L'eau et l'hygiène dans les fortifications : l'architecture hydraulique de la place-forte de Neuf-Brisach et son évolution de 1700 à 1870 (original) (raw)

2016, Schriftenreihe Festungs-Forum Saarlouis

S'agissant de fortifications, l'eau, bien avant l'hygiène, se révèle très précocement comme une préoccupation constante des architectures militaires. Depuis l'alimentation en eau de la période médiévale, on aboutit progres-sivement à ce que les ingénieurs du XVIIe siècle dont Bélidor nommeront l'Architecture hydraulique. Les relations de l'eau avec les problèmes d'hygiène — on retient son acception au sens large comme étant la source de maladies endémiques ou épidémiques — sont largement méconnues des architectes et ingénieurs contem-porains. En effet, les connaissances en microbiologie et en virologie sont inexistantes et le lien entre l'eau et les maladies, lorsqu'il est réalisé, reste bien évidemment empirique. D'ailleurs, on met plus volontiers en cause une mauvaise qualité de l'air que l'on qualifie parfois de malsain. Neuf-Brisach se révèle, à ce propos, presque emblématique pour illustrer notre propos. Le plan de cette ville neuve — d'aucuns utiliseraient, malheureusement à mauvais escient, le qualificatif de ville idéale — dont la construction débute à la toute fin du XVIIe siècle respecte les derniers standards contemporains aussi bien en matière de fortifications que d'architecture urbaine. Le site est, en principe, particulièrement bien adapté puisque s'agissant d'un terrain sec avec des ressources en eau de qualité disponibles en abondance. Il s'agit de ressources aquifères ou de l'eau amenée par le canal Vauban. Alors qu'elle ne dispose que de fossés secs, la place se distingue par une architecture hydraulique toute particulière dont le principal intérêt est, une fois décrypté — c'est là notre propos —, d'être aisément compréhensible !