Macedoniens slaves et Albanais: de la crise interethnique au multiethnisme constitutionnel (original) (raw)

Une société multiethnique au Kosovo ? Heurts et malheurs du protectorat international face à l'antagonisme des mémoires serbe et albanaise

Georges Mink, Pascal Bonnard (Dir), Le passé au présent, 2010

Dans le cadre de nombreuses opérations de paix, l'établissement d'une nation réconciliée semble particulièrement indispensable à la réalisation d'une paix durable s'agissant de sociétés profondément polarisées où l'antagonisme ethnique a été une source majeure du conflit. Le nationbuilding est en effet un « effort et un processus de (re) construction d'un sens de la communauté dans la population 5 ». Il s'agit de (re) donner du sens au vivre ensemble, de faire en sorte que la nation (re) devienne un « plébiscite de tous les jours 6 », et d'en créer les conditions, ce qui, concrètement, passe par la facilitation du retour des réfugiés, la protection des minorités, la facilitation des contacts interethniques, le développement d'un intérêt commun et de la loyauté envers les mêmes institutions.

Les Albaniens du Caucase : un peu d'ethnogenèse des peuples

Les Albaniens du Caucase, 2022

Pour comprendre l'ethnogenèse complexe de cette région du Caucase, il faut savoir qu'il a existé jusqu'au VIIIème siècle un royaume albanien, et bien avant l'existence de ce royaume une ethnie albanienne. L'ancienneté de cette population est attestée par Strabon d'abord, (XI, 3-XI, 4), par l'auteur albanien Kalankaytuk (VII-VIII ème siècle) qui distingue les Albaniens des Arméniens et des autres ethnies ; l'historien Jean Gustave Droysen les mentionne parmi les tribus du Caucase qui vont se joindre aux armées macédoniennes pendant l'interminable conquête d'Alexandre. Sans s'y ordonner totalement, l'histoire de l'Albanie est largement tributaire de celle des deux États voisins, l'Arménie et la Géorgie. L'éloignement géographique de l'Albanie par rapport aux Empires romano-byzantin et iranien des dynasties parthe et sassanide, sa position stratégique-l'existence de voies de passage à travers le Caucase et Derbent que pouvaient emprunter des guerriers nomades mais aussi les marchands-ont pu créer des conditions favorables à la sauvegarde de la souveraineté de l'État et à l'indépendance politique du pays. L'unité territoriale et étatique est observable du II ème siècle avant J.-C. au VIII ème siècle ; du IX ème au XIV ème siècle dans les unités politiques et administratives de l'Artsakh et de Siunik (gouvernées par Saaka-Sevadi, Senekerim, Hasan Djalali), et à partir du XV ème dans les mélikat qui se forment au Karabakh. Du IV ème au VIII ème siècle la structure politique de l'Albanie est celle d'un État féodal centralisé, dirigé selon les principes de la vassalité par les rois albaniens arsacides (des parthes), ensuite par les grands princes mihranides qui leur succèdent. Après l'abolition de la royauté, l'institution des gouverneurs marzpan, instaurée dans le pays par les Sassanides qui voulaient contrôler le passage du Caucase, fut de courte durée (de 463 à 488 et de 510 à 629). Lorsque au IV ème siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire romain, la conversion du Caucase parut aux souverains sassanides un paradoxe insupportable, une menace et un affront à quoi il fallait absolument mettre fin. Le christianisme leur apparut comme une sorte d'anomalie, et surtout une avancée de la romanité dans une sphère d'influence iranienne. En 387, l'Empire romain et l'Empire sassanide concluent un traité de paix, qui leur attribue à chacun une partie de l'Arménie. Dans ce cadre, l'Artsakh et l'Utik sont intégrés à l'Aghbanie alliée des Sassanides. En parallèle, la région voit le christianisme s'y épanouir sous l'action de l'Église arménienne. Après le partage de l'Arménie entre Byzance et la Perse, l'Artsakh, Utik et l'Aghvank furent intégrées à l'empire perse qui nomma cette province Arran. Les princes arméniens d'Arranshahik d'Artsakh, qui avaient toujours cherché une plus grande autonomie du roi arménien, surent tirer profit de cette situation et s'attribuèrent le titre de « roi d'Aghvank ». A compter du VII ème siècle, le terme Aghvank » perd sa signification ethnique et politique ne fait plus que désigner un des diocèses de l'église apostolique arménienne, comme catholicossat d'Aghvank. Elle ne servit plus qu'à désigner une limite géographique abstraite pour ce qui était sous la domination perse la satrapie arménienne. Au cours de la coûteuse défaite d'Avarayr les forces alliées des rois arméniens, albaniens et ibériens tombèrent aux mains de l'armée de Sassanide. Les survivants de la noblesse se réfugièrent dans les régions montagneuses de l'Albanie, en particulier à Artsakh, qui devint un centre de résistance à l'Iran Sassanide, déplaçant ainsi le centre religieux de l'État albanien. La fin du V ème siècle en marque la fin. Le nouveau roi perse Chosroês (Anourchiravan) va modifier la configuration du Caucase, au moins administrativement : l'Albanie, l'Arménie et la Géorgie furent considérées comme une seule unité, constituant la Province du Caucase (l'Arminiya future). L'histoire de l'Albanie ne se dissocie désormais plus qu'à grand-peine d'une histoire générale du Caucase sous double influence byzantine et sassanide. L'empereur

Du balkanisme à une histoire transnationale des Balkans

Revue des Livres RDL, 2012

Comment ne pas saluer la traduction en langue française d’un ouvrage qui fait d’ores et déjà figure de classique ? Imagining the Balkans est né d’une indignation, celle d’une historienne d’origine bulgare établie aux États-Unis devant la réactivation, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, d’imaginaires du Sud-Est européen cristallisés au tournant du xxe siècle. L'article se propose de mettre en perspective les contextes de production et réception des diverses versions de cet ouvrage, en traductions plurielles.

Le communisme et l'ethnologie albanaise contemporaine (2017)

L'étude du communisme par les sciences humaines et sociales albanaises est une entreprise assez récente. Cet article a pour objectif d'évaluer d'un point de vue critique la façon dont le communisme est abordé, en tant que sujet de recherche, par l'ethnologie albanaise.

"Ethnicité, construction nationale et nationalisme dans l'aire albanaise: Approche anthropologique du conflit et des relations interethniques." Ethnologia Balkanica: Journal for Southeast European Anthropology, vol. 3, 1999, pp. 155–179,

Ethnologia Balkanica: Journal for Southeast European Anthropology, 1999

After an introduction toward the characteristics of the region defined as a cultural area, these articles attempts to give an historical and geopolitical overview of Albanians and their culture, asserting successively on cultural stratification, local particularisms and unity. Then, going over the history of the national movement and the formation of Albanian nation at the turn of the century, it takes an account of the clash of Serbian and Albanian nationalisms they never fail to be exacerbated at any moment of the common history. The question is to understand if historical heritage and cultural identities could reasonably, other than justify, at least explain ethnic conflicts and nationalisms, or on the contrary they help simply to determine and better to rationalize interethnic relationship between social groups.

Tissages de pagnes : construction identitaire et transcolonialité

Revue Internationale De Psychosociologie, 2003

Tissages de pagnes : construction identitaire et transcolonialité par Sophie GROSSMANN | Éditions ESKA | Revue internationale de psychosociologie 2003/2 -Volume IX ISSN | ISBN 2-7472-0590-8 | pages 53 à 66 Pour citer cet article : -Grossmann S., Tissages de pagnes : construction identitaire et transcolonialité, Revue internationale de psychosociologie 2003/2, Volume IX, p. 53-66. Distribution électronique Cairn pour les Éditions ESKA. © Éditions ESKA. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 53 TISSAGES DE PAGNES : CONSTRUCTION IDENTITAIRE ET TRANSCOLONIALITÉ Sophie GROSSMANN * « Qu'est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d'anthropomorphismes, bref une somme de relations humaines qui ont été rehaussées, transposées, et ornées par la poésie et par la rhétorique, et qui après un long usage paraissent établies, canoniques et contraignantes aux yeux d'un peuple » (Nietzsche -Vérité et Mensonge au sens extra-moral)

En quoi les « partis ethniques » sont-ils « ethniques » ? Les trajectoires du MDL en Bulgarie et de l’UDMR en Roumanie

2008

A rather marginal theme in Eastern European studies before the end of communism, ethnic politics and minority policies in Central and South-East Europe have given birth to a very rich body of literature in the 1990s. Some analyses have been influenced by the so-called “transitology” paradigm; others have borrowed from ethnic conflict studies. In both cases, though, ethnocultural diversity has mostly been treated in a normative way and portrayed as an obstacle to democratization. As for ethnic parties, they have alternatively been presented as conducive to better political participation and integration for the minorities (in a multiculturalist perspective) or as a threat to state stability and to democracy. Regardless of these cleavages, most research on ethnic identifications and on their mobilization in politics has been grounded upon substantial definitions of ethnic “groups” and has reified differences between “generalist” and “ethnic” parties. The present comparison between the ...