SOCIOLOGIE DES MEDIAS NUMERIQUES (original) (raw)

Texte paru dans l'ouvrage : Médias, Information et Communication (sous la dir. de C. Leteinturier et R. Le Champion), Ellipse, 2009, pp 104-121. Les technologies numériques font aujourd'hui partie de la quotidienneté et ont pris place dans le mode de vie et dans les pratiques sociales d'une large part de la population 1. Avec 60% des ménages équipés d'un ordinateur, plus de la moitié (52 %) connectés à internet en juin 2008 selon Médiamétrie, et près des deux tiers des Français pourvus d'un téléphone portable, ces objets sont devenus des équipements de masse. Ces technologies, qui se sont diffusées dans le corps social à partir des années 80, participent aux bouleversements d'ordre technologique, économique, politique et social qui affectent nos sociétés. Les usages de ces objets recouvrent une multitude de pratiques qui inflitrent l'ensemble des espaces sociaux, de l'espace privé du foyer à l'espace public du politique. Toutes les sphères d'activité (le travail, les services, les loisirs, la création, la mise en relation) passent de plus en plus aujourd'hui par la médiation des outils de communication. En ce sens, les usages de ces technologies constituent un laboratoire d'observation du changement social. Comprendre le rôle joué par la médiation des technologies numériques dans les transformations de nos sociétés exige de ne pas se cantonner à l'analyse des données collectées par des enquêtes quantitatives ou qualitatives portant sur les seuls usages. Ces derniers sont en effet enchâssés dans une matrice culturelle, politique, économique et sociale qui leur donne forme. L'approche sociologique réfute donc le schéma causal du déterminisme technique selon lequel les usages découleraient quasi naturellement de l'offre des produits et services. La sociologie des usages étudie, au contraire, l'interrelation qui se noue entre 1 Les statistiques montrent que la fracture numérique n'est certes pas gommée et les personnes âgées comme les foyers les plus défavorisés sont moins équipés ; de plus ces populations ne disposent pas nécessairement des ressources culturelles pour manipuler ces outils même si le rattrapage de toutes les couches sociales croît régulièrement.