Médiation des expériences, représentations et luttes autour de la visibilité des travailleurs migrants en Chine (original) (raw)

Chapitre 8. Médiation des expériences, représentations et luttes autour de la visibilité des travailleurs migrants en Chine

La médiation, 2016

Nous nous intéressons aussi bien aux discours institutionnels qu'aux formes plus « populaires » de productions narratives. Discours institutionnels et narrations par les individus sont ici conçus comme centraux dans les processus de formation des identités, en conjonction avec 265721HAF_PENMED_CS6_PC.indd 182 09/08/2016 15:47:34 Perdu, toute l'année dans les rues de cette ville. Personne ne veut connaître nos histoires, Et personne ne se souviendra de nos amours. Cette ville est tellement froide, j'aimerais retourner chez moi […]. Tu as nourri tellement d'idéaux. Le premier jour de l'an, seul dans les rues les plus prospères de cette ville. Perdu, sans savoir où aller. Pas loin, dans le plus imposant de ces buildings, dans chaque brique, dans chaque tuile : ma sueur. J'y ai laissé ma jeunesse, mémoire de toute ma souffrance 30 .

Travailleurs migrants en Chine. Tendances, problèmes et politiques

Les Politiques Sociales, 2011

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La Chine et ses migrants

2013

Remerciements ce livre est issu d'une thèse de doctorat en science politique, soutenue à sciences Po Paris en septembre 2007, qui a reçu en 2008 le premier prix de thèse de l'association française d'études chinoises ainsi que le prix richelieu en droit et science politique de la chancellerie des universités de Paris. J'exprime ma plus profonde reconnaissance à Jean-Philippe Béja, qui a dirigé mon travail, et dont les encouragements, la connaissance intime de la chine et la passion qu'il m'a transmise pour la recherche, m'ont permis de mener à bien cette entreprise de longue haleine. Je salue son profond engagement, tant sur les plans professionnel et intellectuel que personnel et politique. toute ma reconnaissance va également aux membres du jury-christophe Jaffrelot, michel Bonnin et andrew nathan-dont la lecture attentive, les remarques fines et constructives, ont éclairé mon cheminement dans les méandres de cette aventure intellectuelle. cette recherche n'aurait pu voir le jour sans le soutien financier du ministère des affaires étrangères qui m'a accompagnée depuis le début de ma formation et m'a permis de passer de longues années sur le terrain ainsi qu'au centre d'études français sur la chine contemporaine à hong Kong. J'y ai bénéficié de moyens de travail incomparables, d'un environnement stimulant et amical dont je mesure toute la valeur. Je suis particulièrement reconnaissante à ses directeurs successifs, gilles guiheux et Jean-François huchet, pour leurs encouragements et l'intérêt qu'ils ont porté à mon travail, mais aussi à sebastian Veg qui, même après mon retour en France, m'a toujours réservé un accueil chaleureux, un coin de table, une connexion internet, le temps pour une conversation stimulante lors de mes nombreux passages. Je remercie également le groupe LVmh et le centre Franco-chinois de l'université tsinghua pour leur aide financière. ce travail doit beaucoup aux chercheurs chinois qui ont été mes interlocuteurs réguliers, tout particulièrement Wang chunguang, Yuan Yayu, guo hong, gao guizi, guo Dan, et dont l'aide a souvent été précieuse dans l'accès à l'information et au terrain. Je remercie également tous les membres du réseau de soutien aux travailleurs migrants de chengdu qui ont accepté que je prenne part à la réflexion et à l'action menées au sein de ce réseau. Je suis reconnaissante à tous les acteurs chinois qui ont bien voulu se prêter au jeu des entretiens, en particulier aux travailleurs migrants qui ont accepté de partager avec moi leur expérience. ce livre leur est dédié. merci à Éric Florence, Pierre haski et nicolas Becquelin pour l'expérience partagée et les échanges stimulants, à mes frères d'armes, David Faroult et aurore merle, auxquels ma réflexion doit tant et dont le soutien et l'humour ont été si précieux dans les moments de doute, à Josiane et Pierre-alain Froissart pour leur soutien logistique et leur écoute patiente qui m'a permis de simplifier, clarifier, affiner, à sylvain giaume et renée ajzenberg pour leur accueil familial lors de mes nombreux et longs séjours à Pékin et à canton, à héloïse allemand pour son aide dans le formatage du manuscrit, à olivier rey pour son regard avisé sur le cahier d'illustrations et à tous ceux que je ne peux nommer ici mais qui savent ce que ce livre leur doit. 1. Zhonghua renmin gongheguo xianfa (Constitution de la République populaire de Chine), 1982, article 33. 2. Lu X., « Zhongguo nongcun zhuangkuang ji cunzai wenti de yuanyin » (Situation dans les campagnes chinoises et causes des problèmes existants), Jiang L., Lu X., Dan T. (dir.), 2001 nian : Zhongguo shehui xingshi yu yuce (2001 : Analyses et prévisions concernant la situation de la société chinoise), Beijing, Shehui kexue wenxian chubanshe, 2001, p. 160. La chine et ses migrants IntroductIon 5. Turner B. S. (ed.

Les représentations des travailleurs migrants: L’exemple des Chinois à Québec dans la presse quotidienne (1891–1926)

2011

La présence migrante chinoise au Canada remonte à la ruée vers l’or de 1858, sur la rivière Fraser, en Colombie-Britannique actuelle. Un contexte économique précaire ainsi qu’une discrimination raciale de plus en plus marquée inciteront quelques Cantonais à tenter leur chance dans d’autres régions du Canada, dans les années suivantes1. Ceux-ci ont profité, à partir de 1885, du chemin de fer transcanadien, qu’ils ont contribué à bâtir, pour se déplacer plus facilement dans le pays2. Ils se sont présentés au Québec à compter de la dernière décennie du dix-neuvième siècle. La grande majorité a aménagé à Montréal, soit la métropole de la province3. Quelques-uns ont même choisi de s’implanter dans la ville de Québec. Entre le recensement de 1891 et la passation de la loi fédérale d’exclusion de 1923, ce groupe est passé

S.Chaib, (In)visibilité des femmes immigrées au travail

Revue Ecarts d'Identité, 2010

Dossier « Egalité homme/femme. Les voies de l'insertion », n°116, 2010 « (in)visibilité des femmes immigrées au travail » Sabah Chaib, sociologue Bien que des travaux universitaires se soient attachés dès les années 1970 et le début des années 1980 à poser la question de l'emploi et du travail des femmes immigrées (Taboada, Levy, 1979 ; Streiff-Fenard, 1978 ; Morokvasic, 1983), c'est pourtant dans les années 1970 qu'apparaît et se consolide la figure singulière de « la » femme immigrée : femme démunie (analphabète, isolée), confrontée à un environnement social complexe ; femme pâtissant d'une culture patriarcale et de la domination masculine, tout en contribuant à la perpétuation des traditions, investie qu'elle est du rôle de "gardienne des traditions". La figure privilégiée de la femme immigrée à travers celle d'un individu précaire, s'est opposée à cette période en tout point à la figure de la femme active, en référence aux femmes françaises. Ces dernières concentrent toute l'attention des mouvements féministes naissants et de la réflexion universitaire : le travail historiographique entend visibiliser les femmes dans la société et dans le travail en particulier (Perrot, 1978 ; 1998). Dans le même temps, le travail des femmes se constitue progressivement en politiques publiques (Lurol, 1999) mais cette problématique est absente du socle de réflexion en ce qui concerne les femmes immigrées, dans les années 1970 et 1980, en dépit d'ailleurs des faits et des statistiques. Des représentations sociales réductrices

Les travailleurs chinois vus par l’administration militaire française : assignation, identification et représentations

dans Li MA (dir), Les travailleurs chinois dans la Première Guerre mondiale, CNRS Éditions, 2012, p.265-284

Les innombrables documents administratifs relatifs aux travailleurs chinois recrutés en France pendant la Première Guerre mondiale permettent d'étudier la façon dont s'élabore un système de représentations. Ils montrent comment les autorités militaires et politiques françaises tentent d'infléchir les représentations qui dominent jusqu'alors, tout en les subordonnant à l'impératif économique. Produit par une double logique d'assignation et d'identification conduisant en particulier à des formes de sujétion (enfermement, maltraitance…), ce système ne parvient pourtant pas à faire reculer véritablement les représentations négatives qui s'étaient manifestées au début du conflit.