Deux conceptions de la nation : le débat franco-allemand entre David Friedrich Strauss, Mommsen, Renan et Fustel de Coulanges en 1870-1871, in : Académie des sciences, Belles Lettres et Arts de Besançon et de Franche-Comté., Procès-Verbaux et Mémoires, vol. 203, 2017, p. 41-58. (original) (raw)
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Joseph Jurt Deux conceptions de la nation : le débat franco-allemand entre David Friedrich Strauss, Mommsen et Renan et Fustel de Coulanges en 1870/71 Le contexte historique de l'annexion de l'Alsace-Lorraine Pendant la guerre franco-prussienne de 1870/71 il y a eu un débat intense entre des intellectuels français et allemands, débat qu'on ne trouvera plus au moment de la Première Guerre mondiale lorsque les intellectuels, de part et d'autre, restaient sur des positions totalement antagonistes. 1 Le critère de la langue a joué un rôle capital en 1870 lorsque les intellectuels exprimèrent la conception nationale des deux pays qui devait justifier ou mettre en question la légitimité de l'annexion de l'Alsace-Lorraine. A la conception 'objective' et culturelle de la nation du côté allemand s'opposait une conception ancrée dans la volonté des citoyens et non pas dans la langue et la culture du côté français. Ces définitions étaient liées à une situation historique concrète et ne sont ainsi que partiellement généralisables. Il convient de préciser le contexte historique du conflit : L'Allemagne entendait dès les années 1830 réaliser son unité nationale dans la liberté en dépassant le particularisme des principautés féodales. Bismarck, le chancelier de la Prusse, reprit cette idée non pas dans un sens libéral, mais concevant l'unité nationale comme une confédération d'états monarchiques sous l'égide de la Prusse. La France du Second Empire s'opposait à l'idée d'une unité allemande considérée comme une modification du status quo établi en Europe depuis 1815. 2 Ce qui a été décisif, c'est la victoire prussienne sur l'Autriche à Sadowa en 1866, ce qui écarta cette dernière du concept de l'unité germanique. Dans la suite s'est constituée en Allemagne la confédération du Nord, et la Prusse doublait sa puissance avec 25 millions d'habitants. 3 Peu 1 Voir par exemple Jürgen von Ungern-Sternberg/Wolfgang von Ungern-Sternberg, Der Aufruf ‚An die
Revue de l'Institut de Sociologie, no. 1-4, 1996, pp. 201–212., 1996
Le concept de nation chez M. Mauss comparé à la question actuelle des identités nationales et culturelles en Europe. À partir d'études de cas de l'histoire politique contemporaine, aussi différents l'un de l'autre que la formation des nations balkaniques, au tournant du dernier siècle, et la situation des immigrés en France ou des migrants en Europe, j'essaie de montrer que les concepts de 'nation', 'nationalisme' et 'citoyenneté' doivent être appréhendés autant comme des constructions identitaires que politiques et juridiques. Il importe donc de concilier les approches historique, sociopolitique et anthropologique de l'idée de nation et essayer de comprendre la construction des identités, des relations interethniques et des valeurs interculturelles dans le monde actuel, que ce soit en Europe, en ex-Yougoslavie ou au Maghreb.
La réflexion porte sur l’idée de nation italienne chez les Juifs de la péninsule aux xve-xvie siècles. Par-delà la diversité des coutumes et des origines, le sentiment d’appartenance commune permet de parler de « Juifs italiens », écrivant volontiers en italien et ayant abondamment recours à des formes culturelles partagées. En outre, on observe une structuration institutionnelle à l’échelle de l’Italie, via des conciles organisés de façon irrégulière depuis la fin du xive siècle. Il semble ainsi possible de parler d’une naissance de la nation juive italienne, mais dans l’interaction avec la société majoritaire. Cette nation ébauchée ne survit pas entièrement aux bouleversements de l’histoire juive italienne du xvie siècle. This paper focuses on the idea of an Italian nation among the Jews of the peninsula in the 15th-16th centuries. Beyond the diversity of customs and origins, their sense of community makes it acceptable to talk about “Italian Jews”, who were happy to write in Italian and to resort to shared cultural forms. In addition, an institutional structure appears across Italy, via “synods” organized irregularly since the late 14th century. An Italian Jewish nation does appear, but in interaction with the societal majority. This nation had only begun to define itself, and did not entirely survive the upheaval of the 16th century Italian Jewish history. Revue de l’histoire des religions, 234 –
Présentation / résumé : En 337, peu avant sa mort, l’empereur Constantin fut baptisé à Nicomédie. Le récit rapporté par la Vita Constantini d’Eusèbe de Césarée est désormais accepté par tous les historiens. Mais dès la fin de l’Antiquité, une autre version commença à circuler, dans laquelle Constantin était baptisé à Rome par le pape Sylvestre. L’histoire de cette légende, la manière dont elle est née, et dont elle a pris le pas sur le récit historique a déjà été bien étudié, notamment par Dölger, par Burch ou, plus récemment, par Aiello, Fowden et Amerise. Pendant tout le Moyen Âge et une bonne partie de l’époque moderne, cette initiation romaine légendaire estompa le baptême nicomédien. Au XVIIIe siècle, le débat n’est pas encore éteint, mais il est scientifiquement joué. Pourtant, la querelle des deux baptêmes ressurgit au XIXe siècle. Elle est alors étroitement lié au débat opposant Albert de Broglie à l’abbé de Solesmes Dom Guéranger récemment étudiée par Guillaume Cuchet. Le débat sur les deux baptêmes de Constantin emprunte alors des formes nouvelles et les canaux de la presse. Inscrit dans les débats et l’histoire du catholicisme français, cet épisode historiographique a échappé aux spécialistes de la question, notamment allemands et anglo-saxons. Il vient également éclairer l’historiographie du christianisme durant cette période, et montre que le débat, sur cette question comme sur d’autres, s’est parfois prolongé très tardivement, jusqu’au dernier tiers du XIXe siècle.