La mobilité en Grèce : tentatives d’évaluation des différentiels d’intensité dans l’espace grec (original) (raw)

Stratégies migratoires et diffusion dans l’espace: les Albanais à Thessalonique, Grèce

Depuis l'effondrement des régimes communistes dans l'Europe de l'Est, la Grèce est devenue le lieu de réception de vagues migratoires nombreuses et répétées, quoique le flux migratoire majeur vienne d'un seul pays, en l'occurrence l'Albanie. Lorsqu'on considère cette migration particulière, un élément remarquable se dégage : à la différence d'autres groupes migratoires qui ont tendance à se concentrer dans des endroits spécifiques à l'intérieur des villes, les Albanais sont dispersés à l'ensemble du territoire urbain, sans marquer ethniquement l'espace. À travers l'exemple précis de Thessalonique, deuxième métropole grecque après la capitale, l'objet de cette communication sera d'explorer les schémas migratoires albanais dans le territoire urbain grec, mais surtout de s'efforcer les expliciter. Nous allons, en effet, maintenir l'hypothèse que ces « patterns » spatiaux ne sont guère étrangers au contexte de « réception » -plutôt hostile -dans la société d'accueil. Simultanément, nous assistons à de négociations identitaires de la part des migrants albanais, à savoir de changements de leurs prénoms et souvent de leur religion, dans le cas où ils sont musulmans. L'émergence de tels phénomènes n'est pas non plus sans rapport avec le contexte de réception. Mais quel est le lien entre ce type de négociation identitaire et le schéma spatial de l'immigration albanaise en Grèce ? Nous allons nous efforcer de montrer que maints Albanais, afin de répondre aux difficultés rencontrées en Grèce, développent de stratégies d'adaptation qui comprennent au moins deux dimensions : la dimension de diffusion dans l'espace, soit une « invisibilité » spatiale, et celle de la « dissimulation » identitaire, qui passe par le changement de prénoms.

Dossier Penser l'espace en Grèce

Histoire antique et médiévale, 2017

Les unités géographiques naturelles Les Anciens avaient conscience de vivre dans des espaces qui possédaient des caractéristiques naturelles et géomorphologiques particulières, qu'il s'agisse d'habiter Penser l'espace en Grèce ancienne Au temps de la cité grecque, l'espace n'est pas théorisé. Il n'est perçu qu'en tant que servant les intérêts de la population. Les savants grecs vont peu à peu changer la donne. Dans nos sociétés modernes, la lecture d'une carte, la représentation exacte de la localisation d'un pays ou même encore la mesure du territoire politique en kilomètres carrés, nous semblent des choses relevant du b.a.-ba géographique. Pourtant, ces connaissances spatiales et géographiques sont des acquis relativement modernes. Les Grecs des époques archaïque (VII e-VI e siècle) et classique (V e-IV e siècle) ne possèdent quant à eux ni cartes clairement établies, ni atlas, encore moins de moyen de mesurer des espaces larges. Leur vision de l'espace, conditionnée par leur savoir, est donc très différente de la nôtre.

Mobilités changeantes, mobilités intriquées

Si le monde scientifique semble s’entendre sur la survenance d’un mobility turn, beaucoup reste à faire pour en comprendre la nature et l’extension. Une vision courante consiste à pointer une intensification des mobilités, tantôt en fréquence, tantôt en distance, parfois encore en vitesse. Cependant, plus est creusée la question des mobilités, plus il apparaît difficile de s’en tenir à l’approche linéaire classiquement retenue, qui fait de la mobilité un déplacement d’un point à un autre de l’espace physique au cours d’une durée déterminée. Il nous semble qu’une évolution importante de notre relation à l’espace-temps exige de réexaminer cette définition. Longtemps, l’espace fut vécu de manière cohérente : se déplacer impliquait traverser l’espace, quitter un établissement pour un autre, rompre les liens communicationnels que l’on pouvait établir dans l’un, en établir de nouveaux dans l’autre, acquérir un nouveau statut social ou changer de rôle social, etc. Le navetteur alternait ainsi des lieux – habitation et bureau – mais également des espaces sociaux et des rôles – mari et commis aux écritures –. De même, le migrant quittait son pays, son village, ses paysages, mais aussi son statut social, son réseau de connaissances, son ancrage professionnel, etc. Les espaces physiques, sociaux, professionnels, etc. étaient si intriqués que la mobilité pouvait largement apparaître comme un mouvement linéaire, directionnel et évident. Dans notre contribution, nous défendrons l’idée que la mobilité change de visage en même temps que la construction sociale de l’espace. En effet, les possibilités technologiques actuelles, mais aussi de nouvelles légitimités mobilitaires, promeuvent les disjonctions spatiales. Il est dès lors possible de se déplacer physiquement sans perdre contact avec des entités qui ne nous accompagneraient pas, d’être physiquement coprésents sans l’être socialement, d’entretenir des niveaux multiples de coprésence avec un réseau étendu d’entités et de lieux, etc. En nous fondant sur les résultats d’une étude de grande ampleur sur stratégies de mobilité résidentielle dans l’agglomération genevoise, nous montrerons en quoi la mobilité ne peut plus être pensée en référence au seul espace physique et pourquoi il faut concevoir des mobilités de niveaux multiples, concernant des espaces multiples et se déployant en de complexes stratégies mêlant mobilités et immobilités. C’est donc la progressive disjonction des espaces qui oblige à rompre avec l’approche linéaire qui, en rendant compte de la mobilité physique, permettait de supposer un ensemble de mobilités conjointes : sociales, familiales, professionnelles, etc. Il faut aujourd’hui aborder des (im)mobilités intriquées se produisant dans des espaces disjoints mais reliés par de multiples canaux. Dans un tel cadre, ni la mobilité ni l’espace ne peuvent être réduits à leurs déclinaisons physiques. Nous proposerons donc de reconsidérer ces concepts pour revenir aux origines des usages sociologiques de la notion d’espace. L’espace est le résultat d’un processus de spatialisation, c'est-à-dire de structuration d’une réalité (physique ou non) au moyen d’un système de positionnements. Nous terminerons donc sur un appel à la prise en considération des mobilités comme à la fois physique et non physiques, comme clé d’une compréhension des mobilités changeantes, mais aussi des changements par les mobilités.

La mobilité comme accessibilité, dispositions et épreuve : trois paradigmes expliquant le caractère éprouvant des déplacements à Paris

Articulo- Journal of Urban Research, 2011

L’objectif de cet article est d’appréhender le caractère éprouvant des mobilités quotidiennes pour les adolescents de Zones Urbaines Sensibles (ZUS) franciliennes. Nous mobilisons des matériaux statistiques, ethnographiques et des entretiens semi-directifs afin de tester la complémentarité de trois paradigmes de la mobilité. Dans celui de l’accessibilité, la mobilité est considérée comme une action rationnelle déterminée par les capacités d’organisation de l’individu et les contraintes qui pèsent sur lui. Le paradigme des dispositions considère la mobilité comme une pratique influencée par la socialisation des individus. Enfin, le paradigme de l’épreuve s’intéresse aux situations d’interaction qui se produisent durant les déplacements. La complémentarité de ces approches permet de comprendre la diversité des expériences éprouvantes des adolescents de ZUS : difficulté de certaines filles à se déplacer en raison des contraintes qui pèsent sur elles ; peur de l’anonymat et des déplacements en transports en commun pour les « encadrés » ; interactions conflictuelles avec les autres citadins pour les adolescents du quartier.

À la recherche des ateliers monétaires grecs : l’apport de l’expérimentation

Experiments on Greek minting techniques are not a new deal: D. G. Sellwood, in the fifties, carried out a series of practical experiments which still represent a reference work. Our global approach focuses on the different aspects of the chain of operations from the metal through the minting of coins. 12 281 coins were struck during our two sessions, giving some new results on the melting of blanks or on the wear of dies. The incapacity of our team to produce blanks of a regular weight for example, ventures new hypotheses on the Greek minting process. The main aim of these experiments was to produce a maximum of coins in order to study the dies wear due to striking. It emerges that the production of an obverse die could be different depending on blank size, team experience and metal used. Nevertheless, the results should set its production range between 10 000 and 15 000 coins. Further experimentations would give us new data and the possibility to sharpen our estimations.

9 - Les circulants entre métropoles européennes à l’épreuve de leurs mobilités : une lecture temporelle, spatiale et sociale de la pénibilité

D'une métropole à l'autre, 2014

Cet article interroge les circulations d'individus entre Lisbonne et quatre autres métropoles européennes (Berlin, Bruxelles, Londres, Paris) sous l'angle de la pénibilité. L'approche proposée articule trois dimensions, à savoir la construction des pratiques de circulation entre métropoles à l'échelle biographique, le fonctionnement familial induit par la circulation et l'expérience des lieux fréquentés au quotidien dans chacune des métropoles. La prise en compte de ces trois dimensions permet de caractériser les circulants en termes de situations de mobilité à travers lesquelles est envisagée la pénibilité. Les situations de mobilité bien vécues semblent traduire un relatif équilibre dans les modes de vie associés aux circulations. L'article met cependant en évidence une série de facteurs qui peuvent contribuer à fragiliser, ou à nuancer ces situations : la lassitude, l'absence d'espace d'identification et de projet, la gestion de l'absence du circulant au sein de la famille, la modification du rapport à des lieux de ressourcement, la limitation des pratiques dans les lieux de la circulation. Au total, il n'existe pas de segmentation claire entre ces situations de mobilité du point de vue de la pénibilité. Des situations de mobilité très diverses peuvent être vécues de manière différente. La pénibilité dépend finalement d'une combinaison de facteurs qui, pris isolément, n'ont pas d'effet mécanique. This article examines the circulation of people between Lisbon and four other European cities (Berlin, Brussels, London, Paris) in terms of the difficulties that it can cause. The proposed approach articulates three dimensions, namely the construction of practices of circulation between cities at a biographical scale, the way families deal with the circulation of one or more of its members, and the daily experience of places frequented in each of the cities. Taking into account these three dimensions offers a means to characterize the people who circulate in Les circulants entre métropoles européennes à l'épreuve de leurs mobili... http://articulo.revues.org/1810 1 sur 15 20/05/2014 12:20 terms of mobility situations through which they conceive of the wearisome dimension of circulation. Mobility situations that are well appreciated seem to reveal a relatively balanced way of life associated with circulation. However, the article identifies a number of factors that may contribute to weaken or qualify these situations: weariness, lack of space of identification and project, management within family of the absence of those who circulate, changes in relation to places of healing, and limitations in practicing the places that structure the space of circulation. Overall, there is no clear segmentation between these situations of mobility in terms of difficulty. Situations of mobility that are very different can be experienced in many varied ways. The tiring dimension of circulation ultimately depends on a combination of factors which, taken separately, have no mechanical effect.