Le « boire ». Une anthropologie en quête d’objet, un objet en quête d’anthropologie (original) (raw)

Une anthropologie par la consommation

Actes des 1ères Journées Normandes de la …, 2002

Paris V 232 Une anthropologie par la consommation Résumé : L'objectif de cet article est de présenter une synthèse des recherches que j'ai effectuées en anthropologie sur des objets, des pratiques de consommation, pour montrer que la consommation est une production sociale, et qu'elle est un objet d'analyse des sciences sociales. Cependant, je cherche également à montrer que la consommation est un analyseur de mécanismes sociaux sous-jacents et qu'il ne suffit pas d'étudier les objets et les pratiques en eux-mêmes, mais qu'il convient de les relier aux relations sociales, aux rapports sociaux, aux stratégies et contraintes des acteurs, aux structurations de la société pour en comprendre les enjeux, pour réaliser une anthropologie par la consommation.

Les boissons (Les vins au goût d’argile : anatomie d’une tradition plurimillénaire. Le cas d’étude portugais du vin de talha)

La technique de fermentation du vin en récipients d’argile remonte au tout début de l’histoire de la vitiviniculture. Cette méthode primitive de vinification s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans trois régions du monde ancien : en Transcaucasie, en Espagne et au Portugal. Cet article présente une analyse du cas d’étude portugais dans une perspective transdisciplinaire et transhistorique, ayant pour objectif de comprendre pourquoi et comment cette tradition s’est perpétuée dans cette région de la péninsule Ibérique, prenant comme point de départ la théorie formulée par le géographe Orlando Ribeiro pour expliquer cet archaïsme régional. See the powerpoint of the communication here: https://www.academia.edu/3416791/Les\_vins\_au\_go%C3%BBt\_dargile\_anatomie\_d\_une\_tradition\_plurimill%C3%A9naire.\_Le\_cas\_d\_%C3%A9tude\_portugais\_du\_vin\_de\_talha

Anthropologie d’un mystère

Sens public

Cet article a pour objet le « parler en langues », appelé usuellement glossolalie. Cette pratique est l'une des singularités du mouvement pentecôtiste. Ce dernier connaît un immense succès dans le monde contemporain. Ce langage semble, a priori, irrévocablement énigmatique puisqu'il est une suite de mots totalement inventés par les locuteurs. Nous allons tenter de donner du sens à la glossolalie, en ce que ce discours échevelé et, a priori dénué de sens, peut révéler, à la lumière d'une anthropologie sémiotique, philosophique et psychanalytique, de la structure de la société. Plus exactement, on étayera, en amont, que ce langage reflète la fragmentation de la société sud-africaine, l'indétermination du paradigme démocratique et les incertitudes dérivant du modèle néo-libéral. En aval, la glossolalie peut s'apparenter à une transe cathartique visant à se purifier des maux qu'engendre la société sud-africaine. Elle correspond, par ailleurs, à un vecteur démocratique dans un contexte de faiblesse de l'État-providence.

L’anthropologie et ses lieux

Anthropologie et Sociétés, 2008

Résumé Cet article résulte d’une rencontre entre quatre « jeunes » anthropologues originaires de différentes parties du monde pour échanger au sujet de la condition actuelle -et du futur souhaitable- des anthropologies du monde. Malgré la pluralité de nos avis, une certaine convergence fondamentale émerge : celle d’une critique contre, et d’un refus des inerties qui de temps en temps s’acharnent sur le travail anthropologique un peu avec le consentement des anthropologues, sous la forme d’un élitisme désengagé, d’une confortable réification du sujet d’étude et de l’oubli des conditions historiques et socioéconomiques qui sont à la base de l’expansion mondiale et de la reproduction de la discipline. Nous soulignons donc l’urgence de prendre la mesure des préoccupations quotidiennes de nos interlocuteurs et interlocutrices, de revendiquer des espaces et une légitimité dans des champs politiques de recherche étatiques comme dans la sphère médiatique.

L’anthropologie comme philosophie

Methodos, 2005

La démarche philosophique de Ludwig Feuerbach est le plus souvent envisagée comme le chaînon manquant entre celle de Hegel, dont elle aurait entrepris la critique, et celle de Marx, qui aurait dû se défaire de son emprise pour accéder au noyau scientifique de sa propre réflexion 1. Or, cette situation intermédiaire de l'oeuvre et de la pensée de Feuerbach en signale davantage la richesse propre que les limites. En effet, s'il est assurément réducteur de tenir Feuerbach pour le simple disciple (critique) de Hegel ou pour le simple précurseur de Marx, c'est qu'en réalité il est possible de dire sans risquer l'anachronisme que Feuerbach a été les deux à la fois ; et en ce sens l'étude de sa pensée doit permettre de comprendre ce qu'il y a d'hégélien chez le « jeune Marx » et de matérialiste (en un sens que Marx lui-même critiquera dans la première de ses Thèses sur Feuerbach 2) chez ce « Jeune-hégélien » 3. Pour commencer à le comprendre, il est instructif de rappeler quelle a été la trajectoire intellectuelle originale de Feuerbach : celui-ci est passé de l'étude de la théologie (à Heidelberg, en 1823) à celle de la philosophie spéculative hégélienne (à Berlin, à partir de 1824), pour laquelle il se passionne jusqu'à la fin des années trente, avant de s'en détacher brusquement, en dénonçant le tournant théologique larvé de la spéculation hégélienne et en se proposant alors de retrouver les racines réelles, humaines et sensibles, de cette spéculation 4. Feuerbach a lui-même donné la formule ramassée de cette trajectoire intellectuelle : « Dieu fut ma première pensée, la raison fut ma seconde, l'homme ma troisième et dernière. Le sujet de la divinité, c'est la Raison, le sujet de la Raison, c'est l'homme. » 5. 2 Cette citation peut être lue comme l'énoncé a parte subjecti d'une sorte de « loi des trois états », au sens où Comte en formulait l'exigence à l'ouverture du Cours de philosophie positive (strictement contemporain de L'essence du christianisme 6) : le premier état, l'état théologique de la pensée de Feuerbach, représenterait ainsi le stade infantile de son développement intellectuel ; le deuxième état, rationaliste, ou encore « hégélien », serait L'anthropologie comme philosophie