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Médias contestataires et autoritarisme en Tunisie (avec Lise Garon et Taieb Moalla)
Comment peut-on expliquer la durée de vie des dictatures au-delà de leur échec politique? Le problème a déjà été noté par Donald Sanders et lui a inspiré l'hypothèse du "climat informationnel" précédant l'événement déclencheur de la révolte pour expliquer les soulèvements populaires en Europe de l'Est à la fin du XXe siècle. Selon Sanders, l'échec politique ne suffit pas à causer l'effondrement d'une dictature. Une autre condition doit être réalisée pour que les acteurs politiques osent passer à l'action : le climat informationnel doit laisser entrevoir qu'un changement favorable est imminent. Il constituerait ainsi la condition nécessaire au renversement d'une dictature, dans un processus lent d'accumulation d'informations concordantes sur l'échec politique du régime - dont le terme est difficilement prévisible, de l'aveu même de D. Sanders - mais aussi sur la montée de la contestation. Le cas tunisien permet d'approfondir davantage l'hypothèse de Sanders, en mettant en lumière un des mécanismes sous-jacents de ce processus, le développement de l'information contestataire. En postulant ainsi l'existence d'une troisième variable à l'oeuvre dans le processus d'effondrement des régimes politiques, nous obtiendrons une explication moins mécanique et une vision plus réaliste de la longue et fragile dynamique de réouverture de la scène publique.
Tunisie : consolidation autoritaire et processus électoraux
L'Année du Maghreb, 2006
The year 2004 started well for President Ben Ali: the national football team won the African Cup of Nations. It is true that Tunisia is not the only state in the world to use sport for political-demagogical purposes, but this time the political authorities did not skimp on resources: they proceeded with the "express naturalisation of the Brazilian Dos Santos", offered a "huge salary" to Roger Lemerre, the national team coach, and proposed a "special bonus of more than 36,000 euros per player", paid out of the personal funds of the "tenant" of the Palace of Carthage. The Head of State had to, from the outset, in this election year, to put all the assets on his side to prepare as best he could for the October elections which are supposed to devote his triumphant re-election to a fourth presidential term. It is within this framework that we must place the operation of charm launched with the United States at the beginning of 2004. President Ben Ali, who since the beginning of the 1990s presents himself as the apostle of the fight against "fundamentalist terrorism", went to the United States on an official visit from 15 to 18 February with the firm intention of "selling" his record in this area. His statements to the international press on this subject were unambiguous: he intends to give his American counterpart the benefit of his "anti-terrorist experience". His objective is also to legitimise his repressive policy towards opponents by emphasising his "gradual" approach to democratic reforms in Tunisia. While the US administration has not really taken the Tunisian head of state's argument on democratic reforms seriously, it remains entangled in the contradictions of its international policy: The US has set itself the goal of promoting democracy throughout the Arab world, but at the same time it relies on authoritarian client states in the region to carry out its campaign against "international terrorism". President Bush's speech to Ben Ali during their meeting on 18 February reflected this contradiction. While praising Tunisia's economic, educational and counter-terrorism achievements, President Bush told his interlocutor that the United States remained "concerned about political reform" and "press freedom". President Ben Ali, like most Arab leaders, is trying to make the most of the antinomic objectives of the American superpower. The operations of charm aimed at the West are accompanied by the development of security arrangements which will allow President Ben Ali to be acclaimed in the presidential elections and to begin his new presidential term with his eyes riveted on the next presidential term of 2009.
La Tunisie en 2017 : impotence de l’État et tentations autoritaires
L'Année du Maghreb, 2018
In an article published in July 2018, journalist Thierry Brésillon referred to the "invisible entities" that, in post-Ben Ali Tunisia, would tend to grow at the expense of formal institutions. The course of 2017 largely proves him right and illustrates the way in which informal negotiation networks bypass the official political sphere and contribute to paralysing public action. This phenomenon is, in part, to be found in the functioning of the competitive partnership between the two main political forces of the country, Ennahdha, the Islamist party led by Rached Ghannouchi and Nidaa Tounes, the "secularist" formation created by the President of the Republic, Béji Caïd Essebsi . This partnership is based both on the search for 'consensus', which has become the watchword of the political scene, and on mutual mistrust between two parties which live more as enemies than adversaries. Throughout 2017, permanent negotiations between these two formations and their mentors Béji Caïd Essebsi and Rached Ghannouchi have given a contradictory character to public action. The display by the head of government, Youssef Chahed, of his will to fight corruption, while deputies voted the presidential bill on administrative reconciliation amnesty for corrupt officials under Ben Ali is a striking symbol of this. Negotiations between the two main parties of the ruling coalition were all the more bitter because 2017 was a year of preparation for the first municipal elections in post-Ben Ali Tunisia. Their difficulty in finding accommodations has contributed to slowing down "significantly the implementation of the reforms provided for in the Constitution" and has given the parliament, which has been tarnished by the involvement of some elected officials in financial and judicial matters, the image of an impotent legislative power.
Le jeu des forces politiques en Tunisie
Maghreb - Machrek
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Légitimité et révolution en Tunisie
Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2017
Après avoir été l'espace de l'exception autoritaire, le monde arabe est devenu, au premier semestre de 2011, celui des « révolutions ». Au leitmotiv de l'incapacité congénitale des pays arabes d'accéder aux délices démocratiques a succédé le discours sur les « printemps arabes » et l'effet de domino supposé de la « révolution tunisienne » qui, le 14 janvier 2011, avait chassé son « dictateur » 1. Aujourd'hui le bilan est maigre : la plupart des régimes autoritaires sont largement parvenus à museler les mouvements de protestation, trois pays sont en proie à la guerre civile (Syrie, Libye et Irak) et l'Égypte a connu, en juillet 2013, un putsch militaire remettant sur le devant de la scène politique une armée qui n'avait pas renoncé à l'exercice du pouvoir. Seule la Tunisie semble surnager et être engagée dans un processus de transition pactée entre les différents acteurs politiques 2. Après avoir parlé d'une exception autoritaire arabe, peut-on parler d'une exception démocratique tunisienne ? Ou plutôt évoquer la spécificité d'une trajectoire qui a conduit la Tunisie à voter le 26 janvier 2014 une constitution et à organiser des élections législatives et présidentielles répondant aux de la démocratie électorale ? Quoi qu'il en soit, s'interroger sur les rapports entre légitimité, révolution et transition en Tunisie, revient à poser la question des titres de légitimité dont peuvent se prévaloir des institutions revendiquant le « droit » de conduire le changement politique.
Le syndrome autoritaire : politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali.
Mouvements (3-4/ n°33-34), 2004
Le regard porté sur la Tunisie politique depuis plusieurs années par les chercheurs en sciences sociales reste largement sous l’influence de la théorie de la transition démocratique. Telle n’est pas l'approche qu’ont souhaité adopter Michel Camau et Vincent Geisser dans un ouvrage qui met à jour les ressorts profonds de l’autoritarisme tunisien. Ce faisant, les auteurs évitent de tomber dans les écueils dont la « transitologie » est génératrice et utilisent des outils d’analyse inédits qui viennent compléter la panoplie formée de concepts généraux.