Les confiseurs au XVIIIe siècle, les stratégies de vente d’un luxe sucré (original) (raw)

Tenir boutique à Paris au XVIIIe siècle. Luxe et demi-luxe

2011

C'est de sa vitalité commerçante au XVIIIe siècle que Paris tire sa renommée de capitale de la mode. Cette étude propose de découvrir le fonctionnement de la boutique, noyau de l'institution marchande, en l'observant dans son quotidien et dans les réseaux sociaux et territoriaux dans lesquels elle s'inscrit. Elle présente ses difficultés, ses clients et le jeu marchand sur la qualité des produits ; l'innovation commerçante bouleverse les habitudes et les traditions. La capacité des boutiquiers à inventer un marché qualifié de demi-luxe, parce qu'il a gardé l'apparence du luxe et qu'il s'ouvre par ses prix à une clientèle élargie, est capitale dans cette dynamique. Se crée un code du commerce et de l'échange où les habitudes anciennes, le troc et le crédit, coexistent avec le changement des modes de consommation et la naissance de nouveaux besoins. En observant la boutique sous trois angles - culturel, géographique et économique -, Natacha Coquery apporte au lecteur un formidable éclairage sur le rôle des boutiquiers dans l'élargissement social du marché et l'avènement d'une culture de consommation. Elle dépeint un monde marchand entreprenant et actif, sans en cacher les faiblesses, dans un siècle ambigu qui balance entre archaïsme et modernité.

Mode, commerce, innovation : la boutique parisienne au XVIIIe siècle. Aperçu sur les stragégies de séduction des marchands parisiens de luxe et de demi-luxe

Journées d'études internationales, 20-21-22 mars 2000, « Pratiques historiques de l'innovation, historicité de l'économie des savoirs XV e -XX e siècle » Mode, commerce, innovation : la boutique parisienne au XVIII e siècle Aperçu sur les stragégies de séduction des marchands parisiens de luxe et de demi-luxe Paru dans HILAIRE-PÉREZ (L.), GARÇON (A.-F.), dir., Les chemins de la nouveauté. Innover, inventer au regard de l'histoire, Paris, éditions du CTHS, 2003, p. 187-206. Cette communication s'inscrit dans un programme de recherche plus large que je mène actuellement sur la boutique et la ville à l'époque moderne. L'intérêt est d'étudier en détail l'organisation de la petite entreprise et le rôle essentiel du petit entrepreneur dans les échanges. La boutique est au coeur des circuits de redistribution, entre production et consommation ; son étude permet donc une approche dynamique de la machine économique. L'un des axes de cette recherche est consacré aux consommations et aux consommateurs, à travers trois principales questions : le crédit, qui joue un rôle essentiel dans les relations entre marchands et clients ; la séduction boutiquière et les artifices de la vente, qui signalent une professionnalisation croissante ; la circulation des objets, qui met en valeur la diffusion sociale et l'accélération des consommations. Bien avant la « société de consommation », le « consommateur » devient un personnage-clé, dont il faut susciter les désirs et le jugement. Je me propose d'aborder, dans cette session consacrée à la circulation des savoirs et des nouveautés, le rôle essentiel des marchands dans l'accélération des consommations nouvelles. Il s'agit de comprendre comment sont indissociablement liées innovation (des produits, des techniques commerciales), consommation et lisibilité du petit commerce. Dans le secteur commercial, le XVIII e siècle est une période d'innovations et de changements 1 ; beaucoup de pratiques, considérées comme des inventions du XIX e siècle, étaient en fait déjà répandues au siècle précédent (la publicité, les commis-voyageurs, les salles d'exposition, etc.). La lisibilité nouvelle du phénomène boutiquier, qui s'épanouit dans la seconde moitié du XVIII e siècle, correspond en partie à l'offensive marchande et au développement des consommations : reprenant la vieille idée du bureau d'adresses, chère au père de Montaigne, les marchands cherchent à se faire connaître. C'est une des facettes de la naissance de la 1 .FOWLER (C.), « Changes in Provincial Retail Practice during the Eighteenth Century, with Particular Reference to Central-Southern England », Business History, vol. 40, n° 4, october 1998, p. 37-54.