Retour à Beg-er-Vil Nouvelles approches des chasseurs-cueilleurs maritimes de France atlantique (original) (raw)
L'habitat mésolithique de Beg-er-Vil se manifeste par un niveau coquillier remarquablement préservé, visible au sommet d'une falaise peu élevée de la côte sud de la presqu'île de Quiberon (Morbihan). Il a été fouillé sous la direction d'O. Kayser au cours des années 1980, et fait l'objet depuis 2012 d'une fouille extensive, afin d'anticiper sa probable destruction par l'érosion. Une étude des clichés aériens disponibles de 1932 à nos jours révèle les dynamiques érosives en oeuvre sur cette partie de la pointe de Beg-er-Vil, avec un recul de 6,4 ± 0,86 m sur son flanc nord. Les datations par le radiocarbone signalent une occupation relativement courte à la fin du VII e millénaire avant notre ère, sans intrusions ultérieures. Aussi représente-t-il un témoin unique des modes de vie des chasseurs-cueilleurs maritimes de la France atlantique, en particulier durant un accident climatique majeur de l'Holocène (8200 cal. BP). Une première reconstitution des paléopaysages littoraux est proposée, en tenant compte des travaux les plus récents qui placent le niveau marin entre − 15,5 et − 11 m sous l'actuel (soit une pleine mer de vive eau entre les isobathes − 7,15 et − 14,02 m des cartes marines). Les occupations mésolithiques sont bien préservées sous la dune, sur une épaisseur de 30 à 50 cm. L'ensemble du niveau coquillier est constitué de rejets d'activités : agrégats de terre préparée témoignant de l'aménagement de l'espace, fragments de cendres et matrice sédimentaire associée à des agrégats fortement chargée de charbons de bois, résultant d'activités foyères et esquilles de poissons et coquilles plus ou moins brûlées. Cette organisation témoigne donc d'un site finement stratifié avec des sols d'occupations conservés. Les activités y ont été variées, comme le révèlent aussi les structures aménagées : les fosses et une vaste zone de combustion sont à la base du niveau coquillier ; un niveau de petits blocs de granite rubéfiés associé à des coquilles d'huîtres plates jonche la totalité du site, en milieu de niveau archéologique. La grande diversité des restes fauniques marins et continentaux atteste d'un large spectre de préda-tion. L'étalement de leurs dates de capture ou de collecte autorise l'hypothèse d'occupations de longue durée tout au long de l'année, sans permettre toutefois de parler de sédentarité. L'industrie lithique est très homogène dans toutes les zones fouillées et de bas en haut de la couche. Elle est réalisée sur des galets de silex de très mauvaise qualité, récoltés assez loin de l'habitat lui-même. Une domination presque sans partage des bitroncatures symétriques confère son originalité à l'assemblage des armatures, tandis que les couteaux à dos sont présents dans l'outillage commun. Ces deux éléments caractérisent un faciès « Beg-er-Vil » du Téviecien, désormais bien calé à la fin du VII e millénaire avant notre ère. Abstract: The Mesolithic occupation of Beg-er-Vil is recorded as a well-preserved shell layer, visible at the top of a cliff on the Quiberon Peninsula (Morbihan). Firstly excavated by O. Kayser during the 1980s, the site has been the object an extensive excavation since 2012, in anticipation of its likely destruction by erosion. A study of the available aerial pictures (from 1932 to the present day) reveals the erosive processes taking place on this part of the Beg-er-Vil promontory, leading to retreat of 6.4 ± 0.86 m on the north side. The radiocarbon dates indicate a relatively short occupation at the end of the 7th millennium cal. BC, without any later intrusions. As such, this site represents a unique record of the lifestyles of maritime hunters-gatherers on the Atlantic seaboard of France, during a major climatic event (8200 cal. BP). We propose a preliminary reconstruction of the ancient coastal landscapes, by taking into account the most recent studies which place the sea level at between 15.5 and 11 m beneath the present datum (corresponding to a high tide mark between isobaths −7.15 and −14.02 m). The Mesolithic settlement is well protected under the dune, forming a 30 to 50 cm thick shell-layer. The whole layer is made up of waste from human activities: aggregates of prepared earth indicating a spatial arrangement,