Depuis l'Afrique, à l'adresse du monde. Recension d'"Écrire l'Afrique-monde" (original) (raw)
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Achille MBEMBÉ et Felwine SARR (dir.), Écrire l’Afrique-Monde
Article, 2018
La littérature négro-africaine a produit des travaux qui se sont révélés comme une « archéologie » de la « bibliothèque coloniale ». Elle a donné le ton à une littérature anticolonialiste qui s’était donnée pour mission non seulement de déconstruire l’idéologie coloniale, mais aussi de réhabiliter les peuples opprimés et objectivés qui en étaient victimes, réhabilitation qui pas- sait par une réécriture des civilisations d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie, des Caraïbes, de l’Océan indien et du Pacifique, soupçonnées d’être « barbares ».
International Journal of Francophone Studies, 2015
Ancrés dans les réalités historiques et politiques du Cameroun, mais nourris également par leur expérience de l’exil voire par un certain nomadisme intellectuel, les penseurs Achille Mbembe et Célestin Monga partagent un même projet: repenser la situation de l’Afrique dans le monde, et développer sur l’état du monde contemporain un point de vue neuf depuis l’Afrique. Si Mbembe est aujourd’hui célèbre pour avoir théorisé, d’une part, la postcolonie (ou les formes contemporaines de l’imagination politique en Afrique) et, d’autre part, l’afropolitanisme ou la manifestation d’une ‘nouvelle sensibilité africaine dans un nouvel âge de dispersion et de circulation’, l’œuvre de Célestin Monga, en apparence plus littéraire, décline sous la forme de carnets de voyage et d’essais critiques une pensée tout aussi originale, puisqu’elle aborde les aspects créatifs de la vie quotidienne en Afrique, ainsi que les grandes dynamiques de la mondialisation au prisme du nihilisme philosophique. Cet article expose donc les grandes lignes de ces pensées gémellaires, dans leurs convergences et dans leurs singularités, pour analyser ensuite quelques tensions ou paradoxes dans leurs positions critiques et dans leurs postures littéraires respectives. Rooted in the historical and political realities of their native country, Cameroon, and yet deeply influenced by their common experience of exile and intellectual nomadism, historian Achille Mbembe and economicist Célestin Monga share many commonalities, among which the ambition of rethinking Africa’s contemporary situation at a world scale as well as their attempt to understand the contemporary world from an African viewpoint. Achille Mbembe is now well known for his theorization of the postcolony (or the forms of political imagination in Africa), as well as for his concept of Afropolitanism, which characterizes ‘the new African sensibility in the age of diaspora and globalization’. Célestin Monga, for his part, has developed, through various travelogues and essays, an original thought based on a nihilist understanding of the creativity at work in the various aspects of ordinary life in Africa, yet also taking into account the major dynamics of globalization. Building on the biographical and intellectual analogies between Monga and Mbembe, this article explores their common assumptions as well as the major lines of their dissent; it then focuses on certain tensions and paradoxes in order to outline the main differences in the critical and literary postures of both thinkers. Mots clés / keywords : indiscipline posture postcolonialisme afropolitanisme nihilisme écriture de soi
À Propos Des Écritures Africaines De Soi
Politique africaine, 2000
À propos des écritures africaines de soi L'interrogation philosophique sur les conditions d'accès du sujet africain à la plénitude de soi s'est historiquement faite sur le mode liturgique de la victimisation. Deux courants idéologiques principaux ont, sur ces bases, prétendu fonder une politique de l'africanité : le courant marxiste et nationaliste et le courant dit « nativiste ». Contre leur penchant à la « clôture identitaire », cet article souligne que les représentations africaines de soi se forgent à l'interface de l'autochtonie et du cosmopolitisme. La réflexion épistémologique, dès lors, ouvre sur le débat politique. «… la seule subjectivité, c'est le temps 1 .» Au cours des deux derniers siècles, des courants de pensée dont l'objectif était de conférer de l'autorité à un certain nombre d'éléments symboliques intégrés à l'imaginaire collectif africain auront vu le jour. Certains ont fait école; d'autres sont demeurés à l'état d'esquisse 2. Très peu auront brillé par leur richesse et par leur créativité, encore moins par leur puissance. En effet, des facteurs de divers ordres ont empêché l'éclosion de pensées qui, à partir de l'avenir, auraient éclairé le sens du passé et du présent africains d'une manière qui fasse, pour ainsi dire, esprit. L'effort consistant à élucider les conditions dans lesquelles le sujet africain pourrait accéder à la plénitude de soi, se rendre compte de soi et n'avoir de compte à rendre qu'à soi a, très vite, buté sur deux formes d'historicismes qui auront conduit tout droit à un cul-de-sac. D'abord l'économicisme et son pesant d'instrumentalisme et d'opportunisme politique. Ensuite le poids des métaphysiques de la différence. Toutes deux, ces formes d'historicismes ont fait le lit d'une irrémédiable confusion entre l'imagination et la raison, le mythe et l'utopie, l'ordre de l'explication, l'ordre du fantasme et l'ordre du désir.
Actes du colloque international 5 & 6 septembre 2017 Abidjan:Le paradigme Afrique-Occident dans une dynamique de globalisation des littératures, arts, et cultures, 2017
La diversité des écritures en Occident comme en Afrique autorise l’emploi au pluriel du concept « poétique » en tant que théorie et méthode interprétative de la littérarité. Il y a des poétiques occidentales et des poétiques africaines comme il y a une âme créatrice de l’Occident distincte de celle de l’Afrique du fait du substrat culturel qui alimente les créations hétérogènes en circulation dans ces deux aires géographiques. Cependant, un regard croisé des littératures du paradigme Occident-Afrique laisse entrevoir des paramètres généraux d’esthétisation poétique comme communauté universelle. Une poétique comparée adossée au modèle d’analyse de la littérature générale et comparée fait ressortir, au-delà de tous les particularismes de chaque littérature du paradigme Occident-Afrique, des centres d’intérêt communs aux différentes écritures de ces deux espaces géographiques. Fonctionnant comme des vases communicants, les littératures d’Occident et d’Afrique peuvent donc être interrogées à la lumière d’une poétique générale qui implique du même coup le caractère universel de la création littéraire. Mots clés : Occident, Afrique, poétique, littérature, écritures, poétique universelle