Pouvoirs et impouvoirs du secret : variations sur quelques indécidables derridiens, entre l'oeil et l'oreille (original) (raw)
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Le secret comme ordinaire: Le Bureau des Légendes et la modification du regard
A Contrario, 2018
Cet article examine la façon dont la série télévisée Le Bureau des Légendes (LBDL) modifie le regard que l’on porte sur les services de renseignement français. Dans la série, l’apparent ordinaire du renseignement se conjugue au quotidien singulier de l’agent clandestin. Pourtant, si LBDL participe à la démystification des services de renseignement, elle ne banalise pas pour autant leurs activités. Au contraire, LBDL nous en dévoile les logiques d’exception sous-jacentes : la permanence d’une certaine violence en politique et la nécessité d’une part secrète de l’Etat, et ce, en dépit des principes de transparence et de publicité que les démocraties occidentales ont elles-mêmes érigés. Ainsi, en révélant cette ambivalence, la série permet une réelle « trans-formation » individuelle et collective, qui passe par la modification du regard que l’on porte sur les régimes démocratiques. ----- This paper examines the different ways in which the French television series The Bureau changes our perception of the French intelligence services. Throughout the series, the ordinary life of a regular bureaucrat goes hand-in-hand with the unique actions of clandestine agents. But if the show successfully demystifies the intelligence services, it does not normalize their activities. Instead, The Bureau unveils their exceptional nature: the persistence of violence in politics and the necessity of state secrecy despite the principles of transparence and publicity democracies have given themselves. By revealing this ambivalence, the series therefore enables a real individual and collective ‘trans-formation’ through a modification of the way we look at democratic regimes.
Variations sur le secret dans le monde hispanophone
L’Âge d’or, 2020
Dans la série « Littératures et cultures hispanophones et lusophones », les éditions Honoré Champion viennent de publier un ouvrage fort intéressant portant sur le secret dans le monde hispanophone, sous la direction de Dardo Scavino, professeur à l'université de Pau et des Pays de l'Adour, et de Marc Zuili, professeur à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, auxquels ont participé différents hispanistes de renom. L'ouvrage s'ouvre sur un avant-propos permettant de cerner la thématique et ses différents aspects : secret associé au pouvoir étatique, aux amours et aux histoires familiales. Ces thèmes sont abordés au travers d'études portant sur l'Espagne médiévale, l'Espagne du Siècle d'Or, l'Espagne des XIX e et XX e siècles et enfin sur l'Amérique de langue espagnole des XX e et XXI e siècles. L'ouvrage s'enrichit d'une importante bibliographie en lien avec chaque étude. Enfin un index onomastique très utile complète le volume. Plusieurs études portent sur le secret et l'art de gouverner, le secret et le pouvoir politique. Ghislaine Fournès, éminente spécialiste du Moyen-Âge s'intéresse à la littérature sapientielle castillane du XIII e siècle, et à quatre textes majeurs : le Secreto de los secretos, traité pseudo-aristotélicien d'origine arabe, Las Siete Partidas du roi Alfonse le Sage, les Castigos del rey don Sancho IV et le Libro del consejo e de los consejeros. Savoir choisir de bons conseillers, ou « secrétaires », qui ont aussi un devoir de secret, relève de la sagesse d'un bon gouvernement. Toutefois, livrer son secret, c'est se rendre dépendant Variations sur le secret dans le monde hispanophone L'Âge d'or, 11 | 2018
“Deum tolles ex oculis”, ou l’impossible compromis entre mystère et tragédie
Studi Francesi, 2019
As it enabled a straightforward dialogue between God and mankind, the presence of the divinity on the stage of a mystery play, back in the Middle Ages, both appeared like a feature of this theatrical genre and established a fundamental difference with tragedy. This study compares three plays written in the late 15 th century and the 16 th century, staging the sacrifice of Isaac, and proves how the representation of God on stage forbids any possibility of a transcendent Hereafter, the essential condition for the emergence of tragedy. With such an arrangement, the theatrical universe of mystery plays leads the divinity to justify His decisions, while entertaining a horizontal relationship with the other character. In mystery plays, the balance thus tips towards divine immanence, at the expense of transcendence -the latter, claimed by the Reformation, being necessary to the rebirth of tragedy. It then comes as no surprise that 16 th -century humanists, who rejected this genre so closely linked with the theatre of the Middle Ages, felt the need to exclude God from the theatrical area, in order to break away from the medieval tradition and revive the precepts from the Antiquity. Among them, the expression Multa tolles ex oculis, borrowed from Horace, can be modified into a hypothetical Deum tolles ex oculis, thus underlining the transition from mystery plays to tragedy.
La transparence et ses asymétriques secrets
10 ans de transparence du secteur audiovisuel, Observatoire européen de l'audiovisuel, 2003
Eléments de réflexion théorique sur la nécessité d'une structure publique corrigeant les imperfections du marché de l'information.
Le Narcisse d'Ovide : Jeux de regards et de voix
Textures, 9, p. 3-23, 2003
Dans un article intitulé "Le mythe de Narcisse et son interprétation par Plotin", 1 Pierre Hadot passe en revue les "éléments les plus signifiants de la fable" en s'appuyant sur les sources antiques : Pausanias, qui à l'occasion de sa description de la Grèce recense des récits traditionnels régionaux, Conon, mythographe grec contemporain d'Auguste, Ovide et ses Métamorphoses, enfin Philostrate, rhéteur de la seconde sophistique, auteur d'une description de tableaux -probablement fictifs -à thème mythologique. P. Hadot s'attache d'abord aux associations aquatiques et funèbres de la fleur du narcisse, insistant sur son pouvoir narcotique et sur la fascination qu'elle exerce. Il dégage ensuite à grands traits les relations entre Narcisse et Éros, Narcisse et Dionysos, montrant que l'histoire du bel adolescent s'inscrit dans le cadre de l'opposition entre Artémis la chaste chasseresse et Aphrodite, puissance du désir à laquelle aucun être ne peut se soustraire impunément. Son examen débouche sur une analyse de la démence de Narcisse, châtiment reçu pour son mépris de l'amour, et répondant, selon la loi du talion, à son refus du contact et de la possession qu'implique la relation amoureuse. Il insiste sur le fait que Narcisse, saisi d'une sorte de délire dionysiaque, croit voir un autre et ne s'éprend pas de lui-même. "La démence de Narcisse, écrit-il, consiste précisément dans le fait qu'il ne se reconnaît pas et la punition dans le fait que Narcisse est voué ainsi à une passion et une soif qu'il ne pourra jamais assouvir." 2 Seul Ovide imagine que Narcisse finit par se reconnaître. Pour expliquer cet écart notable avec ce qu'il considère comme le schéma général du mythe, P. Hadot se contente de suggérer qu'Ovide modifie la fable dans un "effort de formulation et d'expression de la démence de Narcisse", 3 en tirant parti du redoublement de souffrance que provoque la 1 Paru dans la Nouvelle Revue de Psychanalyse, XIII, printemps 1976, et repris dans le recueil d'articles Narcisses, éd. J.-B. Pontalis, Paris, Folio, 2000. La pagination que nous utilisons correspond à cette seconde parution. 2 op. cit. p. 139. 3 ibid. p. 141.
ÉCRITURE DERRIDIENNE ET LANGAGE DES RÊVES : LE SECRET, L'INCONSCIENT ET LA POÉSIE 1
Revue La Licorne, 2009
Difficile tâche que celle de dire ce que le secret aura été pour Jacques Derrida. Parmi les occurrences de ce mot dans son oeuvre nous en rappelons trois des plus représentatives : « Le secret, ce n'est pas seulement quelque chose, un contenu qu'il y aurait à cacher ou à garder par-devers soi. Autrui est secret parce qu'il est autre. Je suis secret, je suis au secret comme un autre. Une singularité est par essence au secret ». « Un texte n'est un texte que s'il cache au premier regard, au premier venu, la loi de sa composition et la règle de son jeu. Un texte reste d'ailleurs toujours imperceptible. La loi et la règle ne s'abritent pas dans l'inaccessible d'un secret, simplement elles ne se livrent jamais, au présent, à rien qu'on puisse rigoureusement nommer une perception ». « Michel Lisse a pensé qu'il n'était pas trop injustifié (c'est […] une responsabilité que je lui laisse en même temps que je lui en rends grâce) d'associer mon nom à ce trop beau titre, passions de la littérature. Il m'aura ainsi encouragé à confesser, s'il n'est pas trop tard pour le faire, fût-ce au futur antérieur, que le nom et la chose nommée « littérature » restent pour moi, jusqu'à ce jour, autant que des passions, des énigmes sans fond. Autant dire que Michel Lisse, de cela aussi je veux le remercier, en me jetant la tête la première sur la littérature, me rappelle que rien pour moi ne reste à ce jour aussi neuf et incompréhensible, à la fois tout proche et étranger, que la chose nommée littérature ».
Version portugaise du Secretum secretorum: entre la fascination visible et l’opacité linguistique
2016
: The 15 th century Portuguese version of one of the most popular pseudo-aristotelic works throughout the Middle Ages con rms the audience’s interest in this kind of text, cast in a cloud of mystery and pseudo-science. Its cracks contain medical curiosities, old wives’ remedies and therapeutic suggestions which aren’t always expressed successfully or transparently, but suggest a different epistemological approach and a watchful look within the understanding of the body in harmony with the stars. It is precisely the Portuguese translation of Secretum secretorum, which plausibly reached us via the oriental tradition, that we will attempt to analyse, as it contains precious clues towards knowing the conditions of the text’s arrival into the hands of the Portuguese audience. Key words : Science; lexicon; Secretum secretorum ; translation. Medieval Authors : Pseudo-Aristotle; Roger Bacon; King Duarte. Resumo : A versao quatrocentista portuguesa de uma das obras pseudo-aristotelicas mais ...
Version portugaise du Secretum Secretorum: entre la fascination et l'opacité linguistique
The 15 th century Portuguese version of one of the most popular pseudo-aristotelic works throughout the Middle Ages confirms the audience's interest in this kind of text, cast in a cloud of mystery and pseudo-science. Its cracks contain medical curiosities, old wives' remedies and therapeutic suggestions which aren't always expressed successfully or transparently, but suggest a different epistemological approach and a watchful look within the understanding of the body in harmony with the stars. It is precisely the Portuguese translation of Secretum secretorum, which plausibly reached us via the oriental tradition, that we will attempt to analyse, as it contains precious clues towards knowing the conditions of the text's arrival into the hands of the Portuguese audience.