Création par nécessité et précarité: la face cachée de l'entrepreneuriat (original) (raw)

Qui pourrait imaginer que la figure de l'entrepreneur puisse être touchée, d'une manière ou d'une autre, par la précarité et la pauvreté ? L'entrepreneur, dans la littérature et dans la société, incarne tout autre chose : prise de risque et d'initiatives, sens des responsabilités, capacité d'action, orientation vers les résultats, opportunisme, parfois, etc. Souvent, la figure de l'entrepreneur, héritage de la pensée schumpétérienne, est chargée d'héroïsme et ce qu'accomplissent les entrepreneurs relèverait plutôt d'un registre d'actions hors de la portée du commun des mortels (Cunningham et Lischeron, 1991). Par ailleurs, une des formes populaires de l'entrepreneuriat, la création d'entreprise, est présentée, avec insistance, par nombre de penseurs et de décideurs, dans les domaines de l'économie et de la politique, comme une réponse au problème du chômage et donc, dans une certaine mesure, de la précarité (Rapiau, 2010). Nous soutenons, dans ce travail, la thèse que les mesures actuelles et passées destinées à encourager la création d'emploi et la création d'entreprise par des individus demandeurs d'emplois et/ou dans des situations difficiles contribuent très fortement au développement de formes d'entrepreneuriat contraint qui pourraient avoir des conséquences extrêmement préjudiciables pour les individus concernés et pour notre société dans son ensemble (Fayolle, 2010). L'objectif de notre communication est d'apporter un halshs-