"Interroger le quartier": quelques repères terminologiques et méthodologiques (original) (raw)

Le terme quartier -comme son équivalent en turc, mahalle, plutôt que semt-appartient tant au vocabulaire courant qu'il en est devenu presque vide de sens, galvaudé. Avant toute chose donc, il nous faut tenter de retrouver ses sens premiers, de façon à en préciser et critiquer les usages ultérieurs. Parallèlement, on essaiera très brièvement de synthétiser les types d'approche -et les dérapages inhérents à chacun d'entre eux-, dont il fait l'objet en sciences-sociales (sociologie, géographie, histoire, science-politique, anthropologie...), afin de se prémunir de quelques travers et de mieux définir notre propre problématique générale. D'après le Dictionnaire Historique de la Langue Française (p. 1863, Vol.2) le terme quartier, issu du latin quartus, "quatrième" apparaît en français dans le sens de "quatrième partie d'un tout" vers 1080. Le sens de division territoriale n'est attesté qu'à partir de 1150, mais à une échelle d'abord large, celle du pays ou de la contrée. Ce n'est qu'au XVème siècle que le terme commence à renvoyer à la "division d'une ville", même si dès le XIIIème le dérivé quartenier est employé pour désigner un "officier préposé à la surveillance d'une portion de ville". On retiendra que dès l'origine le terme est lié à l'idée de contrôle 1 , comme le confirme l'usage carcéral qui s'impose au début du XIXème, quartier pouvant dès lors signifier "partie d'une prison affectée à une catégorie de détenus". Il faudrait faire pour la langue turque la même investigation philologique, pour savoir si l'on peut ou non repérer cette connotation autoritaire dans le terme de mahalle. Si l'on se réfère cette fois au Dictionnaire de l'Urbanisme et de l'Aménagement (publié par les PUF en 1988), le quartier y est défini comme : "Fraction d'un territoire de ville, dotée d'une physionomie propre et caractérisé par des traits distinctifs lui conférant une certaine unité et individualité