"L'animal au cirque. Communion civique et diverstissement collectif autour de l'asservissement et de la mort animale", Revue Semestrielle de Droit Animalier (RSDA), 2016/2, p.191-208. (original) (raw)
Etrange destinée en effet que celle de ces nobles quadrupèdes, nés aux dernières limites de l'Orient, puis trainés de maître en maître, de contrée en contrée, jusque dans un monde nouveau où, après les avoir pris pour des boeufs et éprouvé à leur vue une extrême terreur, on finit par les faire servir de jouet à une populace ignorante et grossière. » (Pier Damiano Armandi, Histoire militaire des éléphants, Paris, 1843, p. 129) D'un point de vue étymologique, le terme de « cirque » est emprunté au latin circulus (cercle), lui-même dérivé de circus, pour désigner « l'enceinte circulaire où on célèbre les jeux » 1 . D'emblée, ce sont deux éléments qui retiennent notre attention : un rassemblement humain festif, autour d'une arène. Cette scénographie ancienne est devenue l'une des spécificités d'un spectacle qui, par ailleurs, fait intervenir des animaux. Si le cirque fait spontanément penser aux jeux romains, le sens courant d'aujourd'hui désigne une forme de spectacle qui, d'un point de vue cette fois-ci historique, trouve son origine dans les exercices hippiques sur piste produits par les cavaliers anglais et par la suite agrémentés d'intermèdes comiques. L'histoire du cirque, tel qu'on le connaît aujourd'hui, se trouverait donc directement en lien avec l'art équestre anglais de l'époque moderne. Cependant, sans tisser une généalogie artificielle entre les jeux du cirque romain et le cirque contemporain, il n'est pas interdit de les rapprocher pour réfléchir au sens de cette mise en scène si spécifique qui s'inscrit, au-delà de ses diverses concrétisations, dans la longue tradition des spectacles animaliers.