Marie-Catherine Guyot : une danseuse professionnelle du XVIIIe siècle, entre norme et invention (original) (raw)
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Manon Lescaut : L’Ériphile du XVIIIe siècle
Le monde français du dix-huitième siècle, 2023
Manon, le personnage titulaire du roman l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, abrégé simplement en Manon Lescaut dans les éditions ultérieures, est réduite à un après coup. Bien qu'elle soit présente dans le déroulement de l'action, il a déjà été observé que ses sentiments et la majorité de ses paroles sont rapportés ou paraphrasés par des Grieux, le narrateur, et de ce fait, Manon est arbitrée et réfractée par les biais émotionnels, sociaux, et moraux de son amant 1. Une des études modernes les plus importantes est celle d'Alan J. Singerman qui a perçu Manon Lescaut comme un roman janséniste 2. Ce texte entre en conversation avec l'essai de Paul Hazard, où il conteste que l'abbé Prévost ait souligné « la merveilleuse intervention de la Providence » 3. Singerman développe la perspective de Hazard en commentant les spécificités de la philosophie augustinienne qui soutient la structure du roman de l'abbé Prévost. Selon lui, Manon Lescaut oscille entre l'amour divin-représenté par l'amitié charitable entre des Grieux et Tiberge 4-et l'amour propre, soit le désir charnel-représenté par la relation entre des Grieux et Manon 5. Le langage employé et le code maintenu par des Grieux sont remarquables pour leurs éléments théologiques, même dans les contextes profanes 6. La Manon de Singerman est « l'incarnation de concupiscence » 7 avec un « goût pour la vie mondaine » 8. Mais ce qui la rend « mondaine » est trop grand et vague-cette généralisation ne définit pas qui Manon Lescaut est spécifiquement. Hazard va jusqu'à dire que « les graves pensées se gardent bien d'entrer [en] son esprit » 9. Les perspectives chrétiennes amoindrissent l'importance de Manon. Dans son oeuvre sur la carrière de Prévost, Jean Sgard tente de répondre à ces questions. À son avis, Manon Lescaut est un roman chrétien, « mais on saurait non plus voir dans cette morale une survivance et la simple preuve que Prévost reste tributaire de son passé » 10. À l'inverse de Singerman et Hazard, Sgard pense que des Grieux parodie le jansénisme et le jésuitisme 11. Il observe que le roman, et d'ailleurs tout l'ouvrage du romancier, comporte des éléments autobiographiques. La vie de Prévost et le récit de des Grieux se confondent 12. Il présume que Manon Lescaut a pris le temps le plus court de tous les romans de Prévost entre plume et publication 13. La facilité de cette écriture s'explique comme
Marijo Gauthier-Bérubé. L’épave du Machault, 1760 : entre tradition et innovation
Mémoire de maîtrise, Université de Montréal, 2015
This study addresses the shipbuilding industry for the middle of the eighteenth century in France in the region of Bayonne. It aims to document the relation between the regional shipbuilding tradition and a globalisation of naval techniques, as this period has been interpreted as one of abrupt change. The Machault, a French frigate built in Bayonne in 1757 and lost in Chaleur Bay, Québec, in the context of the Seven Years War en 1760 will be the object of this study. The archaeological analysis of the frigate gave us a unique vision of the eighteenth century shipbuilding industry. The analysis is organised in three main parts. First, the aspect of forestry will be addressed in order to understand the nature of the timbers resources that were used to build the frigate. Then, the thesis looks at the architectural design of the ship, based on theoretical considerations that reveal the ways of designing a ship. Finally, the carpentry will be analysed to dissect the assembly sequence of the ship, so as to analyse the construction itself. Together, these three main aspects will draw a portrait of the shipbuilding industry for the region of Bayonne in the mid-eighteenth century. Cette étude s’intéresse à l’industrie de la construction navale pour le milieu du XVIIIe siècle en France dans la région de Bayonne. L’objectif est de documenter la relation qu’entretiennent les pratiques de construction traditionnelles et innovatrices à cette période. L’architecture de la frégate le Machault est au cœur de cette analyse. Construit en 1757 à Bayonne et perdu en 1760, le Machault a été fouillé, documenté et parallèlement récupéré par les archéologues de Parcs Canada entre 1969 et 1972 à Ristigouche dans la baie des Chaleurs, Québec. Cette étude constitue la première analyse architecturale approfondie menée sur ces vestiges. L’analyse est réalisée en trois temps qui correspondent aux trois grandes étapes de la chaine opératoire de la construction du navire. Tout d’abord, il est question d’aborder l’aspect de la foresterie afin de saisir la nature de la ressource forestière mobilisée pour la construction de la frégate. Ensuite, ce mémoire se penche sur la conception architecturale des navires qui renvoie à un aspect plus théorique, car il relève de la façon dont les formes du navire ont été « pensées ». Enfin, la charpenterie est abordée afin de saisir la séquence d’assemblage du navire. Ensemble, ces trois grands aspects dressent un portrait général de la construction navale pour la région de Bayonne au milieu du XVIIIe siècle.
Anne-Marie Stretter danse : fonctionnement du bal dans les œuvres de Marguerite Duras
Sur quel pied danser (Edward Nye, ed.), 2005
De la scène originelle à la toile de fond la plus imperceptible, les scènes de danse et plus particulièrement les scènes de bal sont légion dans l'oeuvre de Marguerite Duras. À cette abondance fait écho une masse d'écrits critiques qui tentent, de près ou de loin, d'expliquer la récurrence et les fondements du motif de la danse. Madeleine Borgomano, par exemple, y voit une variation sur le thème de la déchéance paternelle, et ce depuis La vie tranquille 1 . Son analyse est forte, mais s'attache assez peu aux répétitions structurelles de détail. Or, il nous paraît indispensable de nous pencher sur la structure spécifique à l'oeuvre dans la construction des scènes de bal. L'objectif sera donc de démontrer, au-delà de la simple analyse structurale, que la danse détient une puissance communicative et créatrice qui transcende tout recours à un langage codifié. Pour ce faire, nous alignerons en perspective des oeuvres de Duras L'entretien infini de Maurice Blanchot. Mais aussi, en plus du corpus durassien, nous nous attellerons à prouver que les oeuvres en langue française de la seconde moitié du vingtième siècle peuvent être lues selon les critères que nous allons dégager, pour autant qu'elles comportent des scènes dansées. Anticipons encore un peu sur les futurs développements en indiquant que la question du temps, et en particulier de l'atemporalité, tient une place de choix dans cette perspective. Par « atemporalité » nous entendons la suppression du temps chronologique et le suspens du temps personnel à l'intérieur de la fiction, au profit d'un instant d'éternité. Ces prémisses mises en place, nous pouvons entreprendre le parcours que nous nous sommes fixé : par les principaux exemples du Ravissement de Lol V. Stein, du Vice-consul, d'India Song et de L'amant de la Chine du Nord, nous nous préparons à mettre en lumière les principaux traits de la danse comme langage dans l'oeuvre de Marguerite Duras. Si le choix des trois premiers livres semble couler de source, tous appartenant à ce cycle de textes au sein desquels évoluent, parfois de manière contradictoire, les mêmes personnages, le fait d'y ajouter L'amant de la Chine du Nord peut paraître étrange. Cette attention portée à un texte tardif nous est d'abord dictée par la nécessité de prouver que la spécificité de la construction de la scène de danse chez Duras demeure tout au long de son oeuvre. Ensuite, le besoin d'inclure cette autofiction répond à une volonté de se concentrer sur le personnage d'Anne-Marie Stretter, nettement plus présent dans le texte de 1991 que dans le prix Goncourt 1984. En effet, c'est presque sous le patronage de la femme de l'ambassadeur que se place l'histoire d'amour unissant l'enfant et l'amant chinois : leur première conversation tourne autour du personnage fascinant d'Anne-Marie Stretter et la Valse Désespérée qu'elle exécute au piano parcourt les rues durant tout le roman. Enfin, la danse occupe une position infiniment plus grande dans la « réécriture » de L'amant que dans l'original, fait sans doute lié, d'une manière ou d'une autre, à la présence quasi fantomatique de la danseuse la plus récurrente de l'univers durassien.
Questions d'esthétique au XVIIIe siècle - Danse-expression
La question de l'expressivité du corps, de sa capacité à exprimer des passions ou à « raconter une histoire » a interrogé de façon presque subversive notre culture occidentale. Dès l'Antiquité, un discours théorique s'est développé soutenant ou infirmant la légitimité du langage du corps et par la même occasion la capacité de la danse à communiquer autant que la parole. La danse, que peut-elle exprimer ? Peut-elle « raconter » ? Est-elle intelligible, traduisible ? Est-elle un langage à l'instar du verbal ? Ce sont les questions qui, à travers les siècles, ont sans cesse interrogé la relation entre la danse et le verbal. Dans ce cadre et de façon significative, le « livret de ballet », interface entre la danse et la parole, représente un point privilégié pour étudier cette relation.