que c'est le cas auquel on a recours, dans les langues ergatives pour marquer le patient quand l'agent, au lieu d'être à l'ergatif, est, pour une raison ou une autre au cas non marqué et que le patient se trouve de ce fait en position de complément.

RÉFLEXIONS SUR L'EXPRESSION D'UN ANTISÉMITISME ATAVIQUE

LE RETOUR DE L'ANTISEMITISME, 2024

Si la pureté de l'intention de vengeance excuse la faute des atrocités qu'elle produit nécessairement, il suffirait de démontrer que l'acte du 7 octobre n'est qu'un acte de vengeance pour que ces atrocités soient édulcorées rendant sinon excusable, du moins compréhensible le fait de les avoir perpétrés.

La Gegenrasse Juive

Fondation Auschwitz de Bruxelles, 2011

L'antisémitisme nazi se fonde sur la définition du Juif comme "contre-race". Pourquoi ?

L'adjectivité en anglais et en français

L’Adjectivité: Approches descriptives de la linguistique adjectivale. Neveu, F., & Roig, A. (Eds.). De Gruyter, 2020

Une définition de l'« adjectivité » comme « distorsion catégorielle » au sens de Kerleroux (1996) présuppose que l'on sache reconnaître les unités lexicales qui appartiennent à la catégorie des adjectifs, faute de quoi il sera impossible de dire objectivement si un mot qu'on trouve dans un emploi syntaxiquement adjectival a subi, ou non, une distorsion par rapport à sa catégorie d'origine. Or, comme le reconnaît D. Creissels, « [d]ans la description des langues, la délimitation d'une classe d'adjectifs constitue une question particulièrement délicate » étant donné que les écarts par rapport au prototype sont souvent bien plus fréquents que les cas typiques, situation « sans équivalent pour les noms ou les verbes » (Creissels, 2006 : 201). C'est pour rendre compte des nombreux cas limitrophes et atypiques en français que J. Goes (1999), au terme d'une étude très minutieuse, a élaboré une grille de critères d'identification potentiels, parmi lesquels il n'a retenu comme « critères minimaux nécessaires » que l'accord en genre et en nombre, et la fonction d'épithète postposée, sans qu'aucun de ces deux critères ne soit suffisant en soi. Les difficultés s'accroissent encore dès que l'on essaie, dans une perspective typologique ou contrastive, de décrire les contours de la catégorie selon des critères communs à plusieurs langues. Comme le français, l'anglais possède aussi une catégorie adjectivale (présumée) bien développée, et connaît de nombreux cas limitrophes (substantifs en fonction épithète, formes participiales introduites par une copule). Malencontreusement, aucun des deux critères minimaux retenus par Goes en français n'est transférable à l'anglais, où l'invariabilité en nombre permet, au contraire, de distinguer les adjectifs par rapport aux substantifs (cf. Jespersen, 1924 : 74) tandis que la postposition est à la fois peu fréquente (<1%) et soumise à de fortes contraintes. Mais à moins de tracer d'abord une limite, peu importe que celle-ci repose sur un seul ou plusieurs critères, comment savoir s'il y a « distorsion catégorielle » (et dans quel sens ?) dans : (1) … and the secret of it had been lost until Henry Ware, seeking through the cold and rain, had stumbled upon it. (J.A. Altsheler, The Scouts of the Valley) (2) The sight of that key had brought up pictures of the club-house; and I thought and thought how quiet it was, and how far away and -- how cold it was too, and how secret. (A.K. Green, The House of the Whispering Pines) (3) Ces sauvages paysans combattants, qui les traînaient avec eux de forêt en forêt, leur donnaient leur part de soupe. (V. Hugo, Quatrevingt-treize) (4) Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil le même chemin rustique, … (M. Proust, Du côté de chez Swann) Tel est le sens que nous souhaitons donner au titre de cette étude : extra adjectivum, nulla adjectivitas – quoique l'« adjectif » reste, par nature, un objet insaisissable, nébuleux, comment pouvons-nous néanmoins prétendre parler d'« adjectivité », c'est-à-dire de ressemblance ou de proximité par rapport à l'adjectif, sans essayer de dire d'abord à quoi celui-ci ressemble et où il se trouve ? Étude parallèle des cas de « syntaxe paradoxale » Étant donné que les problèmes d'identification viennent surtout des écarts par rapport au prototype adjectival, nous rappellerons les caractéristiques de celui-ci selon Goes, Dixon et Creissels avant d'examiner en parallèle les principaux cas de « syntaxe paradoxale » (Kerleroux), illustrés par des exemples empruntés à un ensemble de corpus électroniques comparables en anglais et en français d'environ 20 millions de mots. En particulier, nous étudierons des cas impliquant : – la nominalisation de lexèmes à vocation adjectivale (5) … si l'on veut bien songer aux prodiges de dévouement patient, tenace, inviolable, qui se rencontrent chaque jour chez les femmes de la classe populaire, dont le naturel, quoique grossier, reste original et sincère. (O. Feuillet, M. de Camors) (6) Action from principle -- the perception and the performance of right (…) divides the individual, separating the diabolical in him from the divine. (H.D. Thoreau, Walden) – des lexèmes à vocation substantivale en fonction épithète (7) Mais qu'est-ce que ces fautes insectes en comparaison des monstres que nous voyons éclore journellement dans les imprimeries. (H. Berlioz, Les soirées de l'orchestre) (8) … and he has been replaced by a cookie-cutter party man with what a Tokyo commentator called "all the pizazz of cold pizza." (Time, 14/09/1998) – des formes participiales en fonction épithète ou prédicative (9) … mais voilà qu'elle n'était plus maîtresse de sa volonté, voilà qu'elle l'écoutait avec un cœur palpitant et troublé, … (H. Malot, Cara) (10) … and where she kept erect only by pride and the will not to cry out that she was struggling and afraid. (J. Galworthy, Beyond) Ce tour d'horizon nous permettra de constater qu'aucun des critères sémantiques ou morpho-syntaxiques invoqués régulièrement dans les deux traditions grammaticales ne permet d'opérer une distinction assez nette entre adjectifs et « adjectivité » dans les deux langues. En revanche, d'exemple en exemple, la bivalence adnominale-prédicative apparaît petit à petit comme le seul trait distinctif susceptible de fonder une identification interlinguistique unifiée de la catégorie adjectivale. De Calais à Douvres, et au-delà … Cette prise de position, qui contredit pourtant l'une des conclusions de Goes, sera étayée par le rapprochement avec des langues à catégories adjectivales très réduites : le Chichewa (langue bantoue), dont la petite catégorie adjectivale ne se distingue des noms que par leur capacité de s'adjoindre directement à un nom, et le Mohawk (famille iroquoise), dont les adjectifs ne diffèrent de la classe verbale que par un mécanisme spécifique de relativisation (cf. Baker, 2004 : 247 sqq.). Elle vient confirmer, d'ailleurs, à nos yeux, la justesse de cette remarque glanée jadis par Vinay & Darbelnet : I often feel that anthropologists, by making a careful comparison between the languages of Dover and Calais, could long ago have discovered truths that they only brought to light recently by going all the way to the South Sea islands. (J.G. Weightman, cité par Vinay & Darbelnet, 1958 : 157) Une telle définition de l'adjectif nous obligera, toutefois, à remettre en question la distinction traditionnelle entre adjectifs « qualificatifs » et « relationnels », abolissant par là même la dichotomie parmi les adjectifs du français défendue par Tyvaert (2005), et à envisager la catégorie adjectivale comme un continuum regroupant quelques adjectifs défectifs figés synchroniquement dans un seul emploi, des adjectifs prototypiques, et des unités lexicales à « double appartenance » (Noailly, 1999) – pleinement adjectivales et pleinement nominales ou verbales en même temps – au-delà duquel se trouvent des unités lexicales, nominales ou verbales, qui n'occupent qu'occasionnellement les fonctions syntaxiques typiquement adjectivales.

Le passif dans la langue des signes

Http Www Theses Fr, 2006

Discipline : Sciences du langage présentée et soutenue publiquement par Pierre GUITTENY le mercredi 13 décembre 2006 Le passif en langue des signes ___________ Sous la direction du Professeur Henri Portine ___________ Jury Christian Cuxac Agnès Millet Claude Muller Patrice Dalle 2 Remerciements Henri Portine, qui nous a patiemment soutenu tout au long de ce travail Christian Cuxac, pour ses remarques sur l'objet de notre travail Laurent Verlaine , dessinateur sourd et collaborateur au Centre d'information sur la surdité d'Aquitaine, qui nous a grandement facilité ce travail de recherche par ses nombreux dessins Bruno Moncelle, qui nous a autorisé à reproduire les dessins de Laurent Verlaine réalisés à l'occasion de son mémoire pour l'obtention du D.P.C.U. d'enseignant de langue des signes (Université Paris VIII) La communauté des sourds de Bordeaux, qui s'est prêtée volontiers aux multiples questions que nous lui avons soumises Christian Rétoré et Emilie Voisin, pour leurs réflexions, remarques et soutien Olivier Delanghe, pour ses réflexions sur la langue des signes Olivier Rapet, pour sa patience et son soutien moral (Figure 1)

Le passif en français et le statut référentiel du sujet

SHS Web of Conferences, 2016

Nous proposons de reprendre l'analyse du passif en français, appelé parfois passif périphrastique. Nous réexaminerons cet objet linguistique à partir de données généralement marginalisées dans son analyse, à savoir les lacunes distributionnelles par rapport à l'actif, comme : Cécile parle couramment l'anglais / ?? L'anglais est parlé couramment par Cécile ; Marie a regardé la télé toute la soirée / ?? la télé a été regardée par Marie toute la soirée. Nous partirons de l'analyse proposée par P. Jalenques (2015) permettant de ramener ces contraintes à un principe régulier et expliquant ce dernier à partir de l'hypothèse que être n'est pas un simple auxiliaire mais correspond au verbe attributif. Nous montrerons que cette analyse est cependant incomplète et rend difficilement compte de lacunes comme les ouvriers ont cessé le travail / ?? le travail a été cessé par les ouvriers. En reprenant l'étude des contraintes sur les relations anaphoriques au passif, nous verrons qu'un second principe explicatif, tiré d'une hypothèse de E. Keenan (1976), vient compléter l'analyse de Jalenques (2015) et permet de rendre compte de la plupart des lacunes distributionnelles au passif.

Agota Kristof et les langues ennemies CLaire Olivier

Claire Olivier, 2019

Il s'agit de la version remaniée de la communication faite dans le cadre du colloque international éponyme, dirigé par I. Grell et J.M Devésa, qui s'est tenu du 14 au 16 décembre 2018 à l'ENS, rue d'Ulm. Dans son récit autobiographique, L'Analphabète , Agota Kristof désigne pareillement l'allemand, le russe et le français comme des « langues ennemies ». Pour l'allemand et le russe, l'épithète se justifie par un simple rapport métonymique de la langue à ses locuteurs, à savoir les militaires étrangers qui occupent son pays, la Hongrie, durant la Seconde Guerre mondiale. En revanche, pour le français, le qualificatif s’explique dans le contexte spécifique de son exil. Elle raconte qu’à vingt-et-un ans, contrainte de quitter sa terre natale après l’invasion des troupes soviétiques en 1956, sa fuite la conduit en Suisse, dans le canton francophone de Neuchâtel, où elle doit « affronte[r] une langue pour [elle] totalement inconnue ».