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l'entrée dans un lieu sacré, on pourrait s'attendre à ce que cette partie du hiéron ait très tôt reçu un caractère monumental. on pense bien sûr aux Propylées de mnésiclès sur l'Acropole qui marquent un tournant dans la composition urbanistique en imposant à un paysage une architecture adaptée avec souplesse à la topographie et en créant un bâti-ment chargé non seulement d'accueillir les Panathénées mais de manifester surtout la grandeur d'Athènes 1. mais qu'en était-il auparavant ? Localement, les antécédents des Propy-lées athéniens semblent maintenant n'avoir rien de particu-lièrement prestigieux, quelle que soit la restitution que l'on adopte, celle de H. eiteljorg ou celle t. tanoulas 2. Dans ce cas, la monumentalisation des entrées serait-elle une invention de l'architecture des Cyclades, si l'on doit suivre les propositions de G. Gruben pour l'entrée du sanctuaire d'Apol-lon à Délos, qu'il restitue comme un édifice prestigieux ionique dès le dernier quart du Vi e s. ? Comme nous sommes en désaccord avec les propositions du savant allemand, c'est l'occasion de présenter nos recherches sur le hiéron d'Apol-lon, de montrer comment les Déliens ont réglé le problème d'accès au sanctuaire et de reposer la question de l'origine des entrées monumentales. I. Les entrées du sanctuaire d'Apollon : topographie et histoire (fig. 1 3) si l'on regarde un plan du sanctuaire, on constate qu'il n'y a pas moins de cinq portes actuellement visibles, ce qui ne veut pas dire que d'autres n'aient pu exister, mais qui ont pu disparaître lors de l'extension du sanctuaire et de la destruction des périboles anciens : • les « grands » Propylées, dont un premier état appartient à l'époque archaïque (GD 5, figs 2-4) ; • l'entrée nord-ouest (44A) entre GD 42 et 44 (fig. 5) ; • la 'porte' nord (35A), entre GD 35 et 47 (fig. 6), qui re-monte au moins à l'époque classique en raison de la date de construction des bâtiments qui bordent le couloir d'entrée (V e s. pour 35 et 47 ; mais, dans un premier temps, elle ne donne accès qu'au domaine de l'ekklésiastérion au sens large ; les bâtiments ne sont rattachés au hiéron qu'entre 190 et 165 av. J.-C. d'après r. Vallois 4) ; • l'entrée nord-est (27A fig. 7), qui connaît deux états, le premier contemporain du péribole (GD 26 = XiX) et, le second , des exèdres GD 27, vers 100 av. J.-C. 5. • le 'Pylône' sud-est (24A), contre l'angle du Prytanée (fig. 8-9), qui doit être contemporain du péribole du néôrion (GD 24), dont la façade est tournée de ce côté ; le bâtiment fut sans doute construit par Démétrios Poliorcète pour cé-lébrer la victoire de salamine de 306 av. J.-C. 6 Deux de ces entrées (44A, 35A) sont relativement mo-destes et se présentent comme de simples portes, dont on ne possède que les substructions pour l'entrée nord-ouest, mais dont est conservé un seuil dans le cas de 35A. Dans un premier état l'entrée nord-est était formée par un simple décrochement dans le péribole, mais le système de ferme-ture n'a pas laissé de traces ; vers 100 av. J.-C. on construi-sit un édicule à fronton, perpendiculaire au mur de péri-bole. seules les deux autres entrées, les Propylées du sanctuaire et l'entrée sud-est ont reçu une parure monu-mentale, dont nous reparlons ci-dessous. 1 leS entReeS dU SanCtUaiRe d'aPollon a deloS 1. Dinsmoor 2004 ; sur le rôle des Propylées dans le programme pé-ricléen Étienne 2004, 81-82. 2. Ci-dessous, p. 000 et n. 000. 3. sur la fig. 1 les chiffres romains numérotent les périboles; pts = puits. Les numéros en chiffres arabes renvoient au Guide de Délos (GD) ou ont été rajoutés à la numérotation du guide et portent alors un chiffre et une lettre (44 A). Je tiens à souligner que cette étude est l'aboutissement d'un travail d'équipe sur le sanctuaire d'Apollon que nous dédions tous avec plaisir à manuel Korrès. Lui qui dessine si bien trouvera peut-être un peu sèches les restitutions 3D, mais elles offrent un autre regard sur le sanctuaire. 4. Cf. VALLois, 1929, 279-312 et 311-312 pour les datations que j'accepte, ne disposant d'aucun élément pour les rejeter ; la date de construction des bâtiments, Graphè (GD 35) et ekklésiastérion (GD 47) est vraisemblable en fonction des coutumes déliennes de construction ; en revanche, la chronologie des transformations et la date de rattachement au hiéron sont plus aléatoires. 5. Courby 1912, 47-56. 6. Je défends la date traditionnelle, cf. ci-dessous, p. 000.