Un régime sous tension : L'Égypte entre reformulations autoritaires et aspirations démocratiques (original) (raw)
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Revue française de droit constitutionnel
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Dispositifs autoritaires et changements politiques. Les cas de l'Égypte et du Maroc
Revue internationale de politique comparée, 2012
La légende dorée de la Révolution française nous a accoutumée à considérer que le Peuple renversait les régimes et que l'explication du changement se trouvait d'abord dans le mouvement social qui se formait. La lecture continuiste de Tocqueville n'a pas amené-du moins pas en dehors de certains cercles-une révision de cette représentation commune 1. Le renversement d'un régime ou d'un dirigeant autoritaire, à la suite d'une série de manifestations, est ainsi presque toujours considéré comme un renversement dont la cause est le mécontentement du Peuple. Le « Printemps arabe » n'a pas contribué à tempérer cette manière de voir, bien au contraire. Certes, les manifestations peuvent être décrites comme un déclencheur de « quelque chose », mais on ne peut comprendre ce déclencheur si l'on ne tient pas compte du contexte dans lequel il opère et de ce qui le déclenche lui-même. La flamme du briquet allume sans doute la mèche et provoque, en ce sens, l'explosion, mais on n'aura pas rendu compte de celle-ci, si l'on n'explique pas pourquoi il y a avait un baril de poudre, une mèche et un homme avec un briquet pour l'allumer. En rendre compte n'est pas aisé, surtout parce que l'on a tendance à prolonger l'explication en se focalisant sur les causes présumées du mouvement social, c'est-àdire les raisons affichées par les manifestants eux-mêmes. Il est possible que celles-ci rendent comptent (tout au moins partiellement) de leurs motivations. Ce n'est, toutefois, pas suffisant. Premièrement, parce que les causes profondes que l'on allègue-la misère, l'injustice ou l'amour de la liberté-eussent pu être pareillement évoquées un mois, une année, voire une décennie plus tôt ; deuxièmement, parce que cela ne nous dit toujours rien sur le succès final de l'opération : ces mêmes régimes avaient résisté à d'autres mouvements, parfois plus violents. La confrontation n'est donc pas, à elle seule, la cause de la victoire des protestataires. Du reste, les travaux de Michel Dobry nous ont montré que les crises politiques possédaient des logiques d'accomplissement et de déroulement complexes, de sorte qu'on ne pouvait pas sérieusement en parler comme d'une cavalcade 2. Ce n'est, toutefois, pas cet aspect des choses dont je vais traiter. Je vais m'attacher à montrer qu'en amont même des crises politiques, il y a eu un affaiblissement de l'autoritarisme lui-même et que c'est d'abord dans cet affaiblissement qu'il faut rechercher l'explication du « Printemps arabe ». Je décrirai cet affaiblissement comme un changement de paradigme, par analogie avec les changements décrits par Kuhn à propos des révolutions scientifiques 3. Il s'agit d'une analogie, parce que je ne chercherai pas à montrer terme à terme que le mécanisme décrit par Kuhn « s'applique » aux changements politiques dans les régimes autoritaires arabes (ou ailleurs). De plus, je prendrai les changements de paradigme dans la version « modeste » de la
Les difficultés des transitions démocratiques en Egypte et en Tunisie
Voilà deux ans que la Tunisie et l'Egypte sont entrées en phase de « transition démocratique ». Après des décennies passées sous des régimes despotiques et gangrenés par la corruption, les tunisiens et les égyptiens se sont rendus aux urnes et ont exprimé leurs volontés dans le respect de la souveraineté du suffrage universel et de la libre concurrence. Le 22 décembre, l'Egypte s'est dotée d'une nouvelle constitution, tandis qu'en Tunisie elle devrait être adoptée courant 2013. Pour autant, les processus électoraux censés assurer la restructuration du paysage politique et traduire les aspirations des révolutions, ne doivent pas être analysés comme les seuls déterminants des réalisations démocratiques des transitions. La légitimité issue des urnes ne constitue pas, à elle seule, le point de basculement des transitions politiques vers l'établissement et la consolidation d'un régime démocratique. Tout d'abord parce qu'un régime démocratique ne se limite pas à des élections. Ensuite parce que les élections s'inscrivent dans des conflits de légitimité qui vont se radicaliser et qu'elles ne représentent pas « les seules formes d'expression des demandes sociales 1 ». Ces processus s'inscrivent depuis le début dans un climat de tensions politiques, institutionnelles et sociales endémiques. La célébration du deuxième anniversaire de la chute de Ben Ali, le 14 janvier, s'est déroulée dans un contexte délétère. La gestion chaotique et les troubles meurtriers en Egypte liés à l'adoption très controversée de la constitution, et à la recrudescence des manifestations à caractère politique, rappellent avec force combien le processus de démocratisation est complexe, fragile et aléatoire.
Égypte : Une révolution politique encore inachevée
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Egypte: Révolution et société civile en gestation
Humanitaire. Enjeux, pratiques, débats, 2011
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