La cohabitation interethnique dans quatre quartiers de classes moyennes à Montréal (original) (raw)
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Lien social et Politiques, 2016
La dernière décennie aura été marquée, au Québec, par l’expression d’un inconfort grandissant face à l’immigration. Tant le discours politique que les sondages d’opinion auront véhiculé l’image d’une population moins encline à l’ouverture. Peu de travaux ont toutefois cherché à savoir comment les conduites quotidiennes et, en particulier, la cohabitation interethnique à l’échelle des quartiers ont pu être influencées par ces évolutions. Une recherche a été conduite entre 2011 et 2012 en vue d’apporter une réponse à cette question en ciblant comme terrain quatre quartiers de classes moyennes. Elle s’inspire largement des travaux sur la géographie des rencontres impliquant la différence. Le choix a cependant été fait de mettre l’accent sur les processus et conditions qui les rendent possibles plutôt que sur leurs éventuels effets. L’enquête cherche ainsi à renouer avec certains enseignements de l’École de Chicago, dont le caractère intermédiaire du quartier en tant qu’espace partagé, ...
Résumé La dernière décennie aura été marquée, au Québec, par l’expression d’un inconfort grandissant face à l’immigration. Tant le discours politique que les sondages d’opinion auront véhiculé l’image d’une population moins encline à l’ouverture. Peu de travaux ont toutefois cherché à savoir comment les conduites quotidiennes et, en particulier, la cohabitation interethnique à l’échelle des quartiers ont pu être influencées par ces évolutions. Une recherche a été conduite entre 2011 et 2012 en vue d’apporter une réponse à cette question en ciblant comme terrain quatre quartiers de classes moyennes. Elle s’inspire largement des travaux sur la géographie des rencontres impliquant la différence. Le choix a cependant été fait de mettre l’accent sur les processus et conditions qui les rendent possibles plutôt que sur leurs éventuels effets. L’enquête cherche ainsi à renouer avec certains enseignements de l’École de Chicago, dont le caractère intermédiaire du quartier en tant qu’espace partagé, l’implication des engagements multiples sur les relations sociales et l’importance de la construction de la situation par ses participants. Les résultats montrent comment les individus se livrent à un travail de cadrage de la différence afin de maintenir le caractère ouvert de l’espace. Ils mettent aussi en évidence l’émergence d’ordres sociaux locaux différenciés d’un quartier à l’autre, les classes moyennes continuant à y occuper un rôle de pivot entre les groupes, en contradiction avec les images véhiculées à leur sujet. L’ensemble de la démarche souligne enfin l’utilité de l’enquête de terrain afin d’aborder la cohabitation interethnique par le bas et non à partir d’une vue normative et surplombante se focalisant sur les discours et les valeurs. Abstract “Here, it’s polyethnic”: Framing ethnic diversity in four middle-class neighbourhoods in Montréal During the last decade, it has become increasingly common to hear people express discomfort toward immigration in Quebec. Both political discourse and opinion polls paint a picture of a population less inclined to be open than before. However, few studies have examined how this apparent trend has shaped everyday practices, especially interethnic relations, at the neighbourhood level. We conducted research from 2011 to 2012 to probe this question, taking four middle-class neighbourhoods as our field sites. While it was inspired by other studies of the geography of encounters with difference, our research emphasized the processes and conditions under which such encounters are made possible rather than their potential effects. It thus reconnects with some of the lessons from the Chicago School of urban sociology, such as the intermediate character of the neighbourhood as a shared space, the implications of multiple commitments for social relations and the importance of participants’ framing of the situation. The findings show how individuals work to frame difference in such a way as to maintain the openness of neighbourhood space. They also demonstrate that the local social orders differ from one neighbourhood to another, but that in all of them, the middle classes still occupy a pivotal mediating role between groups, which contrasts with their current prevailing image. The study as a whole underlines the relevance of doing fieldwork as a way to investigate interethnic relations from the ground up, rather than imposing a normative view from above that focuses on discourse and values.
L’expérience de la diversité dans les quartiers de classe moyenne à Montréal
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Cohabitation et déménagements en milieu ouvrier montréalais
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RÉSUMÉ L'historiographie a longtemps mis l'accent sur les aspects sombres des milieux ouvriers montréalais au XIXe siècle. Les listes nominatives des recensements portaient en effet à croire que de très nombreux logements étaient partagés par des noyaux familiaux distincts. On y voyait un entassement issu de la pauvreté, une stratégie d'entraide imposée par la nécessité. Une analyse critique des sources, faite dans le cadre de l'étude d'un milieu ouvrier de banlieue, donne une autre image de ce phénomène. Il y a plutôt lieu de penser que la cohabitation était rare en milieu ouvrier montréalais, qu'elle était généralement transitoire et qu'elle se passait presque toujours à l'intérieur des familles. Ces dernières préféraient d'autres stratégies, dont les déménagements fréquents.
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2000
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