Pierre Huyghe, Une exposition restrospective au centre Beaubourg (original) (raw)
En septembre 2013, s'ouvrait à Paris, au Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou (CNAC), l'exposition à vocation rétrospective « Pierre Huyghe », de l'artiste français éponyme. Réalisée sous le commissariat d'Emma Lavigne, cette exposition comptait un corpus d'une cinquantaine d'oeuvres de l'artiste, dont la pratique protéiforme, interrogeant notamment le concept d'exposition, nécessitait des conditions de monstration singulières que nous développerons. Si cette exposition a reçu globalement un très bel accueil critique mais également public, elle a également suscité questionnement et scepticisme, de la part de certains spécialistes, en ce que le projet développait, entre autre, une dimension spectaculaire, semblant préjudiciable aux desseins initiaux de l'artiste. Saisir les contours réflexifs de la pratique de Pierre Huyghe par l'étude d'une oeuvre particulière semblait quelque peu limité, tant la notion d'exposition est un élément essentiel pour appréhender le travail du récipiendaire du prix Haftmann 2013. D'abord dans la dimension relationnelle qui habite son travail, mais également dans une dimension métaphysique, qui flirte désormais avec le réalisme spéculatif 1 de Quentin Meillassoux et Tristan Garcia. Saisir ces enjeux est d'autant plus pertinent au sein d'une institution muséale qu'il convient ici d'habiter pour garder vivant les artefacts d'oeuvres à la fois présentes mais également témoignant de gestes déjà réalisés. Voilà pourquoi, je choisis ici d'étudier la pratique de Pierre Huyghe au prisme de cette « exposition ». Justement car elle avait pour ambition de cerner les jeux et les enjeux pluriels de l'artiste, mais aussi pour saisir les stratégies développées par celui--ci, pour mener à bien l'ambitieux projet de s'affranchir des contraintes implicites du centre Beaubourg, tout en l'investissant. Né en 1962 et après avoir étudié à l'école supérieure des Arts Décoratifs de la ville de Paris au début des années 80, Pierre Huyghe débute sa carrière en cofondant « Les frères Ripoulin », sous le nom d'emprunt PiroKao. Souvent associé au mouvement graffiti, le collectif oeuvrait à même la rue, en peignant des affiches que ses membres collaient sur les murs. Ce collectif se caractérisait par une attitude distante et critique vis--à--vis du monde l'art et des institutions.