Les cultures sur milieu NNN dans le diagnostic biologique des leishmanioses (original) (raw)

2009, Pathologie Biologie

Les leishmanioses, cutanée et viscérale, représentent les maladies vectorielles les plus fréquentes en Tunisie. Leur confirmation biologique est nécessaire avant l'administration des traitements contraignants, coûteux et toxiques qui leurs sont réservés. Une évaluation rétrospective de l'apport des cultures de leishmanies sur milieu NNN dans le diagnostic des leishmanioses a été réalisée sur les données de 375 cultures ayant intéressé 214 cas de LC (leishmaniose cutanée) et 125 de LV (leishmaniose viscérale) recrutés consécutivement à l'institut Pasteur de Tunis entre 1995 et 2007. La sensibilité globale au cours de la LC a été de 68,2 % ; elle était significativement supérieure avec les prélèvements de LC zoonotique (78,8 %) par rapport à ceux de LC sporadique (54,9 %) ; p < 0,001. Cette différence s'explique par la pousse plus aisée sur le milieu NNN de Leishmania (L.) major, agent de la première forme nosogéographique comparativement à L. infantum, particulièrement son zymodème MON-24, agent de la seconde. Au cours de la LV, la sensibilité des couches leucocytaires était non différente de celle des moelles osseuses (MO) (58,2 % versus 70,8 %, p = 0,1) témoignant de l'intérêt des prélèvements sanguins qui permettent d'éviter la traumatisante ponction de MO. Aussi bien au cours de la LC que la LV, le classique examen direct s'est révélé le plus sensible, respectivement 89,7 et 93,4 % ( p < 0,001 et p < 0,001). Cependant, la pratique systématique de la culture, en parallèle avec l'incontournable examen direct, est recommandée. En effet, en plus de redresser certains diagnostics, 22 cas dans notre série, la culture permet l'isolement et l'identification isoenzymatique de la souche parasitaire impliquée, ce qui permet de disposer des données épidémiologiques indispensables à la compréhension des cycles parasitaires et la mise en place des mesures de contrôle appropriées. Comme toutes les cultures, celles des leishmanies sont également confrontées au problème de contamination, dont le taux a été dans notre étude de 5,9 %. Conformément aux prévisions, la contamination a concerné davantage les prélèvements cutanés, soumis à la surinfection, 8,4 % que ceux de sang ou de MO (2,5 % ; p = 0,015). # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.