Le dragons chez les prédicateurs et dans les processions de l'Occident médiéval [Metz, 2006] (original) (raw)

Images, rites et magie aux marges des églises dans l’Occident médiéval

Revue de l'Histoire des religions, 231 (2014), p. 775-796

L’article analyse un ensemble d’images monumentales du Moyen Âge qui ont comme dénominateur commun d’être placées à l’extérieur d’édifices et de posséder des pouvoirs sans figurer la divinité. Si certaines sont le support d’incantations magiques, d’autres témoignent de rites, alors qu’un autre groupe représente des sujets qui leur confèrent des propriétés performatives. En dépit de ces différences, ces images fonctionnent selon des principes d’efficacité communs. Certains, comme la similitudo ou l’évocation des défunts, sont propres à la magie. Ces images, agissant sur l’espace et sur les hommes à des fins différentes, créent ainsi des « dispositifs ritualisants » aux marges de l’espace ecclésial. Images, rituals and magic on the fringes of churches in the medieval West The article analyzes a small group of performative images from the exterior monumental decoration of buildings in the Middle Ages that do not represent the divinity. Some of them were the object of magical incantations, others are simply the trace of rites and another group represents subjects that confer power on them. In spite of these differences, these images work according to common principles of effi ciency. Some of them, such as the similitudo or evocation of the dead, are specific to the functioning of magic. These images, acting on space and on people with various purposes, create “ritualizing devices” in the margins of the ecclesial space.

Prévision, prédiction et pronostic dans l’Occident médiéval. Quelques remarques sur des notions fluides

Diligens Scrutator Sacri Eloquii. Beiträge zur Exegese- und Theologiegeschichte des Mittelalters. Festgabe für R. Berndt SJ zum 65. Geburtstag, 2016

Prévision, prédiction et pronostic dans l'Occident médiéval : quelques remarques sur des notions fluides » La volonté de savoir le futur a pris des formes variées pendant tout le Moyen Age, qu'il s'agît de connaître à l'avance le temps qu'il ferait, l'issue d'une bataille ou d'un règne, l'état de l'Eglise, et bien sûr les chances de guérison des individus malades. Les prédictions de tout genre suscitaient l'intérêt à tous les niveaux de la société, et la capacité à dire le futur fit même l'objet de tentatives d'explication ou d'approches que nous pourrions qualifier de scientifiques avant la lettre : le Centiloquium attribué à Ptolémée, par exemple, affirmait que les épileptiques, pendant leurs crises, annonçaient parfois le futur 1 , et à la fin du Moyen Age, le médecin de Charles V Evrard de Conty (†1405) affirmait que l'individu mélancolique est « volontiers prophete de nature, interpreteur de songes et divinateur des choses occultes » 2 , tandis que, dans son Tractatus de egritudinibus capitis, le médecin pavesan Antonio Guaineri († v. 1455) pointait le lien entre mélancolie et prophétie par la question « Quare illiterati quidam melancolici litterati facti sunt et qualiter etiam ex eis aliqua futura predicunt ? » 3. En outre, certains textes reflètent une intéressante fluidité entre différents types de discours prédictifs que nous distinguons nettement aujourd'hui, à savoir pronostic, prévision, prédiction, prophétie. C'est ce que je tâcherai ici de montrer en partant d'un type de discours au futur parmi d'autres, le pronostic médical, en hommage à Rainer Berndt, qui m'a confié la tâche de donner une nouvelle édition du traité Cause et cure de Hildegarde de Bingen (†1198), a soigneusement encadré ce travail et m'a donné ensuite de nouvelles occasions de collaboration 4 ; ce curieux traité fait une large place aux discours prédictifs, qu'il s'agisse d'astrologie et surtout de sémiologie médicale, et l'explicit dont il est doté dans l'unique manuscrit qui le conserve dit bien la proximité entre prophétie et pronostic. De fait, la notion de pronostic au Moyen Age recouvre une vaste gamme d'approches et de pratiques, des méthodes savantes telles que l'uroscopie 5 , la sphygmologie, ou la lecture des signes de mort dans la tradition hippocraticogalénique, jusqu'aux pratiques occultes, comme la divination, les rituels magiques ou les expériences populaires, sans oublier les prédictions astrologiques. Vouloir, et prétendre pouvoir, deviner l'issue d'une maladie dépassait donc largement le territoire des seuls médecins reconnus comme tels. Mais c'est sur le pronostic médical stricto sensu que nous nous pencherons dans un premier temps, avant de réexaminer, sur la base d'une enquête lexicographique faisant une large place au français du Moyen Age, qui ne dépaysera pas l'éminent francophone qu'est le Père Berndt, les frontières perçues ou non par les hommes du Moyen Age entre des approches du futur que nous cloisonnons fermement aujourd'hui, alors que "prédiction", "prévision" et "pronostic", ont un même équivalent en anglais : "forecasting". 1 « Sicut videmus heremitarum quamplures qui futura predicunt, et epilenticorum quidam, dum epilentia laborant, quia tunc corporeis sensibus non utuntur, sed sola vi anime ; unde quandoque futura prenuntiant. », cité dans BOUDET 2014, p. 63. 2 Cité dans JACQUART 1998, p. 314. 3 Ibidem. 4 Cf. HILDEGARDIS BINGENSIS Cause et cure. Je salue au passage la mémoire de Soeur Angela Carlevaris, qui vient de nous quitter et grâce à qui je suis entrée en relation avec Rainer Berndt. 5 Sur cette approche du corps et son histoire, on me permettra de renvoyer à MOULINIER-BROGI 2012. Dans l'Occident latin, au IV e siècle, saint Augustin se montrait très ferme quant aux capacités de divination à attribuer aux médecins 12 , et au VI e siècle, Cassiodore, par exemple, pourfendait les ignorants à qui le pronostic, fondé sur la raison, semblait une 9 GRMEK 1995, p. 220. 10 Cf. HIPPOCRATE OEuvres, p. 120. 11 ZERBI Cautele, fol. 25ra. 12 AUGUSTIN OEuvres, p. 673 : « Or, parce qu'un médecin prévoit ce qui échappe à la prévision d'un profane en cet art, il ne s'ensuit pas qu'on doive le considérer comme divin. Quoi d'étonnant si, de même que le médecin prévoit les états de santé à venir d'après les sautes ou modifications du tempérament d'un corps humain, un démon connaît à l'avance les perturbations à venir grâce à des connaissances climatiques inconnues de nous ? »..

« En attendant la fin des temps. La sainte, le martyr, l’archange et le dragon sur les cloches médiévales de France », Cloches et horloges dans les textes médiévaux. Mesurer et maîtriser le temps, dir. Fabienne POMEL, Rennes, 2012, p. 55-77.

En attendant la fin des temps. La sainte, le martyr, l'archange et le dragon sur les cloches médiévales de France Cité du Vatican, 4 décembre 1883 1 . Le Cardinal Secrétaire d'État Jacobini écrit au Chargé d'Affaires de la république française et déclare que « les sons des bronzes sacrés sont destinés aux cérémonies religieuses et solennellement consacrées au culte divin » 2 . À l'origine de son courrier, le projet de loi sur l'organisation des municipalités et plus spécialement l'article 101 qui oblige le desservant à fournir une clé de l'église au maire pour qu'il fasse sonner les cloches lors de cérémonies civiles. Pour les clercs, le « spectre de la profanation et du sacrilège 3 » s'approche, pour les républicains un pas est fait dans la « conquête symbolique du territoire communal 4 ».

Samson et les biblistes: entre exégèse, théologie et folklore

Asdiwal, 2012

Même si le processus grec de l’héroïsation était spécifique et complexe et que la conception sémitique des géants n’a que d’apparentes similarités avec les mythes gigantomachiques grecs, on trouve de nombreuses analogies entre les divers héros d’où qu’ils soient. Cependant, dès qu’il s’agit des personnages bibliques, la notion de héros perd de sa consistance pour englober des personnages si emprunts de théologie qu’ils ne se caractérisent aucunement par un quelconque exploit basé sur leur propre puissance . Il y a donc un certain brouillage des caractéristiques du héros lorsque l’on appréhende les textes bibliques. Même lorsque celui-ci correspond bien à la notion grecque du héros épique par la nature de ses exploits, le personnage ne parvient pas à s’extraire des lectures exégétiques traditionnelles.

Images, signes et paroles dans l'Occident Médiéval

2022

Cet ouvrage rassemble dix contributions qui proposent des perspectives originales pour l’analyse conjointe des modes d’expression figurée de l’Occident médiéval. Menées tant par des historiens de l’art que par des historiens, elles abordent la question de l’image-objet, des signes alphabétiques et iconiques, du lieu peint, de la liturgie et de la prédication. Documents d’archives, exégèse biblique, sermons et récits hagiographiques sont exploités de manière fine et exhaustive pour rendre compte, au plus près, du contexte d’exécution des oeuvres, qu’elles soient inconnues ou célèbres. Ce sont alors les angles d’approches adoptés, comme l’anthropologie des images ou les études transgenre, mais aussi les relations complexes entre art, architecture et rites, qui enrichissent ici l’exploration et d’objets de culte – les lipsanothèques catalanes, les linges de l’autel ou les ex-voto – et de panneaux peints – comme la Flagellation du Christ de Piero della Francesca – et des cycles de peintures décorant la Tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines, San Pellegrino à Bominaco, et cinq chapelles de la Ligurie et du Piémont.