L’évangélisation des morisques ou comment effacer les frontières religieuses (original) (raw)
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Microhistoire d’une déportation de morisques
Cahiers de la Méditerranée, 2009
La guerre entre les chrétiens et les morisques, ou encore les dispositions législatives contre les us et coutumes de ces musulmans espagnols ont donné lieu à quantité d'études qui, aujourd'hui, nous permettent de mieux connaître ces événements. Cependant, la thématique de la déportation des morisques du royaume de Grenade, vers les territoires de l'intérieur péninsulaire, a fait l'objet de peu de recherches capables de conjuguer de nouvelles méthodes d'analyse avec les résultats obtenus, il y a quelque temps déjà, par une vaste mais inégale historiographie locale. Quoi qu'il en soit, ce que l'on ne peut nier actuellement, c'est que de à les déplacements des morisques grenadins en Estrémadure, Castille et à Murcie ont été nombreux, mettant en jeu une quantité non négligeable d'acteurs tels que complices, dénonciateurs, voire membres de l'administration royale. Ainsi, légalement, les morisques, qui proviennent en leur grande majorité du monde rural, dans le but de survivre et sous la protection des autorités concernées, décidèrent de se regrouper surtout dans des centres urbains. Néanmoins, dans certains bourgs et villages de l'Espagne intérieure, où l'hostilité envers eux ne fut pas excessive, ils eurent la possibilité de reconstruire, tant bien que mal, un minimum de tissu social et économique .
Lever l’excommunication politique du religieux
Les Cahiers du CIRC [Centre interdisciplinaire de recherches en droit constitutionnel et administratif], 3, 2018
dans Xavier DELGRANGE (dir.), L’enseignement de la philosophie et l’avenir des cours «philosophiques» dans les écoles en Communauté française (Les Cahiers du CIRC [Centre interdisciplinaire de recherches en droit constitutionnel et administratif], 3), Bruxelles, Université Saint-Louis – Bruxelles, septembre 2018, p. 112-143
Quand les objets de la foi fondent la réputation : Les morisques entre Espagne et Italie
Matière à discorde . Les objets chrétiens dans les conflits modernes, PUR, Rennes, 2021
Ce lecture brosse, sans exhaustivité, un tableau des objets de la foi employés par les morisques en Espagne durant tout le XVIe siècle et ceux révélés par les persécutions inquisitoriales dans les territoires italiens, où beaucoup de conversos trouvèrent refuge, avant même l’expulsion générale de 1609 : objets de l’Islam, choses chrétiennes, artefacts de la tradition islamique employés à des fins chrétiennes, et réciproquement. L’étude de tels objets est d’autant plus nécessaire pour les minorités religieuses contraintes d’embrasser le catholicisme.
L’évangélisation des Indiens d’Amérique
Amerika, 2013
Carmen Bernand et Serge Gruzinski dans leur Histoire du Nouveau Monde 1 le reconnaissent d'emblée : « Une historiographie dominée par les mythes entourant les Etats-Unis » a longtemps escamoté la prééminence de la première Amérique qui fut espagnole … « relayant la légende noire-née au XVI e siècle dans l'ombre de cette première Amérique, pour n'y voir que la préfiguration d'une Amérique latine exotique et arriérée, condamnée à connaître le sort d'un tiers monde sans avenir 2. » L'expression « légende noire » apparaît pour la première fois sous la plume de Julían Juderías qui la dénonce en 1914 3. Ce dénigrement calomnieux de l'Espagne remonte au XVI e siècle. Joseph Pérez en attribue l'origine à Guillaume d'Orange 4 , ennemi juré de Philippe II. Cette vision très négative de la conquête espagnole de l'Amérique, soutenue par l'historiographie anglo-saxonne reste prégnante aujourd'hui dans le monde occidental, notamment en France. Nous en donnerons seulement deux exemples. Un site scolaire destiné aux élèves des lycées présente ainsi la conquête : « Conquista : extermination des Indiens, sur l'ordre du pape, avec l'aide financière des rois. 9 millions de morts 5. » Une pièce de théâtre à prétention historique, adaptée d'un roman de Jean-Claude Carrière, est devenue un téléfilm à succès, diffusé sur FR 2 le 2 mai 1992, réalisé par Jean Daniel Verhaeghe. Ce téléfilm obtiendra quatre 7 d'or en 1993. Il s'agit de La controverse de Valladolid, qui serait une adaptation fidèle du débat historique du même nom. L'Église y aurait débattu de ces questions : les Indiens ont-ils une âme ? Sont-ils des hommes ? Dès le XVI e siècle la légende noire est constituée. Montaigne, dans un chapitre des Essais (Des Coches III, ch. VI), dénonce, avec indignation, la conquête des Amériques : « Jamais l'ambition, jamais les inimitiés publiques, ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilitez et calamitez si misérables. » Les griefs constitutifs de cette légende noire sont donc les suivants : Par intérêt mercantile, l'Espagne a colonisé brutalement l'Amérique. Elle a exproprié les Indiens. Non
« Le martyre éthiopien de l’évangéliste Marc »
Le martyre éthiopien de l'évangéliste Marc Traduit du guèze par Damien Labadie Selon l'historien Eusèbe de Césarée 1 , l'évangéliste Marc fut le premier à prêcher l'évangile en Égypte et, depuis lors, les coptes considèrent Marc comme le fondateur et le premier patriarche de l'Église d'Alexandrie. Le texte ci-dessous, dont je propose une traduction française, est extrait du Gadla Ḥawāryāt (« combat des apôtres »), une oeuvre guèze (éthiopien classique) traduite de l'arabe au XIV e siècle et contenant les Vies et martyres des apôtres de Jésus-Christ (Matthieu, Luc, Philippe, André…) 2. Le Martyre de Marc retrace l'arrivée de l'évangéliste à Alexandrie, la conversion du cordonnier 'Anyānos, la fondation d'une église et, enfin, son martyre aux mains des païens. Marc mourut, selon le texte, le dix-sept du mois de miyāzyā (25 avril), le même jour que l'anniversaire du Dieu Sérapis ; à l'ancienne divinité est ainsi substitué un nouveau patron pour l'Égypte, Marc. ⁂ Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu, ceci est le martyre de Marc l'évangéliste, qui eut lieu dans la ville d'Alexandrie-que sa prière nous protège tous, amen-après que se furent écoulés trente ans après la Passion de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, dans la paix de notre Seigneur, amen. 1. Histoire ecclésiastique 2, 16.24. 2. Le texte guèze a été édité par Budge en 1899 et c'est cette édition que j'ai utilisée pour ma traduction. Voir E. A. W. BUDGE, The Contendings of the Apostles, I, Londres, 1899. Le Martyre de Marc se situe aux p. 257-264. Au sujet du Gadla Ḥawāryāt, voir l'article Ḥawaryat : Gädlä ḥäwaryat de l'Encyclopaedia Aethiopica, vol. 2, p. 1049-1051. Pour une étude générale sur le martyre éthiopien de Marc, voir l'article de G. LUSINI, « Les Actes de Marc en éthiopien. Remarques philologiques et histoire de la tradition », Apocrypha 13 (2012), p. 123-134.