MICROCOSME HUMAIN ET MACROCOSME DANS LA COMEDIA LOPESQUE (original) (raw)

Comme chacun sait, les notions de microcosme et de macrocosme comptent parmi les idées forces de la Renaissance, et reposent essentiellement sur l'analogie, la correspondance entre le microcosme (ou monde mineur, abrégé du monde) et le macrocosme (ou totalité du monde). Il s'agit là d'une idée très ancienne qui cherche à jeter un pont entre le monde visible et le monde invisible, l'univers et l'homme, et qui arrive à son apogée à l'époque de la Renaissance (si elle perdure au XVIIe siècle). Lope de Vega – que nous savons très curieux de toute sorte de connaissances et croyances humaines, donc de philosophie et de théologie – y recourut généreusement dans son théâtre profane, aspect dont nous allons nous occuper très bientôt. 1. Généralités. Certes, pour Pierre Delattre, il existe deux types d'analogie : l'analogie sémantique et l'analogie structurale. L'analogie sémantique consiste à mettre en relation deux éléments appartenant à des environnements définis mais sans trop de spécification. Il donne comme exemple d'analogie sémantique la phrase : « l'homme est à l'univers ce que le grain de sable est à la mer », ce qui, d'une certaine manière peut nous renvoyer à la doctrine du microcosme. Ce genre d'analogie, on l'aura deviné, comportera la notion de métaphore. Quant à l'analogie structurale (ou systématique), elle est beaucoup plus stricte puisqu'elle porte sur deux systèmes dont les énoncés sont tout à fait identiques du point de vue de la forme. Ce sont là deux cas extrêmes, et Pierre Delattre affirme qu'entre ces deux types d'analogie, il existe toute une gamme d'analogies intermédiaires. Mais laissons-là cette délicate question de l'analogie dans son rapport à la science et à l'épistémologie, parce qu'elle va bien au-delà de notre propos et de notre compétence. Toutefois, nous remarquerons que la notion d'analogie, à l'oeuvre depuis des siècles dans la pensée antique grecque, puis médiévale, et s'incarnant si magnifiquement dans la ressemblance du microcosme au macrocosme tant recherchée et affirmée à la Renaissance, n'a pas fini de questionner la science encore aujourd'hui. Pour dire les choses brièvement, dans l'impensé du XVIe siècle, il y a quatre figures de ressemblance : la convenientia, l'aemulatio, l'analogie, la sympathie. Nous ne nous intéresserons qu'à la troisième d'entre elles, l'analogie, d'autant plus qu'elle recouvre en elle-même la convenientia et l'aemulatio, ce qui lui confère un pouvoir immense. Ce pouvoir, nous pouvons mieux l'imaginer si nous avons présente à l'esprit cette conception du monde comme un livre à déchiffrer, si caractéristique du XVie siècle. Et si ce monde est lisible, c'est à cause de la ressemblance entre les signes qui le parsèment et les marques qui servent à l'identifier. Ou comme le dit