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En même temps que j'essayais de situer l'impact relatif des Grecs de Marseille en Gaule méridionale, dès le départ, mon objectif a été de définir le poids réel de Marseille dans le contexte méditerranéen des VI e-II e s. av. J.-C., que ce soit à travers la définition de son terri-toire ou de ses activités maritimes. Les Phocéens étaient, au VI e s., les derniers explorateurs et aventuriers des mers extrême-occidentales. Promoteurs, selon Hérodote, des makrai nautiliai de l'Étrurie à l'Espagne, en venant à Marseille, ils participaient à une dynamique qui ne s'arrêterait qu'après la bataille d'Alalia ; avant Marseille, il y avait eu Lampsaque, après Marseille il y aurait Alalia, Empo-rion, peut-être Mainakè. Et pourtant, dans un consensus quasi-général, auquel j'ai adhéré dans un premier temps (Cf. dans ce volume mes articles d'avant 1990), on avait fini par leur dénier toute activité commerciale dans un contexte où les Étrusques auraient dominé les trafics en Méditerranée nord-occidentale depuis le dernier quart du VII e s. jusqu'à ce que les Phocéens aient surmonté leurs difficultés d'installation en Gaule dans le dernier quart du VI e s. Pour moi, l'occasion de la coupure fut clairement en 1990 dans le cadre du colloque de Marseille sur " Marseille grecque et la Gaule " , dont j'étais un des organisateurs, avec ses rencontres et ses débats. Il y eut ensuite, dans la foulée, le séjour à Naples à la tête du Centre Jean-Bérard et les ouvertures sur un nouveau monde de contacts interculturels où je fus introduit par de savants chercheurs, bientôt des amis, En essayant de réinstaller les Phocéens dans le concert des échanges, j'ai été rapidement accusé d'hellénocentrisme, accusation assez plaisante venant de la part d'étruscocentristes. Mon argumentation s'appliquait à deux niveaux : d'une part, une prise en compte de l'ou-verture relative des chronologies céramiques grecques et étrusques sur lesquelles préten-dait s'appuyer ce discours, d'autre part, une insertion dans le contexte évolutif des relations commerciales entre prexis et emporíè, bien définies par les travaux d'Alfonso Mele. Il ne s'agissait pas de promouvoir je ne sais quelle supériorité grecque, objectif bien étrange de la part de quelqu'un qui appuyait sa réflexion sur le concept réciproque d'acculturation, mais de tenir compte des nouveaux acquis de la recherche archéologique et historique pour sortir