Effacer ses traces : logiques savantes de l’oubli ; Écrire l'histoire, 13-14 | 2014 p. 195-202 (original) (raw)
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De mémoire et d’oubli : Marguerite Duras (Christophe Meurée & Pierre Piret, eds.), 2010
Christophe Meurée Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve) « Votre souvenir est déjà là, en votre présence, mais déjà je ne reconnais plus vos mains. Il semblerait que vos mains, jamais encore je ne les aie vues. » (YAS, p. 53) « C'est pas logique tout ce que je viens de vous dire. C'est pas logique. Que le cartésien qui est en vous me pardonne. » Albert Cohen à Bernard Pivot, le 23 décembre 1977 « Duras, médium », disait Sollers, « parole oraculaire », écrivain douée de « double vue », « pythie médiatique », renchérissaient plus récemment Évelyne Grossman et Emmanuelle Touati 1 , la figure de Marguerite Duras a pris les traits d'une prophétesse au fil du temps. Et ses personnages de lui emboîter le pas 2 . Réaliser une liste exhaustive des critiques, journalistes ou universitaires qui ont témoigné -sans l'expliquerdu caractère visionnaire ou divinatoire qui émane des textes durassiens relèverait de la gageure gratuite mais, selon toute vraisemblance, Duras n'est pas devenue un auteur mythique pour rien. Ses assertions définitives sur le monde ou sur elle-même n'y sont sans doute pas étrangères. N'affirme-t-elle pas, à la fin de sa vie, qu'elle « fait la littérature » (CT, p. 26 dans l'édition de 1995, p. 21 dans celle de 1999), avec cette tentation de l'absolu qui caractérise toute son oeuvre ?
L’oubli épistémologique: Les ancrages du savoir dans l’histoire culturelle
Filozofija i drustvo, 2013
L'oubli épistémologique: les ancrages du savoir dans l'histoire culturelle Résumé L'acte constitutif de l'histoire culturelle contemporaine était la coupure avec les presuppositions épistémologiques et méthodologiques de l'histoire économique et sociale. Le champ nouveau de l'historiographie, rompant avec »la tradition historiographique«, s'est fondé sur le nouveau »matérialisme« et sur la théorie de la réprésentation. Une question inquiétante cepandant s'impose: dans quelle mesure les conceptualisations et les méthodologies de l'histoire contemporaine ne sont que costumes nouveaux pour vieux engagements de l'histoire? Le matérialisme nouveau ne déguise-t-il pas la vieille pratique des historiens de rassembler des »faits«? La théorie de la réprésentation ne déguise-t-elle pas l'idée des méntalités? Si la réponse est affirmatif, il faut poser une nouvelle question: Les grandes luttes dans le champ de l'histoire ne sont-elles pas des stratégies d'oubli qui essaient d'effacer la mémoire de l'historiographie recente et de ses effets cognitifs? Les mots cléfs: histoire économique et sociale, théorie de la réprésentation, nouveau matérialisme, stratégies d'oubli
« Politiques de la mémoire », Eurozine, 2006
Depuis la fin des années 1970, la "mémoire" s'est trouvée dotée d'une légitimité nouvelle −− scientifique et sociale −− et les historiens, notamment ceux qui travaillent sur les périodes récentes, sont régulièrement confrontés aux porteurs de mémoire, qu'il s'agisse des militants régionalistes qui réfutent une histoire dite jacobine 1 ou bien encore de ceux qui s'expriment au nom des victimes engageant, au nom de mémoires différentes qui ont en commun d'avoir été occultées, une véritable "concurrence des victimes" 2 appelant une reconnaissance solennelle et publique, voire gouvernementale ou parlementaire en matière d'histoire ou de mémoire. 3
Enjeux d'une écriture historienne du "devoir de mémoire" (2013)
Écrire aujourd'hui une histoire du devoir de mémoire revient à questionner la production et la circulation d'une nouvelle formule, entrée en France dans le vocabulaire courant, comme dans le langage officiel, depuis les années 1990 2 . Un tel projet scientifique suppose de prendre au sérieux cette formule, devenue un lieu commun largement décrié, en interrogeant ses fonctions sociales de manière à en faire un véritable objet d'histoire.
Les historiens confrontés aux enjeux de mémoire, in Mouvements, 2006
Mouvements, 2006
Face à l’offensive de la droite idéologique qui, à travers la loi du 23 février 2005, a tenté une opération de réhabilitation de l’histoire coloniale de la France, des historiens se sont regroupés pour obtenir l’abrogation de son article 4 qui demandait à l’enseignant comme au chercheur de prendre en compte le « rôle positif de la présence française outre-mer ». Au-delà du combat, plus parallèle que commun, avec d’autres acteurs (LDH, communauté antillaise, Indigènes de la République... pouvoir algérien), ces universitaires ont voulu rappeler la nécessaire indépendance de l’historien vis-à-vis de l’État comme de certains « gardiens de la mémoire » qui, chacun à leur façon, utilisent l’histoire à des fins politiques. Position qui n’est pas nécessairement synonyme de retrait de l’espace public comme l’illustre le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire, créé il y a tout juste un an.
Cités, 2007
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«Si excellent en l’oubliance»: oubli, humanisme, écriture chez Montaigne
Études de lettres
A une époque où écrire signifie publier constamment sa déférence envers les Anciens, où la pensée ne se conçoit pas sans la présence parfois coercitive de la mémoire, Montaigne conseille au précepteur humaniste de laisser son jeune élève oublier hardiment les sources de son savoir. Que veut-il donc dire ? L'oubli pourrait-il donc être érigé en règle pédagogique ? Par cette déroutante injonction, Montaigne, dans un geste d'indiscipline que l'on verra réitéré sous diverses formes dans les Essais, semble suggérer une confiance toute nouvelle dans les ressources du moi, susceptible désormais d'entrevoir dans l'oubli non seulement un espace dynamique nécessaire à l'assimilation constructive de la culture, mais aussi, au risque des déconvenues bien réelles qu'il peut occasionner, un élément suscitateur d'écriture et d'énergie créatrice. Audacieuse initiative, pour un pédagogue, que celle de recommander l'oubli, particulièrement à une époque où l'art de mémoire,