Blain, MJ, P. Chanoux, R. Caron, et al. (2017). Synthèse et conclusions : recherche-action : Perspectives exploratoires sur l’employabilité des personnes réfugiées, ROSINI, TCRI et équipe de recherche Erasme, Montréal, 5 novembre 2017, 5 p. (original) (raw)
Résumé L’objectif principal de cette recherche exploratoire est de documenter les processus d’intégration professionnelle de personnes réfugiées qui se sont établies au Québec ainsi que les ressources communautaires en employabilité impliquées. L’étude vise à recueillir les représentations des personnes réfugiées, leurs besoins et parcours socioprofessionnels ainsi que leurs expériences au regard des services en employabilité consultés. Elle vise également à explorer les pratiques professionnelles des intervenants, les facteurs inhibant ou favorisant leurs interventions ainsi que leurs représentations quant aux défis et leviers en regard de l’intégration professionnelle des personnes réfugiées. Cette étude a pour but de mettre en lumière ce qui relève des caractéristiques structurelles du marché du travail (entre autres) et des spécificités des personnes réfugiées en matière d’employabilité. L’étude a permis de recueillir en 2016-2017 les points de vue de 14 personnes réfugiées et de 17 intervenants en employabilité du milieu communautaire (entrevues semi-dirigées et focus group). Ce rapport se penche sur les défis et les éléments facilitant l’intégration socioprofessionnelle, tant du point de vue des personnes réfugiées que de celui des intervenants en employabilité. Au final, transparaît l’importance d’une approche sensible aux contraintes systémiques, qui se dévoile tant à travers l’approche (penser en dehors du cadre, trouver des solutions pour des personnes expérimentant à certains niveaux de la discrimination systémique) qu’à travers les liens créés avec des partenaires et la contribution à la concertation et la mobilisation – afin de mettre à contribution l’ensemble des milieux pour un accueil favorable aux personnes réfugiées. Intervenir dans un contexte de fort potentiel de discrimination systémique soulève de nombreux enjeux. Ce qui amène à penser aux conditions d’accès. De fait, les caractéristiques des personnes réfugiées peuvent dans certaines circonstances les rendre inadmissibles aux programmes en employabilité (maîtrise de la langue, sans preuve de scolarité, forte désemployabilité perçue, etc.). Les intervenants rencontrés, prenant en compte les trajectoires complexes, sont fortement interpellés par cette dimension. Ce paradoxe est d’autant plus criant dans un contexte où le Québec reçoit des transferts budgétaires du Canada, en particulier en regard des réfugiés pris en charge par l’État. À ce paradoxe s’ajoute le fait que les réfugiés sélectionnés sont principalement orientés pour s’établir dans des villes en dehors des grands centres dans un contexte où l’accès aux services publics en région est un enjeu. Les intervenants en employabilité du milieu communautaire démontrent l’importance d’une approche sensible aux contraintes systémiques. Cette sensibilité face à des structures contraignantes qui peuvent exclure ou déqualifier la personne réfugiée peuvent amener tout autant des situations d’impuissance que des habiletés à déjouer les contraintes. Cette approche requiert selon eux de penser « en dehors du cadre » et de trouver des solutions « novatrices » ou « alternatives », voire parfois par « voie de contournement ». Mots clés : employabilité, programmes de soutien à l’intégration socioprofessionnelle, intervention, milieu communautaire, personnes réfugiées, Québec, processus d’inclusion-exclusion, intégration professionnelle, conseiller en emploi