Paulhan, Le moins d'œuvre.doc (original) (raw)

Une éclatante discrétion : Jean Paulhan et le pouvoir dans les lettres

Tangence, 2006

Omniprésent dans les discours sur Jean Paulhan, le mythe de l’éminence grise n’a pourtant guère été objet d’analyse. Pour voir ce qui se cache et se dévoile dans ce cliché vivace, l’auteur examine les textes qui le mettent en forme et les déterminations socio-historiques présidant à son émergence. On découvre ainsi que Paulhan transforme le flou inhérent au capital social en énigme à déchiffrer et qu’un ethos du secret anime aussi bien ses récits et critiques que sa pratique de la sociabilité.

Jean Paulhan et Gaëtan Picon, Des éditeurs entre tradition et transmission

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2010

Proches par l'époque et le caractère absolu de leurs parti pris respectifs pour l'art et la littérature, Gaëtan Picon et Jean Paulhan proposent chacun une méthode et des critères de lecture et d'évaluation des oeuvres. Figures marquantes de l'histoire littéraire du livre et de l'édition 1 , l'étude comparée de leurs méthodes critiques d'évaluation permet d'éclairer la fonction de l'éditeur et la nature de l'acte éditorial au XX e siècle 2. Malgré leurs différences d'approche et de pratique intellectuelle, on peut en inférer une conception commune de la médiation éditoriale, mais s'agit-il d'une conception ancienne issue de la tradition du livre-comme pourrait le suggérer une confrontation au modèle scolastique et humaniste de la lecture ?-, ou d'une méthode nouvelle de transmission des oeuvres propre moins à l'époque qu'à la personnalité des deux contemporains ? DEUX EDITEURS ESSAYISTES Le choix de la comparaison entre Jean Paulhan et Gaëtan Picon relève d'abord d'une raison objective-ils appartiennent à la même époque, ce qui permet d'éliminer les différences contextuelles susceptibles de parasiter l'approche de leurs démarches respectives. Certes, ils ne sont pas tout à fait de la même génération, Paulhan, né en 1884 a presque 17 ans de plus que Picon, né en 1901, mais Paulhan meurt âgé, en 1968, sans avoir vraiment arrêté de travailler, tandis que Gaëtan Picon disparaît prématurément, en 1976, à l'âge de 61 ans alors qu'il devait remplacer Balthus à la tête de la Villa Médicis, à Rome. Ils appartiennent donc à un moment donné au même espace littéraire et artistique dans lequel ils occupent des places différentes mais également en vue : Gaëtan Picon est présenté comme un essayiste, critique littéraire et critique d'art, qui fut directeur des Éditions de Mercure de France, fondateur en 1966 de la revue l'Éphémère avec André du Bouchet, Yves Bonnefoy, Louis René des Forêts, Michel Leiris et Paul Celan, co-responsable de la collection des Sentiers de la création publiée par Albert Skira, mais aussi et surtout un homme public, Grand Commis de l'État, chargé de la direction des Arts et des lettres auprès de son ami André Malraux. Les portraits de Jean Paulhan ne manquent pas, qui le présentent comme l'éminence grise des lettres françaises, en particulier par sa fonction de directeur de la NRF-institution française s'il en est. Il en fut le secrétaire, dès 1925, succédant à Jacques Rivière aux côtés d'André Gide, mais fit aussi partie de façon officielle ou officieuse, de nombreux comités littéraires de revues influentes, parmi lesquelles Mesures, Commerce ou de maisons d'édition comme Gallimard bien sûr, comme Le Mercure de France, rachetées par Gallimard en 1958, et que Gaëtan Picon dirigea de 1963 à 1965. Évoluant dans la même sphère, ils ne s'y fréquentent sans doute que de manière polie, y adoptent des stratégies différentes et Jean Paulhan semblait considérer que Gaëtan Picon (comme Max Pol Fouchet) s'accrochait à la gloire de Malraux pour en obtenir une charge et était plus sensible aux honneurs de la République qu'à la République des lettres. Ils ont à la fois des amitiés et admirations communes-Henri Michaux qu'ils ont tous deux publié, Georges Seféris, Saint John Perse, Noël Devaulx et beaucoup d'autres, mais aussi des goûts et jugements radicalement opposés : Yves Bonnefoy, qui à partir de Du mouvement et de l'immobilité de Douve en 1953, ouvrage dont Paulhan n'avait pas voulu 3 , publia au Mercure de France presque l'essentiel de son oeuvre 4 et n'a jamais été publié chez Gallimard à l'exception de quelques traductions en Poésie Gallimard ou en Folio. Paulhan ne le considérait pas comme un « très grand poète 5 » comme il le confie à Ponge dans une lettre 6. Si le regard critique de Jean Paulhan semble porter prioritairement sur la littérature, ensuite sur la peinture, ce serait plutôt l'inverse chez Gaëtan Picon, mais c'est là une mesure qu'un pesage minutieux de leurs contributions, de leur soutien respectif à l'un et l'autre art, tendrait à relativiser : on vît, en février 1974, au Grand Palais, une exposition consacrée à « Jean Paulhan à travers ses peintres 7 » et en 1979, au Musée national d'art moderne, une exposition intitulée « L'oeil double de Gaëtan Picon 8 ». Ils ont surtout en commun d'avoir, en parallèle à leur activité de médiateurs, écrit des ouvrages critiques, des essais sur la poésie et la peinture, des récits qui formalisent leur conception et leur politique de lecture et singulièrement les anthologies critiques de littérature contemporaine que tous deux ont tenu à concevoir et publier sous leurs noms propres : Poètes d'Aujourd'hui de Jean Paulhan 9 et Panorama de la nouvelle littérature française 10 de Gaëtan Picon, deux entreprises dont on soulignera les nombreux recoupements ou choix communs, y compris dans le traitement spécial des poètes « consacrés » que sont Aragon et Éluard 11. À travers leurs écrits, malgré leurs différences et divergences de goût et de choix, il semblerait donc qu'une sorte de parenté subtile dans l'art de lire et de transmettre puisse lier ces deux grands lecteurs. CRITIQUE ET PARATEXTE EDITORIAL 3 Sur l'avis de Grosjean à qui il avait demandé une note de lecture.

Jean Paulhan et l’obsession du plan

Itinéraires, 2020

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Jean Paulhan, rédacteur en chef de La nouvelle revue française de 1925 à 1930

Études littéraires, 2009

Cet article décrit comment Paulhan, en cultivant soigneusement le cercle de ses correspondants, crée un grand réseau d’écrivains et d’intellectuels qui lui permet, dans un laps de temps qui va de 1925 à la Seconde Guerre mondiale, de faire de La NRF la revue littéraire la plus autorisée de France.

Carl Trahan. L’ombre des mots

2016

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Proudhon et ses juges. AFHJ, La documentation française 2014

Proudhon et ses juges. Un auteur en justice, et sa critique de l'institution Au début de l'année 1838 Pierre-Joseph Proudhon obtient une bourse d'étude de l'Académie Suard de Besançon, expression du philanthropisme de la Monarchie de Juillet qui devait favoriser l'ascension sociale de capacités démunies. Monsieur Pérennès, secrétaire de l'Académie qui voit le jeune ouvrier typographe à la bibliothèque municipale, lui suggérant de suivre des études de droit, la réponse signale le tempérament du jeune homme : « Je n'ai nulle envie de suivre un cours de droit. Tout le système de nos lois est fondé sur des principes qui n'ont rien de philosophique (…) Des conventions humaines basées sur la conquête, l'esclavage, la force, le privilège ou la barbarie, c'est le fond même de notre droit » 1. Et le lauréat confirme a priori son désintérêt pour le droit en optant à Paris pour des études de philologie. Sauf que, de la philologie à la remise en cause de la propriété, il ne se passe pas deux ans, et le scandale provoqué en 1840 par la publication du Premier mémoire sur la propriété le contraint à réviser son jugement. Il faut dire qu'il avait audacieusement dédicacé son ouvrage aux jurés Suard, auxquels il annonçait avec emphase : « si j'anéantis la propriété, c'est à vous, messieurs, qu'en revient toute la gloire » ; après avoir désavoué l'ouvrage, les braves bourgeois suspendent la dernière année de la pension d'étude. Menacé de devoir quitter Paris, Proudhon est sollicité par monsieur Turbat, magistrat du Tribunal correctionnel de la Seine qui souhaite se présenter aux élections législatives et veut augmenter ses chances par la publication d'une étude sur la prison préventive : il cherche un nègre ! Malgré ses hésitations, l'urgence de se maintenir à flot pousse Proudhon à accepter la proposition du juge, chez qui il travaille entre février et août 1841 2. Pendant quelques mois, il lit des ouvrages de droit et élabore des notes à partir desquelles il devait rédiger le livre en suivant les indications du juge. Or les notes des cahiers de lectures pointent une réflexion sur la légitimité du droit de punir, thème qui le retiendra bien au-delà de sa collaboration avec