"Hercule et les Muses : Auguste et le renouveau des lettres latines" (dans Y. Rivière, éd., Des réformes augustéennes, Rome, CEFR, 458, 2012, p. 247-271) (original) (raw)

"Virgile au prisme d'Augustin (Cité de Dieu, livre 3)", Poésie augustéenne et mémoires du passé de Rome. En hommage au Professeur Lucienne Deschamps, éd. O. Devillers et G. Flamerie de Lachapelle, "Scripta Antiqua"; 50; Bordeaux, Ausonius, 2013, p. 163-176.

Virgile était pour Augustin le principal interprète de l'esprit national romain et le principal objet de sa critique de Rome, passée et présente 1 . C'est aussi une importante autorité en matière de religion -moindre cependant que celle de Varron -et de pensée ; cette imprégnation est exprimée dès les Confessions chez celui qui pleurait à l'évocation des malheurs de Didon, et elle est ici rappelée 2 . On a souvent relevé dans la Cité de Dieu le caractère inactuel d'une critique d'un paganisme dépassé, mais l'investissement idéologique et culturel de Virgile était important également de la part des lettrés païens de l'époque, comme l'atteste un Macrobe ; c'est ce fondement culturel, qui est aussi le sien propre, qu'Augustin prétend exploiter. La question est : à quelles fins ? Si le miroir que Virgile tend au passé de Rome peut être -forcémentdéformant, Augustin s'emparant de ce miroir 3 selon son projet propre fournirait ainsi un miroir doublement déformant de ce passé réinterprété.

« Huiusmodi, hercle, Aristophanes si cerneret… La première traduction latine des Nuées d’Aristophane par André Alciat », Rire et sourire dans la littérature latine au Moyen Âge et à la Renaissance, sous la dir. de B. Gauvin et C. Jacquemard, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2019, p. 183-199

Il pourrait de prime abord sembler surprenant, si ce n'est paradoxal, de voir le nom de l'humaniste milanais André Alciat 1 (1492-1550) associé au thème du rire et du sourire. En effet, notre auteur doit avant tout sa réputation à son oeuvre philologique et juridique, par nature fondée sur une sévère érudition et rédigée dans un style qui se revendiquait « sec et nu », ainsi qu'à un recueil poétique voué à une immense fortune, les Emblemata, que la postérité a souvent retenu comme une oeuvre purement morale -bien à tort, tant y fourmillent les éléments comiques et satiriques, conformément aux iocoseria dont se réclament indiscutablement ces épigrammes. La veine comique de l'oeuvre d'Alciat, pour discrète et ténue qu'elle soit, est pourtant la plus ancienne dont il ait fait la démonstration publique, puisque la toute première publication dont nous ayons trace est une petite plaquette satirique imprimée à Milan vers 1507-1508 : In Bifum 2 . Le jeune homme s'y attaquait vigoureusement à son ancien maître Giovanni Vincenzo Biffi dans un poème de cent-cinquante-et-un sénaires iambiques intitulé Bifiloedoria 3 , suivi de treize épigrammes en mètres variés. Si 1. Antonio noGARA, « Gli otia di un giurista filologo : il Philargyrus di Andrea Alciato », Laboratoire italien, n o 17, 2016, en ligne, URL : http://journals.openedition.org/ laboratoireitalien/958 ; et Andrea ALCIAto, Filargiro, commedia, Giovanni RoSSI (intro.), Raffaele RUGGIERo (éd. et trad.), turin, nino Aragno, 2017. 2. BARnI, n o 33, l. 4-5 ; AK, n o 926, l. 6-7 : « Vides, opinor, me efutire tragica, nam, si nescis, factus sum ὁ μέγιστος κωμικός et nec Aristophani quidem ipsi dignor cedere. » 3. dès la première page de ses In tres posteriores Codicis Iustiniani libros Annotatiunculae (In tres posteriores Codicis Iustiniani Annotationes…, Argentinae, Ioannes Schottus, 1515, f o 1r o ), il cite Acharniens, 508 afin d'appuyer sa leçon metoecus/μέτοικος. dans le second opuscule du même volume, les Graecae dictiones quae in Digestis ab impressoribus omissae sunt, il invoque également Ploutos, 204 à propos du mot τοιχωρύχοι (f o 37r o ), un autre vers qu'il attribue au Ploutos mais que nous ne sommes pas parvenu à identifier (« ἐγὼ γὰρ ἡμᾶς δεινὰ ἄγοντας λαμβάνον ») à propos de l'expression manifestum fur/κλέπτης φανερός (f o 37r o ), ou encore une simple mention d'Aristophane, sans plus de précision, à propos des κύρβεις (f o 29r o ). dans les Dispunctiones, II, 26 (Paradoxorum ad Pratum Lib. VI. Dispunctionum IIII…, Mediolani, per Alexandrum Minutianum, 1518, f o LxxIxr o ), c'est le Ploutos, sans plus de précision, qui est cité pour illustrer le mot sycophanta, ou les Nuées, 41-42, à propos de la leçon promnestria (I, 22, ibid., f o Lxxr o ). 4. Annotationes in Tacitum, dans P. Cornelii Taciti Libri quinque nouiter inuenti atque cum reliquis eius operibus editi, [Mediolani], ex officina Minutiana, 1517, f o aIIIv o , qui cite Cavaliers, 534. 186 Huiusmodi, hercle, Aristophanes si cerneret…

C. Blonce, « Fortitudo et Indulgentia, l’empereur entre guerre et paix », dans A. Gangloff (éd.), Qualités et vertus de l'empereur dans les inscriptions d'Auguste au début du règne de Constantin, "Miroirs au prince"?, Leiden-Boston, Brill, 2022, p. 359-385.

BRILL eBooks, 2022