Le crime de Jedwabne: effacer et retrouver ses traces après la guerre, in: Juifs et Polonais 1939-2008, eds. Jean-Charles Szurek, Annette Wieviorka, Paris 2009, pp. 461–480. (original) (raw)

Le crime de Jedwabne: effacer et retrouver ses traces après la guerre

2009

Le bourg de J edwabne, situé au nord-est de la Pologne à cinquante kilomètres à l'ouest de Bialystok, comptait, avant la Seconde Guerre mondiale, deux mille sept cents habitants dont environ mille Juifs. Quand, en 1939, Hitler et Staline se partagèrent le territoire de la Pologne, Jedwabne se 1. S'il a existé des documents concernant le crime de Radzilow, le massacre de Jedwabne fut révélé au grand public à la suite d'un simple concours de circonstances.

La malédiction de la mémoire traumatique, "Juifs et Polonais, 1939-2008" , Jean-Charles Szurek, Annette Wiewiorka (eds) 2009

La seconde guerre mondiale, à une échelle encore plus grande que ne l'avait fait sa devancière de 1914-1918, a brisé de plusieurs façons toutes les règles de guerre connues dans la culture européenne, comme la protection (dans la mesure du possible) de la population civile, une utilisation limitée et rationnelle de la répression, le respect des corps morts. Elle brisait le principal tabou qu'est le respect de la vie et de la mort. C'était une véritable guerre totale qui ne garantissait d'abris nulle part et à personne.

« Un monde disparu avec ses archives ? Les Enfants de Lublin, une société de juifs originaires de Pologne », Vingtième Siècle. Revue d'histoire 2018/3 (N° 139), p. 79-92.

From the end of the 19th century until after the Second World War, landsmanshaftn, or mutual aid societies formed by Jewish immigrants from the same hometowns, actively participated in the cultural and economic integration of Polish Jews in France. After the Holocaust, they likewise became a privileged place where survivors and recent refugees from Poland could share their traumatic experiences. Unfortunately, these societies still receive relatively little attention as historical sources of the Holocaust, a reality made all the more regrettable by the fact that they have been gradually disappearing since the 1980s. This article explores the possibilities of gaining access to a “lost world” despite rare and scattered sources, a rich tapestry of sociability and memories of the Holocaust woven into the post-war landsmanshaftn.

Entre histoire et mémoire. Les publications des landsmanshaftn juives polonaises dans la France de l'après-guerre (Between History and Memory. The Publications of Polish-Jewish landsmanshaftn Societies in post-War France)

Archives Juives, 2018

Until the 1960s, landsmanshaftn societies included more than 10,000 families in Paris alone, or three-quarters of Yiddish-speaking Jews. Composed mainly of Holocaust survivors, these societies gradually shifted from providing social services to serving as social spaces in which survivors could gather and share their memories of their traumatic experiences. They encouraged the publication of various memorial writings – from Memorial books (yizker bikher) to historical essays and, sometimes, literary testimonies. This article analyses all known publications from these landsmanshaftn societies between 1946 and the 1960s. Their distinctive features – such as the importance of war experiences in France, single-author-publications or the emergence in Paris of the Memorial Book’s literary model – reflect the particularities of the Yiddish-speaking Holocaust survivors’ community living in France, compared to their brethren – and interlocutors – in America or in Israel.

Préface à la publication en français de "The Black Book of Polish Jewry" (1943) par l'éditeur Calmann-Lévy en 2013.

Dans son ouvrage L'Abandon des Juif 1 , l'historien américain David Wyman a rappelé une manifestation qui fut organisée dans la soirée du 21 juillet 1942, à New York, au Madison Square Garden. La veille de la fête de Tisha b'av, qui commémore la destruction du Temple, le Congrès juif américain (The American Jewish Congress), le B'nai B'rith et le Comité juif du travail (The Jexish Labor Committee) organisa un grand rassemblement pour protester contre les crimes commis contre les Juifs d'Europe par les Allemands et leurs alliés. Le président Roosevelt adressa un message aux 20 000 personnes réunies pour déclarer que les nazis avaient bien la volonté d' « exterminer leurs victimes » (juives) et pour affirmer la sympathie du peuple américain pour « toutes les victimes des crimes nazis ». Dans son message lu aussi lors de cette soirée, le Premier ministre britannique, Winston Churchill, faisait référence à sa déclaration du 25 octobre 1941 dans laquelle il avait défini le châtiment des crimes de guerre commis par les Allemands contre les civils comme un des buts de guerre de la Grande-Bretagne. Le 22 juillet 1942, le lendemain de cette manifestation new-yorkaise, débutaient les déportations des Juifs