Deux planches d'herbier de Madeleine-Catherine Delessert (2012) (original) (raw)

Marie Madeleine et les Cathares, Pierre de Meuse, 2008

Pierre de Meuse, L’Église et les cathares, 2008

Dans ce concert de théories historiques plus que discutables, il en est une qui a pris ces derniers temps une place considérable avec le livre de Dan Brown, c’est la « révélation » de la liaison amoureuse du Christ avec Marie-Madeleine. Pour exploiter la nouvelle veine et prendre sa place dans cette vague de fond qui vient de certains cercles américains, il faut bien selon la recette vue plus haut, relier cette information avec les « savoirs » déjà diffusés. Les pauvres templiers ont déjà été mis à contribution, ainsi que le Graal ; et les cathares ? Dans un article diffusé sur Internet sous le titre « rosa mystica », M. Christian Doumergue (...) nous explique que « de nombreux ouvrages, notamment anglo-saxons, font des Cathares les gardiens de secrets concernant Marie-Madeleine. Cette affirmation a-t-elle un quelconque fondement historique, ou n’est-elle qu’un mythe supplémentaire parmi les innombrables fausses vérités colportées sur les hérétiques par un genre littéraire en mal de sensationnel ? » Cette entrée en matière faussement interrogative a déjà mis en appétit le lecteur ; il va connaître un secret garanti de bonne qualité. M. Doumergue avance des preuves, sous un titre éloquent : la concubine du Christ. Nous allons les examiner...

Diane Meur, autrice du roman La Carte des Mendelssohn

Annales de géographie, 2021

Henri Desbois et Olivier Lazzarotti (HD/OL) : Écrire, comme vous le dites dans votre roman La Carte des Mendelssohn (p. 190), est-ce toujours inventer des lieux, des « lieux romanesques » en l'occurrence ? Toujours produire des espaces habités ? Écrire, est-ce produire des lieux, même si ces lieux sont métaphoriques ? Par cela, tout écrivain n'est-il pas nécessairement géographe ? Diane Meur (DM) : Tout comme il est impossible de raconter une histoire sans référence au temps, il me paraît impossible de le faire sans référence à l'espace. Mais c'est peut-être quelque chose qui m'est propre, ou qui ne s'appliquerait pas à toute démarche d'écriture. Je me garderai donc d'ériger mon expérience en règle universelle. Le fait est que mon imaginaire est très spatial et même géographique, je le constate dans mes rêves. En relisant ceux-ci pour les faire publier en anglais 2 , j'ai été frappée de voir le nombre de fois où ils s'ouvrent sur une mention géographique précise, quoique parfois erronée. Quelques exemples : « Je suis à Bruxelles et je pars faire du jogging, du côté de la rue Vanderkindere et de l'avenue Bel-Air » (7 août 2008) ; « Je dois aller à Villeneuve-Saint-Georges, qui est une ancienne ville impériale avec des palais, des domaines entourés de murs, etc. ; un peu ce que Potsdam est à Berlin, y compris géographiquement. Au sud-ouest, donc » (31 décembre 2009) ; « Je suis à Montréal et je découvre avec beaucoup de plaisir qu'il y a un front de mer avec des marchands de glaces, une promenade en bois au soleil » (2 avril 2010) ; « Je me trouve à Ventspils, qui fait encore partie de l'Union soviétique et où l'on parle russe, avec des soldats de l'Armée rouge, etc. La ville est d'ailleurs traversée par le Rideau de fer, il y a un Ventspils-Est et un Ventspils-Ouest » (12 mai 2010) ; « Un quartier avec de longues rues, des domaines bordés de grilles, des ponts. J'ai le sentiment géographique que c'est dans le coin d'un quadrilatère dont deux bords sont le boulevard Raspail et le boulevard Montparnasse, même si ça n'y ressemble pas du tout » (4 novembre 2010). On dirait bien que même en rêve, je me trouve toujours quelque part sur la carte, et que je ne suis pas capable d'imaginer sans la conscience d'être, physiquement, en un endroit particulier. Et cette présence aux lieux presque physique doit probablement marquer aussi ma fiction. Même dans ceux de mes romans qui campent une géographie complètement inventée, comme Les Villes de la plaine, les lieux n'ont rien de métaphorique ni d'abstrait, et plus généralement ils ne sont pas pour moi un « cadre », une « toile de fond » : c'est une spatialité que je vois vraiment en trois dimensions, que je peux parcourir, etc. Ou, plus

"Dans le paysage, une figure … presque féminine: le triptyque de Marie Redonnet"

Australian Journal of French Studies, 1994

"Un hôtel au bord d'un marais, rongé par l'humidité du dehors, bouché de l'intérieur par la mauvaise plomberie; un hameau coincé au flanc d'une montagne et qui périclite, vidé de ses habitants, de ses institutions; une boutique de souvenirs dans une région boisée, désertée par les bûcherons, qui attend au bord d'une grotte l'arrivée de visiteurs qui ne viennent pas; ce sont là les paysages de fond de Splendid Hôtel, Forever Valley, et Rose Mélie Rose,1 les trois panneaux du triptyque de Marie Redonnet, publiés chez Minuit entre 1986 et 1987... ... Le triptyque de Redonnet se lit en un tourne-main et se ré-écrit à l'infini. A cause de la simplicité presque enfantine de sa phrase, qui fait penser à la lecture d'un journal intime d'enfant, le récit semble presque une transcription de l'oral, difficile, comme si raconter était pénible. Une simplicité déconcertante, avec ce risque du gouffre, de l'arrêt de la parole partout. Car il semble que les narratrices aient tellement de choses à dire et en même temps si peu, si peur des mots, qu'elles pourraient s'arrêter n'importe quand. Il y a donc une fragilité, un lien ténu avec le symbolique. La lecture de ces mots de tous les jours, comme on dit, va laisser des traces d'images intermittentes, des images d'une figure féminine, à peine, à la voix de petite fille naïve, une femme inachevée, en devenir qui tenterait de se construire un récit de sa place dans le monde qui soit audible.

Marie-Madeleine enceinte dans le Livre d’heures de Catherine de Clèves (Murcia, 2020)

Catherine de Clèves a environ 23 ans quand son Livre d’Heures, commencé dix ans plus tôt, lui est enfin livré. Mon hypothèse est que c’est elle-même qui a servi de modèle à l’artiste pour réaliser, non seulement le portrait de Marie-Madeleine enceinte qui y figure, mais également celui de la plupart des saintes qui y sont représentées. C’est la raison pour laquelle, non seulement elles se ressemblent toutes, mais que quelques-unes d’entre elles sont visiblement enceintes.

Marie-Anne Leroudier, née Haug, Panneaux brodés d'après Les Douze mois grotesques de Claude III Audran

Base en ligne du musée des Tissus, 2014

Panneau brodé d'après Les Douze mois grotesques de Claude III Audran : Le mois de janvier Description Marie-A nne Haug est née à B elfort en 1838. Ses parents s'établirent à Lyon alors qu'elle était encore enfant. Elle fut envoyée à l'école des Soeurs Saint-Charl es des Brotteaux, où elle se fit remarquer pour son intelligence vi ve et son aptitude aux travaux d'aiguille. Elle compléta son apprentissage chez une brodeuse. En 1862, elle épousait le dessinateur Jean L eroudier, qui fournit de nombreux modèles pour les maisons Lamy et Giraud ou J oseph-Alphonse Henry, notamment. Il est l 'auteur, par exemple, avec Raton, de la mise en carte des portraits de Charles Frederick Worth offerts par la maison Chatel et Tassinari au célèbre couturier parisien vers 1875 (inv. MT 28347 et MT 2013. 1.2). Grâce à lui, elle commença à réunir une belle collection d'étoffes anciennes qui servirent son inspiration. Elle se fit inscrire au cours municipal de dessin dirigé par Clotilde Ailliod. Deux ans après son mariage, elle monta un atelier de broderie, spécialisé, entre autres, dans la restauration des pièces anciennes, assurant sa réputation auprès des collectionneurs de Lyon, de Paris et de l'étranger. Mais sa nature la poussait à créer elle-même. L'une de ses premières oeuvres fut un portrait de son époux Jean Leroudier, en médaillon. Dès 1867, elle participe à toutes les grandes manifestations internationales. Cette année-là, à l'Ex position universelle de Paris, Marie-Anne Leroudier est gratifiée d'une Mention honorable comme collaborateur de la maison Lamy et Giraud. À l'Ex position universelle de Lyon, en 1872, elle obtient une Médaille de bronze comme collaborateur de la maison Joseph-Alphonse Henry, et deux autres Médail les de bronze à Paris, en 1878, la première comme ex posante et la seconde comme collaborateur de la maison Chatel et Tassinari. À l'Exposition des Arts décoratifs de Lyon, en 1884, elle obtient une Médaille d'or. L'année suivante, c'est une autre Médaille d'or, qui fut la plus haute récompense accordée à la broderie, qui lui est décernée à l'Exposition universelle d'Anvers. En 1887, à la neuvième Exposition de l'Union centrale des Arts décoratifs, à Paris, elle obtient une Médaille d'excellence, seule médaille accordée pour le groupe « Broderies, dentelles et passementeries ». Elle triomphe à nouveau à l'Exposition universelle de Paris en 1889 avec la série des panneaux inspirés par Les douze mois grotesques de Claude III Audran, pour lesquels elle obtient une Médaille d'or dans la section des Arts libéraux. L'auteur du compte rendu de l'Exposition universelle de 1889 publié par Adrien Storck et Henri Martin décrit ainsi l'artiste : « Toute menue, figure expressive éclairée par des yeux vifs qui pétillent lorsqu'on parle avec elle de son art, sourcils noirs et cheveux légers que semble recouvrir la poudre du XIX e siècle, voilà notre brodeuse au physique. Une femme vai llante, la voilà au moral. » En 1892, elle faisait partie du comité d'organisation de l'Exposition des Arts de la femme qui se tint au Palais de l'Industrie. Elle fut aussi membre des comités d'admission à l'Exposition universelle de 1900. En 1888, la municipalité lyonnaise Notice

La Madeleine au Miroir de François Truffaut

La Revue Littéraire N.72, 2018

Cet article est une analyse du film "L’homme qui aimait les femmes" (1977) de François Truffaut. Il s’agit d’une œuvre populaire, et pourtant très peu commentée de ce cinéaste phare de la Nouvelle Vague. Mettant en parallèle cette réalisation avec La Madeleine au miroir du peintre Georges de Latour (1593-1652), je tente de révéler l’usage d’une esthétique très spécifique : celle de la “Leçon de Ténèbres” interrogeant par ce biais les rapports entre la mémoire, l'absence, la mort et la sexualité. Me référant au “devenir-femme” de Deleuze et Guattari, ou à la notion de “mélancolie du désir” que je propose à travers Julia Kristeva et son essai "Soleil noir", j’interroge la place de la mère dans cette œuvre, mais également de Thanatos qui apparait ici comme l’ombre portée d’une femme qui ne voulut jamais réellement de son enfant.

Courtisanes et Redemption par les Arts - Marguerite Gautier et Umrao Jan

Jan (Des Ages d'or aux Regrets, Michel Houdiard Editeur, 2009) Quasi-contemporaines, quoique dans des aires géographiques très éloignées, la France et l'Inde, deux femmes, Marguerite Gautier et Umrao Jan Ada, ont incarné la courtisane au grand coeur en littérature, sur scène, en musique, sur l'écran. Toutes deux sont emblématiques de la vie fastueuse de deux capitales, Paris à l'époque romantique, Lucknow sous les Nawabs, alors au zénith de leur rayonnement culturel. A y voir de plus près, que de différences, cependant. Dessinée par un Dumas fils moralisateur et tourmenté, Marguerité Gautier -de son vrai nom, Marie Duplessis -expie sa mauvaise vie par la maladie et la mort précoce. En Inde, en revanche, sous la plume d'un romancier de talent, Mirza Muhammed Hadi Rusva, et malgré les contraintes de la morale islamique, Umrao Jan, à l'issue d'une longue vie aventureuse, pose un regard indulgent sur les humains et « ne regrette rien ».

Deux manuscrits inconnus de Diderot : "Madame de la Carlière" et "Sur les Femmes"

1991

Gerhardt Stenger : Two unknown manuscripts of Diderot : madame de la Carlière and Sur les femmes. The Vienna National Library possesses two Diderot manuscripts that have hitherto escaped the notice of editors of his works. They are intermediate versions of Madame de la Carlière and Sur les femmes which are worthy of the attention of specialists, as not only do the manuscripts inform us about the elaboration or the different stages of their composition, but in addition their close connection gives us a clearer understanding of the relationship between Diderot's writings for Grimm's Correspondance littéraire and his true literary productions.