En-deçà de l'efficacité médiatique (original) (raw)
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Pertinence et efficacité des formes médiatiques de l'Islam
Sociétés - Revue des sciences humaines et sociales, 2022
Cet article vise à montrer les effets d'une caractéristique spécifique de la religion islamique en ce qui concerne sa relation avec les médias. Cette caractéristique est en partie mise en évidence par rapport au christianisme. En tant que religions révélées, elles sont toutes deux connotées comme puissamment médianes. C'est-à-dire qu'ils fonctionnent comme des vecteurs qui transcodifient, à travers la dimension du sacré, deux plans de signification: le transcendant et le mondain. L'hypothèse est que l'Islam est resté immunisé pendant des siècles de la transmédialité qui caractérisait au contraire le Christianisme-tant dans sa dimension figurative que, plus tard, imprimée. L'Islam a en effet décliné la forme de la révélation non pas sur l'axe corporel-comme pour l'incarnation chrétienne-mais sur l'axe strictement linguistique. À toutes fins utiles, le Qur'ān est un attribut d'Allah, une révélation de la divinité qui s'est manifestée en lui et qui est donc immuable. Cette caractéristique a rendu l'arabe du Qur'ān "intraduisible" pendant des siècles et l'a empêché d'être rendu en version imprimée. La religiosité islamique a ainsi conservé, à travers ses pratiques religieuses quotidiennes (la récitation des salāt et leur articulation motrice: les différentes rak a ʿ), son apprentissage par coeur et donc sa profonde nature auditive
« Après la performance, on est complètement vidés, sans aucun sentiment, absolument loin de tout et quand on se retrouve devant la vidéo, les photographies, il manque toujours quelque chose, aucune forme de témoignage ne peut rendre l'émotion qu'il y avait là-dedans, parce qu'elle est impossible à décrire, elle est si spontanée, dans les documents il manque l'intensité, l'émo-tion. Et je crois que c'est pour ça que la performance est une chose aussi bizarre, la performance qu'on a fait à un moment déterminé. Dans ce moment, on voit tout le mécanisme, en même temps on voit disparaître le mécanisme et après on n'a rien, juste le souvenir. » (Marina Abramovic 1) « Most performance artists were aware of the necessity of preserving their actions beyond the moment of their performance manifestation. This desire was based on the one hand on the need to influence the art-historical reception of the artist's own work, and on the other hand on the social and economic objective of bringing the work to a broader audience. In most cases the audience present at the event was very small and consisted mainly of friends and colleagues, or of people who were there by chance. In contrast to the fact that these actions, which were accessible only to a very few, are widely known. If the small number of live spectators is compared to the level of awareness regarding specific documentations and performances, then the function and signifiance of the documentation of performance art as an instrument of mediation and distribution becomes clear 2. This documentation has become a kind of " first layer of history 3 " , a primary source that provides both practice and theory with models and material to work on. » (Barbara Clausen 4) • 1 – Vienne, le 15 avril 1978. Extrait d'une conversation entre Marina Abramovic, Ulay et Heidi Grundmann. • 2 – Since the early twentieth century it has been the reproduction and distribution technologies of photography and film, and since the 1960s the video camera, as both a recording and replay medium, that have contributed to the dissemination and popularity of performance art.
La communication médiatique déterminant de l'action publique
Pouvoirs, 2006
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Médias et limitation de la communication
Hermès, 1989
Ma thèse est simple: les médias (radio et télévision, voire publicité, à l'exclusion des journaux) mettent en scène des opinions collectives, mais dans les modalités de la communication directe entre individus. Telle quelle, cette thèse est assez triviale. Mais il reste à définir ce qu'est une opinion collective, et ce que sont ces modalités de la communication. Je distinguerai l'opinion collective de l'opinion commune et de l'opinion publique. Une opinion commune est aussi /Opinion commune. C'est une opinion dont je pense que tout le monde la partage, c'est-à-dire que tout le monde pense que tout le monde pense... que tout le monde la partage. Il ne s'agit pas là d'un « common Knowledge », puisqu'il n'est pas question de savoir, mais d'opinion, c'est-à-dire d'une croyance qui se sait croyance (donc qui sait qu'elle n'est pas un savoir, et qu'on ne pourra jamais exhiber quelque fait véritable pour la fonder), le racisme est une opinion, parce que personne ne pense vraiment que la race est un fait génétique constatable, ni surtout que le fondement du racisme est un fait génétique. Mais on peut éventuellement savoir (c'est un fait sociologique) qu'il existe des racistes. Cependant c'est là un « savoir » d'opinion : on ne peut contrôler ce fait qu'en demandant aux gens... leur opinion. Ce « fait » sociologique ne repose donc pas sur un fait de savoir. Le racisme n'est pas une opinion commune: les racistes pensent qu'il existe des anti-racistes qui ne partagent pas leur opinion. On pourrait peut-être citer comme opinion commune : « il vaut mieux, pour un homme politique, ne pas se contredire publiquement ». Une opinion publique n'est pas une opinion commune: je pense que d'autres ne la partagent
Au-delà de l'influence. Pour une sociologie politique des "coups médiatiques"
Cette communication vise à contribuer à la mise en perspective du rôle sociopolitique des médias à travers une approche « configurationnelle » qui appréhende les supports et les entreprises médiatiques non pas seulement comme des intermédiaires entre acteurs politiques (institutions, partis, lobbies, mouvements sociaux, etc.) et citoyens ordinaires, mais bien comme des intermédiaires entre les acteurs politiques eux-mêmes, mieux : comme l’un des « rouages » essentiels d’un système politique différencié et professionnalisé. Ce renversement des problématiques « traditionnelles » est aujourd’hui nourri par une abondante littérature et fait désormais l’objet, en France, de précieuses synthèses théoriques. Par conséquent, après avoir discuté certaines des prémisses et des implications d’une telle approche, nous souhaitons ici entreprendre un second déplacement en soumettant un modèle d’analyse qui se préoccupe moins de l’impact de la médiatisation sur le système politique que des incidences des règles du jeu politique sur la médiatisation des activités politiques. Destiné à identifier ce qui conditionne à la fois l’investissement différencié des acteurs dans les pratiques de « communication à distance » et leurs chances de succès en termes d’accès à la visibilité médiatique et de contrôle des messages qu’elle véhicule, ce modèle peut contribuer à asseoir la légitimité des objets « médias » et « communication » en science politique : d’une part, parce qu’il oblige à analyser la diversité des ressources et des contraintes que la médiatisation est susceptible d’apporter aux acteurs politiques ; d’autre part, parce qu’il montre à quel point les conceptualisations propres à la sociologie politique peuvent contribuer à enrichir l’examen des dynamiques médiatiques et communicationnelles dans des secteurs qui ne relèvent pas directement de l’univers politique.
Du pouvoir des médias à l'éclatement de la scène publique
Le Débat, 2006
Le « quatrième pouvoir » supposé exercer un contre-pouvoir aurait-il outrepassé son rôle Serait-il devenu, au fil du temps, le juge suprême du politique, formulant la sanction et exerça l'application de la peine ? Signe des temps, France Culture nous offre désormais une intéressant émission intitulée, tout simplement, « Le premier pouvoir ». Depuis plus de vingt ans, en effet, montée en puissance des médias, et singulièrement de la télévision, semble inexorable, au poi de modifier l'écosystème de la démocratie. C'est ce que nous disent une certaine « médiologie et les médias eux-mêmes, fascinés par leur prétendue influence. C'est ce que répètent beauco d'hommes politiques pour mieux justifier leur impuissance ou leurs lâchetés. C'est ce q dénonce une critique de gauche radicale, prompte à tirer un trait d'égalité entre force de frap médiatique et domination idéologique. Pourtant, la thèse est-elle si certaine ? Ou, pl exactement, n'est-elle pas obsolète ? L'histoire des médias nous apprend en effet que les rapports entre médias et société n'o cessé de se modifier. Les évolutions de la société (individualisme, consumérisme, délitement lien social, mondialisation, etc.) et les transformations de la démocratie (rôle de l'Ét affaiblissement de la politique et des politiques, crise de la représentation, effacement d partis, etc.) ne restent pas sans effet sur la place et le rôle des organes d'information. L'analy des médias a trop souvent tendance à ne s'intéresser qu'à leur mécanique interne développement, indépendamment de leur environnement. Au fond, elle présuppose le pouvoir d médias, se contentant d'en rechercher la nature et les effets. Régis Debray a raison de moqu ceux qui veulent créer un « homo mass-mediaticus sans attaches historiques et sociales ». Il ne s'agit pas ici de reprendre dans ses détails l'histoire des médias (Jean-Noël Jeanneney, p exemple, l'a très bien fait), mais de rappeler qu'elle n'est pas linéaire, ni surtout indépendante d la société qui les entoure : la place et le rôle des moyens d'information dans les sociét européennes ont beaucoup évolué en fonction des techniques, mais aussi du contexte. Si l'on a p parler d'un « âge d'or » de la presse avant la guerre de 1914-1918, les médias modernes prennent vraiment leur essor qu'après la Grande Guerre. L'entre-deux-guerres voit le triomp des médias de masse et de propagande, politisés et souvent violents, dont le pouvoir de nuisan est certain. À l'inverse, et paradoxalement, la consolidation d'une presse d'opinion et l'émergence la télévision, encore sous influence gouvernementale, après la Seconde Guerre mondiale, ouvren une séquence au cours de laquelle la politique paraît assujettir les médias. Ce n'est qu'à la fin de années 1960 et au cours des années 1970, quand la presse « de référence » prend le pas sur presse « partidaire » et quand la télévision s'installe dans tous les foyers, que sonne l'heure d'un certaine émancipation à l'égard du pouvoir. Il faut souligner ici-même si cela relève l'évidence-que la presse de parti disparaît, non par la volonté des journalistes, mais av l'affaiblissement des partis politiques et l'épuisement progressif du militantisme de masse. Le pouvoir grandissant des médias sur la scène publique va se manifester alors de de manières. D'une part, la puissance de la télévision comme vecteur de l'information et du déb démocratique modèle durablement le mode de production de la politique. La figure de l'orateur du visionnaire doit faire progressivement place à celle de l'acteur et du pragmatique. D'aut
Pré-visibilité des discours journalistiques
Les Carnets du CEDISCOR, 1993
Dans le « roman biographique » qu'il consacre à Flaubert, Julian Bames, par la voix du narrateur, un médecin anglais à la recherche du perroquet qui aurait servi de modèle à l'oiseau du conte « Un coeur simple », songe à la forme que prendrait l'annonce matrimoniale qu'il pourrait faire. Il en conclut que la présentation de soi dans ce type de texte est fortement contrainte par la pré-connaissance de la forme ritualisée de ces annonces : « Personne ne se présenterait comme un non-fumeur actif qui a des penchants à la mélancolie si cela n'était encouragé et même exigé par la forme ». Cette constatation va conduire notre réflexion sur la présentation d'un événementcatastrophe et nous encouragera à nous interroger sur la part de prévisibilité que comportent les discours qu'il suscite dans la presse quotidienne. Pour être « reconnu », un événement doit être raconté ou dit d'une certaine manière de façon à ce que le lecteur, familier de cette forme, puisse saisir le contenu. C'est dire que le point de vue que nous allons privilégier dans la lecture des trois journaux considérés est celle du lecteur : de quelle manière le journaliste prend-il en compte la réception de son texte ?