Voyageurs immobiles : la géographie idéel des Kulung du Népal (voyages rituels) (original) (raw)

Mémoire de la terre et trace du futur : la lecture des traces des morts et du gibier chez les Kulung Rai du Népal

Mémoire de la Terre. Etudes anciennes et comparées. R. KOCH PIETTRE ELAGE, O., JOURNET, D. LIBERSKI-BAGNOUD, pp. 45-60. , 2019

To address the link between land and memory, this article takes us from mythological narratives to the question of indigenousness, from funerals to the ambivalence of the dead, from hunting rites to gamemasters. The Ariadne’s thread of this sinuous path is the exploration of footprints or traces—of the dead and of game. It ends with a presentation of the properties of the trace. A trace is a mark in counter-relief; an indexical (in the sense given by C.S. Peirce) but involuntary sign. It is the result of the interaction between matter (the soil in which the foot is printed), a being (an animal, a spirit) who disturbs it, and another being (a hunter, a shaman) who reads it as a sign. These attributes make traces a remarkable element for thinking about spiritual entities and their ambiguous presence in the world. Afin d’aborder le lien entre terre et mémoire, cet article nous fait passer des récits mythologiques à la question de l'autochtonie, des funérailles à l'ambivalence des morts, des rites de chasse aux maîtres du gibier. Un fil d'Ariane se dessine dans ce parcours sinueux : l'exploration des empreintes ou des traces des morts et du gibier. Il se conclu par une présentation des propriétés de la trace. Une trace est une marque en contre-relief ; un signe indiciel (au sens donné par C.S. Peirce) mais involontaire, résultat de l'interaction entre une matière (le sol dans lequel le pied est imprimé), un être (un animal, un esprit) qui la perturbe, et un être (un chasseur, un chamane) qui la lit comme un signe. Ces attributs font des traces un élément remarquable pour la réflexion sur les entités spirituelles et leur présence ambiguë dans le monde.

Des voyageurs immobiles. Pratiques communautaires autour du pèlerinage (Haute Égypte)

Théologiques, 2007

Résumé Cet article aborde le rite de pèlerinage majeur de l’islam, le grand pèlerinage à La Mecque, par l’observation conjointe des dimensions individuelle et collective. Celui qui accomplit le hajj connaît une expérience unique dont il revient transformé. La communauté villageoise facilite son départ, vit le rituel par procuration, réintègre le pèlerin à son retour. En son absence, les « voyageurs immobiles » ornent de peintures la façade de sa maison, célébrant l’acte de piété, exposant leurs valeurs, affichant le pacte social. L’analyse des engagements individuel et collectif fait apparaître que la logique du rite de passage est plurielle, relative aux configurations multiples de la présence et de l’absence, du rôle et du statut, du temps et de l’espace, de l’expérience et de l’émotion.

Pour une géographie sociale des faits religieux. L’exemple de l’hindouisme en pays tamoul (Inde du Sud)

En s'appuyant sur trois études de cas pris dans le contexte hindou du pays tamoul en Inde du Sud, l'objectif de cet article est de défendre l'idée et la légitimité d'une géographie sociale des faits religieux. Il montre d'une part que les espaces religieux hindous (lieux de culte et circulations religieuses) informent sur la société qui les produit, sur ses enjeux et sur ses dynamiques, et d'autre part que la prise en compte des phénomènes de distinction, de domination, d'exclusion et de compétition est utile pour saisir la spatialisation des faits religieux dans sa complexité. Sont d'abord évoquées les correspondances entre espaces rituels et espaces sociaux dans un village tamoul, ainsi que les rapports de domination qu'elles traduisent. L'article s'intéresse ensuite aux relations de pouvoir qui s'expriment dans la pratique du plus grand pélerinage tamoul menant à la ville sainte de Palani. Il évoque dans un troisième temps comment, au cours du 20 ème siècle, le culte régional de Murugan et sa géographie ont alimenté l'idéologie territoriale tamoule, sur fond de lutte sociale et de compétition politique anti-brahmane. Les formes spatiales de l'hindouisme en pays tamoul apparaissent ainsi comme des phénomènes traduisant différents rapports sociaux et en transformation permanente sous l'effet des dynamiques sociales, aussi bien à l'échelle locale que régionale. C'est en cela que l'article atteste de la capacité et de la légitimité de la géographie sociale à parler des faits religieux.

Vers une géographie imaginée de la Perse : une approche géopoétique du récit de voyage de Kurt Faber Mit dem Rucksack nach Indien (1927), 2017

Vers une géographie imaginée de la Perse : une approche géopoétique du récit de voyage de Kurt Faber Mit dem Rucksack nach Indien (1927) Né à Mulhouse en 1883, Kurt Faber interrompt très jeune ses études pour assouvir sa passion des voyages. Il passe le baccalauréat sur le tard, fait des études de sciences politiques, devient journaliste et adhère au NSDAP en 1925. Deux ans avant de mourir de froid au Canada, il publie à 44 ans, alors qu’il est au sommet de sa carrière d’écrivain-voyageur, le récit de voyage Mit dem Rucksack nach Indien (1927), où il raconte son périple de Vienne vers l’Inde par voie terrestre, en passant par le Moyen-Orient. La plus grande partie de l’ouvrage est consacrée à la Perse. Notre lecture géopoétique se penche sur la façon de voyager de Faber et esquisse les contours de la « géographie imaginée » de la Perse dont son récit se fait l’écho à travers l’importance donnée à certains lieux archétypiques. Elle s’intéresse également à la place du voyageur dans un espace souvent caractérisé par une altérité indépassable, que ce soit au niveau politique ou religieux, mais aussi par des interactions de plus en plus grandes avec les autres cultures dans un contexte mondialisé. On tentera de comprendre l’ambivalence de Faber entre des convictions politiques qui l’ont amené à adhérer au NSDAP et l’ouverture au monde qu’il a acquise au cours de ses voyages. Zu einer imaginierten Geographie Persiens: eine geopoetische Lektüre von Kurt Fabers Reisebericht Mit dem Rucksack nach Indien (1927) Geboren 1883 in Mulhouse (Elsaß) verlässt Kurt Faber sehr jung die Schule, um seinen Reisedurst zu stillen. Erst später wird er das Abitur bestehen, Politikwissenschaft studieren und Journalist werden. 1925 tritt er der NSDAP bei. 1929 stirbt er vor Kälte in Nordkanada. Zwei Jahre zuvor veröffentlichte er im Alter von 44 Jahren, damals am Höhepunkt seiner Laufbahn als Reiseschriftsteller, den Reisebericht Mit dem Rucksack nach Indien (1927), in dem er seine Reise von Wien nach Indien über den Mittleren Osten ausschließlich auf dem Landweg erzählte. Der größte Teil des Werkes ist Persien gewidmet. Unsere geopoetische Lektüre untersucht die Art und Weise wie Faber reist und skizziert die „imaginierte Geographie“ Persiens, die sein Bericht durch verschiedene archetypische Orte zum Ausdruck bringt. Sie interessiert sich auch für den Platz des Reisenden in einem Raum, der sich oft durch eine unüberbrückbare Alterität, sei es auf politischer oder religiöser Ebene, aber auch durch Interaktionen mit anderen Kulturen im Kontext der Globalisierung kennzeichnet. Der Beitrag bietet einen Versuch an, die Ambivalenz Fabers zu verstehen, dessen politische Überzeugungen und NSDAP-Beitritt mit einer im Laufe zahlreicher Reisen erworbenen Weltoffenheit schwer zu vereinbaren sind. Towards an imagined geography of Persia: a geopoetical approach to Kurt Faber’s travel narrative, Mit dem Rucksack nach Indien (1927) Kurt Faber was born in Mulhouse in 1883. He interrupted his studies very early in order to satisfy his passion for travel. He passed the baccalauréat at a later stage, studied political science, worked as a journalist and became a member of the NSDAP in 1925. His travel narrative Mit dem Rucksack nach Indien (1927), which relates his journey from Vienna to India by land, via the Middle East, was published when he was 44 and at the height of his fame as a writer-traveler, and two years before he died of cold in Canada. Most of the book is devoted to Persia. My geopoetical reading dwells on Faber’s art of travel and sketches the outlines of the “imagined geography” of Persia that the narrative points out, especially through the importance it gives to some archetypal places. The study also analyses the situation of the traveler in a space characterized by its unbridgeable alterity, be it political or religious, but also its growing interactions with other cultures in a globalized world. This paper ultimately aims at accounting for Faber’s ambivalence, between the political convictions that led him to become a member of the NSDAP and the openness to the world he acquired through his journeys. « Vers une géographie imaginée de la Perse : une approche géopoétique du récit de voyage de Kurt Faber Mit dem Rucksack nach Indien (1927) », in Christine Maillard (dir.), Les pays germaniques et l’Iran (XIXe-XXe siècles) /Die deutschsprachigen Länder und der Iran (19. u. 20. Jhdt.), Recherches germaniques, Hors-série n°12, Strasbourg, 2017, p. 87-102

La mobilité comme fondement de la production et de la pratique des temples hindous en diaspora: l'exemple tamoul

Les temples construits par les hindous en situation de diaspora permettent de réfléchir au rôle de la mobilité rituelle dans l’usage des lieux de culte, et à celui de la mobilité migratoire dans la production et l’expérience de ces lieux communautaires. Après avoir rappelé que la déambulation est au fondement des pratiques de tout temple hindou, le chapitre montre combien les temples diasporiques sont non seulement des lieux produits par la migration, mais aussi produisant de la migration. Ces lieux de culte peuvent en outre être des espaces mémoriels où la terre d’origine de la communauté est donnée à voir aux fidèles de diverses manières. Enfin, si les temples diasporiques sont des lieux traduisant souvent des processus d’ancrage des communautés migrantes ou issues de l’immigration, il peut s’agir également de lieux mobiles, car potentiellement déplaçables selon les possibilités et les volontés de leurs administrateurs. Les propos s’appuient sur le contexte de l’hindouisme tamoul observé au Canada et à Maurice. Hindu temples built in the diaspora address two main issues linked to spatial mobility. First, the role played by ritual mobility in the uses and practices of places of worship; then the role of migration in the production and in the experience of these community places. The chapter first reminds that strolling is one of the founding principles of the spatial practices of each and every Hindu temple. Then it shows how diasporic temples are places produced by migration that are also able to trigger new migrations. Besides, many diasporic Hindu shrines can be regarded as places of memory, in the inner space of which the migration of the community is displayed in many ways. Finally, it demonstrates that diasporic temples are not only places revealing the rooting processes of the communities in the host countries, but also mobile places that can be potentially shifted to other locations according to their managers’ choices and possibilities. The demonstration relies on case studies taken from the context of Tamil Hinduism observed in Mauritius and Canada.

Voyage et géographie dans la littérature de la rihla: du rejet à la convergence

L'essor actuel des recherches sur les récits de voyage médiévaux se nourrit d'un renouveau des perspectives et des approches. Les dix contributions présentes dans ce volume explorent deux pistes : d'une part les liens entre récits de voyage et géographie, d'autre part la place de ces récits dans le développement d'une quête du « moi » au cours du Moyen Âge. La frontière entre récit viatique et traité de géographie est floue et les définitions de ces deux domaines demeurent poreuses tout au long du Moyen Âge. De la même façon, la place que tient l'écriture du voyage dans la naissance de l'autobiographie est significative et les histoires de ces deux genres littéraires se croisent fréquemment. Ces deux aspects, souvent opposés, rarement rassemblés, ne sont cependant pas antinomiques, mais méritent d'être examinés de façon conjointe. En effet, le voyageur, confronté à des lieux et des expériences nouveaux, qui viennent enrichir les connaissances géographiques, est aussi amené à un retour sur soi et à un questionnement sur son identité. Damien Coulon est maître de conférences HDR, à l'université de Strasbourg. Spécialiste des réseaux marchands ; des itinéraires et des voyages ; et de l'expression de l'individuation à la fin du Moyen Âge. Christine Gadrat-Ouerfelli est chargée de recherche au CNRS (Aix-en-Provence). Elle est spécialiste des récits de voyage et de la connaissance du monde au Moyen Âge.