Macedoniens slaves et Albanais: de la crise interethnique au multiethnisme constitutionnel (original) (raw)

Les Albaniens du Caucase : un peu d'ethnogenèse des peuples

Les Albaniens du Caucase, 2022

Pour comprendre l'ethnogenèse complexe de cette région du Caucase, il faut savoir qu'il a existé jusqu'au VIIIème siècle un royaume albanien, et bien avant l'existence de ce royaume une ethnie albanienne. L'ancienneté de cette population est attestée par Strabon d'abord, (XI, 3-XI, 4), par l'auteur albanien Kalankaytuk (VII-VIII ème siècle) qui distingue les Albaniens des Arméniens et des autres ethnies ; l'historien Jean Gustave Droysen les mentionne parmi les tribus du Caucase qui vont se joindre aux armées macédoniennes pendant l'interminable conquête d'Alexandre. Sans s'y ordonner totalement, l'histoire de l'Albanie est largement tributaire de celle des deux États voisins, l'Arménie et la Géorgie. L'éloignement géographique de l'Albanie par rapport aux Empires romano-byzantin et iranien des dynasties parthe et sassanide, sa position stratégique-l'existence de voies de passage à travers le Caucase et Derbent que pouvaient emprunter des guerriers nomades mais aussi les marchands-ont pu créer des conditions favorables à la sauvegarde de la souveraineté de l'État et à l'indépendance politique du pays. L'unité territoriale et étatique est observable du II ème siècle avant J.-C. au VIII ème siècle ; du IX ème au XIV ème siècle dans les unités politiques et administratives de l'Artsakh et de Siunik (gouvernées par Saaka-Sevadi, Senekerim, Hasan Djalali), et à partir du XV ème dans les mélikat qui se forment au Karabakh. Du IV ème au VIII ème siècle la structure politique de l'Albanie est celle d'un État féodal centralisé, dirigé selon les principes de la vassalité par les rois albaniens arsacides (des parthes), ensuite par les grands princes mihranides qui leur succèdent. Après l'abolition de la royauté, l'institution des gouverneurs marzpan, instaurée dans le pays par les Sassanides qui voulaient contrôler le passage du Caucase, fut de courte durée (de 463 à 488 et de 510 à 629). Lorsque au IV ème siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire romain, la conversion du Caucase parut aux souverains sassanides un paradoxe insupportable, une menace et un affront à quoi il fallait absolument mettre fin. Le christianisme leur apparut comme une sorte d'anomalie, et surtout une avancée de la romanité dans une sphère d'influence iranienne. En 387, l'Empire romain et l'Empire sassanide concluent un traité de paix, qui leur attribue à chacun une partie de l'Arménie. Dans ce cadre, l'Artsakh et l'Utik sont intégrés à l'Aghbanie alliée des Sassanides. En parallèle, la région voit le christianisme s'y épanouir sous l'action de l'Église arménienne. Après le partage de l'Arménie entre Byzance et la Perse, l'Artsakh, Utik et l'Aghvank furent intégrées à l'empire perse qui nomma cette province Arran. Les princes arméniens d'Arranshahik d'Artsakh, qui avaient toujours cherché une plus grande autonomie du roi arménien, surent tirer profit de cette situation et s'attribuèrent le titre de « roi d'Aghvank ». A compter du VII ème siècle, le terme Aghvank » perd sa signification ethnique et politique ne fait plus que désigner un des diocèses de l'église apostolique arménienne, comme catholicossat d'Aghvank. Elle ne servit plus qu'à désigner une limite géographique abstraite pour ce qui était sous la domination perse la satrapie arménienne. Au cours de la coûteuse défaite d'Avarayr les forces alliées des rois arméniens, albaniens et ibériens tombèrent aux mains de l'armée de Sassanide. Les survivants de la noblesse se réfugièrent dans les régions montagneuses de l'Albanie, en particulier à Artsakh, qui devint un centre de résistance à l'Iran Sassanide, déplaçant ainsi le centre religieux de l'État albanien. La fin du V ème siècle en marque la fin. Le nouveau roi perse Chosroês (Anourchiravan) va modifier la configuration du Caucase, au moins administrativement : l'Albanie, l'Arménie et la Géorgie furent considérées comme une seule unité, constituant la Province du Caucase (l'Arminiya future). L'histoire de l'Albanie ne se dissocie désormais plus qu'à grand-peine d'une histoire générale du Caucase sous double influence byzantine et sassanide. L'empereur

Du balkanisme à une histoire transnationale des Balkans

Revue des Livres RDL, 2012

Comment ne pas saluer la traduction en langue française d’un ouvrage qui fait d’ores et déjà figure de classique ? Imagining the Balkans est né d’une indignation, celle d’une historienne d’origine bulgare établie aux États-Unis devant la réactivation, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, d’imaginaires du Sud-Est européen cristallisés au tournant du xxe siècle. L'article se propose de mettre en perspective les contextes de production et réception des diverses versions de cet ouvrage, en traductions plurielles.

Le communisme et l'ethnologie albanaise contemporaine (2017)

L'étude du communisme par les sciences humaines et sociales albanaises est une entreprise assez récente. Cet article a pour objectif d'évaluer d'un point de vue critique la façon dont le communisme est abordé, en tant que sujet de recherche, par l'ethnologie albanaise.

Construction des discours d’appartenance en migration : l’exemple des Albanais en Grèce

Construction of ethnicity discourses in migration : the example of Alabanians in Greece : The migration of many Albanian nationals to Greece is one of the key events that socially affected both these countries as of the beginning of the 1990’s. Hundreds of thousands of Albanians thus fleed from the poverty of their country that many economic indicators singled out as the poorest in Europe. Beyond the massivness and economic importance, the migration of Albanians in Greece also appears, socially speaking, as one of the key events in contemporary Greek history. This migration contributed to confront the country to a Balkanic environment from which it had been cut off since the end of the Second World War and by the profile of the iron curtain. Considered in the regional context, the linguistic and religious characteristics of the Albanian newcomers seemed to invariably lock them into an incompressible alterity with a view to the contours of the Greek national construction based on the Orthodox religion and the rejection of the Ottoman Islamic religion to which Albanians are often associated. Yet, after studying the trajectory of these migrants, it seems, on the contrary, that the past does not exclusively lead to the separation of these countries’ inhabitants into two entirely impervious groups. In fact, through the observation of every day situations or interpersonal relations, it may have appeared that relationships between Greek and Albanian citizens could sometimes exist on the basis of ancient solidarity networks (regional, linguistic or religious) lying on alternative histories which fully contradict the inclusive identities fabricated by the Nation-States of the 19th and 20th century.

Nations, nationalités et citoyenneté dans les Balkans. Le bouleversement démographique monténégrin

Espace Populations Sociétés, 2004

The Yugoslav conflicts (in Slovenia, Croatia, Bosnia and Herzegovina, Kosovo and Macedonia) have started, with the creation of new states, longer processes of redefinition and reaffirmation of former Yugoslavia’s national identities. These complex processes, in which are linked several conceptions of nation, nationality and Citizenship, are underlined in the results of the last Montenegrin census of October 2003. Whereas some national groups stay stable, Montenegrins and Muslims are divided on the question of which national category they belong.