Trois étapes pour la gestion viable de la forêt camerounaise: comprendre, énoncer, concilier (original) (raw)
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VertigO, 2005
L'implication des populations villageoises est maintenant un passage obligé de tout aménagement de la forêt en Afrique Centrale. Au Cameroun, la concession d'exploitation et la forêt communautaire offrent deux cadres d'implication des acteurs locaux dans la gestion forestière. Cette forme nouvelle d'engagement passe par une identification puis une « officialisation » des « communautés locales » sous la forme de diverses institutions légalement reconnues mais qui relèvent d'un certain nombre de pré-conceptions souvent fallacieuses sur l'organisation des populations locales pour utiliser le milieu naturel. La difficulté majeure de ces types formels de groupement « communautaire » est qu'ils sont détachés des systèmes locaux de parenté. Or ces derniers demeurent la clef d'entrée pour comprendre l'accès et l'usage des ressources par les populations locales.
Si, depuis une vingtaine d’années, la participation est devenue une exigence pour réformer les politiques ou les lois forestières, en pratique, les autorités publiques peinent souvent à appliquer ce processus jusqu’au bout. On s’appuie ici sur la théorie de la double spirale pour montrer comment, après une phase de concertation et de participation des parties prenantes extérieures (2008-2011), le processus de révision de la loi forestière au Cameroun a été repris en main à partir de 2012 par le ministère des Forêts (MINFOF) afin de produire un avant-projet de texte portant principalement les orientations de ce ministère. Le basculement d’un modèle de décision inclusif à exclusif n’a pas résulté d’une modification majeure des alliances entre les acteurs impliqués, mais s’explique principalement par le repositionnement du MINFOF vis-à-vis du gouvernement central. Cette modification unilatérale des règles du jeu participatif a finalement peu amélioré l’efficacité du processus de révision de la loi forestière et a placé le MINFOF en situation délicate vis-à-vis d’autres ministères potentiellement concurrents dans la valorisation des espaces forestiers.
Bois et Forets des Tropiques
Deux expériences de dévolution de la gestion forestière sont analysées, l'une au Cameroun avec la mise en place des forêts communautaires et l'autre en Guyane avec l'instauration de zones de droits d'usage collectifs. Cette analyse montre que, si la gestion forestière décentralisée en Guyane et au Cameroun partage certains objectifs, elle peut diverger dans ses résultats.
L’exploitation illégale des forêts est une menace importante pour la plupart des grands massifs forestiers tropicaux. Afin de lutter contre l’exploitation et le commerce illégal du bois, l’Union Européenne a mis en place le Plan d’action « Forest Law Enforcement, Governance and Trade » (FLEGT) qui a ouvert la négociation de l’Accord de Partenariat Volontaire avec le Cameroun. En 2010, les deux parties ont signé cet accord qui engage le Cameroun à assurer la légalité du bois à destination des marchés extérieurs et intérieurs pour tous les titres forestiers. Les forêts communautaires ont de ce fait été incluses dans cet accord et devront assurer la légalité de leur production de bois. Pour ce faire, une grille de légalité spécifique a été élaborée. Cette grille de légalité a été testée au sein de la moitié des forêts communautaires actives afin d’analyser les écarts existants entre les activités telles qu’elles sont conduites sur le terrain et les indicateurs de légalité inclus dans la grille. Les résultats montrent qu’aucune des forêts échantillonnées ne respecte entièrement les exigences de cette grille. Cette étude a permis d’identifier les goulots d’étranglement qui s’avèrent liés à des procédures complexes et au coût excessif qu’impose le respect de la légalité. Certains vérificateurs actuellement non conformes, pourraient le devenir en renforçant les capacités des communautés et aussi en modifiant diverses réglementations. C’est à ces conditions que ces forêts pourront constituer une source d’approvisionnement légal du marché national du bois.
VertigO, 2006
Initiée depuis maintenant une décennie, la foresterie communautaire au Cameroun présente un bilan mitigé. Les objectifs de la loi de 1994 visant à améliorer la participation des populations locales à la gestion forestière et à augmenter leurs revenus semblent difficiles à atteindre. Le processus d'aménagement de ces forêts n'échappe pas à la critique, principalement en raison de la complexité du « plan simple de gestion ». Le présent article présente et analyse les démarches expérimentales testées en pays Badjoué à l'Est Cameroun depuis dix ans pour faire évoluer cet outil indispensable à une gestion durable et participative des ressources naturelles. Mots clés : forêt communautaire-Cameroun-aménagement-Badjoué, Abstract : Started since one decade now, Community forestry in Cameroon presents half-hearted results. The goals of the 1994 law which aims to improve participation of locals populations to forest management and to increase their incomes seems to be hard to reach. Still this management process is criticised, mostly because of the complexity of the "simple management plan". This article presents and analyses different experimental steps that were tested since ten years in Badjoué land in East Cameroon in order to make changes this precious tool to a participative and sustainable management of natural resources.
Remerciements Il n'est pas facile, après plusieurs années de travail, de récapituler toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, m'ont aidé à mener à bien cette recherche. Plutôt qu'une énumération fastidieuse, je me permets ici de formuler des remerciements collectifs, qui ne diminuent cependant en rien la considération portée aux individus concernés. Mes remerciements vont tout d'abord aux habitants des villages de Gouté, de Djémiong et de Bimba, qui nous ont accueillis pendant un an parmi eux. Le fruit de ce travail est le résultat de leur chaleureuse collaboration. Cette immersion dans la vie au village a été grandement facilitée par l'appui de nos enquêteurs, Alexis Manga, Martin Babari Abah et Robert Mondele. Je remercie également les différentes autorités camerounaises qui m'ont autorisé à mener cette recherche dans leur pays. Je suis reconnaissant au CIRAD de m'avoir offert le cadre idéal à la réalisation d'une thèse, et ce à triple titre. Au feu CIRAD GERDAT ur. GREEN tout d'abord, qui a été mon laboratoire d'accueil et ma première "famille" scientifique: Ani Takforyan, Jacques Weber, Martine Antona et Alain Karsenty, entre autres, sont pour beaucoup dans le cheminement intellectuel suivi lors de cette recherche. Au CIRAD AMIS ECOPOL, qui m'a hébergé pendant deux ans à Nogent-sur-Marne et m'a offert toutes les conditions pour l'avancement de ce travail. A la délégation du CIRAD au Cameroun, pour ses conseils et son soutien lors de nos pérégrinations dans la forêt de l'est. Je tiens à exprimer ma gratitude à la Direction Générale XI de l'Union Européenne et au Ministère de la Coopération Française, qui ont financé ce travail. Je tiens enfin à saluer ma famille et mes amis qui, par le temps qu'ils m'ont consacré et par leur soutien sous toute ses formes, m'ont aidé à mener cette thèse à son terme.
Du fait de leur multifonctionnalité, les forêts tropicales constituent un objet d’étude privilégié pour analyser les politiques environnementales à l’échelle locale et globale. Qu’elles soient considérées comme richesses nationales, bien public mondial ou ressources communautaires, elles sont au cœur des débats environnementaux portés sur la scène internationale depuis les années 1990. En suscitant des intérêts divers chez des acteurs agissant à des échelles variées, elles permettent de comprendre la construction et l’articulation des politiques de biodiversité entre local et global, marquées par des tensions entre exploitation et conservation.
La mangue sauvage, le rotin ou encore le gnetum (communément appelé Okok, Eru), sont des ressources forestières exploitées au Cameroun et dans la plupart des pays d’Afrique centrale. Ils sont récoltés, pour subvenir à des besoins vitaux variés, dans les forêts près desquelles vivent des populations qui en sont fortement dépendantes. Le régime juridique des forêts camerounaises prévoit des dispositions qui encadrent l’exploitation des produits forestiers non ligneux. Il s’agit dans cet article d’apprécier l’influence de cet encadrement juridique sur le développement des localités près desquelles ces ressources sont prélevées. L’analyse permet d’affirmer que le cadre juridique de l’exploitation des produits forestiers non ligneux présente des mesures favorables à un développement durable des localités riveraines des forêts exploitées. Toutefois, si l’on considère le postulat du développement durable qui exige la prise en compte des aspects économiques, sociologiques et écologiques, on fait face à des incomplétudes qui amenuisent leur effectivité. D’où la nécessité de renforcer la législation en matière d’exploitation des produits forestiers non ligneux.