Une bibliothèque pour devenir noble : le cas François-Arthus Duhamel (original) (raw)
Lorsqu'en 1659, Charles Duhamel accède aux bancs de l'Ombrière 1 , il est alors le premier de son nom à entrer au Parlement. Ce jeune homme de vingt-six ans consacre l'ascension d'une famille sortie de la roture. Son père, Nicolas Duhamel, avait accédé au second ordre par l'achat d'une charge de secrétaire du Roi en 1638. Patiemment, il avait ensuite inscrit sa famille au sein du monde parlementaire, en mariant sa fille, Marie, au conseiller au Parlement Joseph Dubourg 2 , tandis que son fils Charles, épousait en 1660 une fille du président François-Arthus Lecomte de Latresne 3 , l'un des magistrats les plus en vue de l'époque. C'est donc de ce grand-père illustre, qui fut probablement son parrain, que François-Arthus Duhamel tient ce prénom original. En l'espèce, la trajectoire de la famille est tout à fait caractéristique du modèle d'ascension sociale tel qu'on le connaît à Bordeaux et le parcours des Duhamel n'est pas sans rappeler celui des familles Viaut, Denis, Labat de Savignac et de quelques autres encore 4 . Mais si les Duhamel n'étaient pas les seuls à présenter ce profil, il n'en demeure pas moins que ces lignées côtoyaient à la cour des familles capables de prouver des filiations remontant au XIV e siècle comme les Castelneau (1380) ou les Duvigier (1338) ou des dynasties au service de la cour depuis un siècle et demi, à l'instar des Lecomte de Latresne ou des Pontac. Dès lors, pour compenser ce que l'on pourrait envisager comme un déficit identitaire, ces nouveaux venus se devaient d'adopter des comportements propres à leur nouveau milieu social et susceptibles de faire oublier leur ancienne roture. Cette intégration passait bien sûr par l'adoption des divers éléments du paraîtrel'hôtel particulier et son décor, la seigneurie 5 et les loisirs nobles qu'elle offrait, comme la chassemais aussi par le développement d'une culture caractéristique du milieu parlementaire. C'est bien en cela que la bibliothèque du magistrat au Parlement François-Arthus Duhamel nous intéresse ici.