Contre les défenses du présentisme par le sens commun (original) (raw)
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« Le problème d’un nous commun »
Agôn. Revue des arts de la scène
Un « mot-tambour » : tel est le terme employé par Vincent Ariot, comédien du spectacle le Banquet capital (2018), pour parler du « collectif » en tant qu'il ne serait autre qu'une grosse caisse lexicale sur lequel, dans le champ artistique, médiatique et universitaire, on taperait volontiers-au mépris parfois de toute démarche collaborative. C'est que le terme n'est pas sans résonance dans le champ politique auquel on associeà tort et/ou à raison-le théâtre. De fait, est frappante l'émergence concomitante, au début des années 2000, des collectifs d'écriture dont il sera question ici et, dans les milieux militants, des expériences d'auctorialité plurielle dont la plus célèbre est probablement le Comité invisible, qui publie en 2007 L'Insurrection qui vient 1. Ce n'est pas une nouveauté, l'anonymat étant utilisé notamment dans la presse anarchiste pour éviter l'émergence de « maîtres à penser »-et parfois d'éventuelles représailles ou poursuites. Mais sans chercher à comparer des démarches d'écriture très différentes (anonymat et militantisme affirmé du Comité invisible vs. Auteur•trices dont l'identité est connue, réuni•e•s autour d'une démarche artistique d'écriture théâtrale pour les collectifs qui nous intéressent), peut-être peut-on discerner une aspiration commune qui expliquerait que les écritures plurielles soient « dans l'air » de diverses manières au début des années 2000.
La psychologie de l'utilitarisme et le problème du sens commun
L'utilitarisme est souvent critiqué parce qu'il irait à l'encontre du sens commun. Après avoir élucidé l'importance de l'accord avec le sens commun pour une théorie morale, je passe en revue certaines données empiriques qui suggèrent que, en effet, l'utilitarisme est contre-intuitif. Pour finir, je présente certaines théories selon lesquelles il est possible d'accepter ces données tout en défendant l'idée que l'utilitarisme est soutenu par le sens commun, à condition de distinguer différents niveaux dans le sens commun et de considérer les intuitions anti-utilitaristes comme des biais.
Réflexivité épistémique et défense forte du Sens Commun
Philosophia Scientiae, 2017
pénultième version -article à paraître dans Philosophia Scientiae) C'est un honneur et une joie pour moi d'être invité à discuter les écrits d'un philosophe qui a eu sur l'évolution de mes réflexions une telle influence, tant au niveau de ses thèses qu'au niveau de la conception de la tâche philosophique. Chacun sait l'importance de l'oeuvre de Pascal Engel au niveau académique international. Ce qui me frappe, personnellement, c'est une qualité philosophique qui n'est pas si fréquente parmi les auteurs de première importance -à savoir, un sens du rôle de l'activité philosophique dans nos sociétés. Engel permet d'aller au-delà de l'alternative désespérante entre une philosophie comme pur jeu intellectuel entre spécialistes et à l'extrême inverse une « philo » populaire qui croit avoir une signification sociale parce qu'elle s'adresse à monsieur tout le monde, mais pour ne lui livrer que du « prêt à philosopher », ou des maximes de vie façon « fortune cookies ». Engel rappelle, et démontre par ses écrits, que le philosophe a un rôle véritable, qui est de promouvoir et développer, notamment chez les intellectuels (ou les « clercs »), le sens de la rationalité et la valeur de la recherche de la vérité. D'un point de vue théorique, Engel a notoirement défendu une théorie de la vérité comme valeur, et une théorie des normes épistémiques en général. Mais il a également mis en pratique cet attachement aux valeurs épistémiques par une activité infatigable de discussion et de critique de ceux, parmi ses contemporains, qui s'éloignent de ces valeurs ou les négligent. Il est pourtant si facile -tant de philosophes le font, et de tous bords -de pratiquer le type de philosophie que l'on préfère sans se soucier de ce qu'écrivent les autres écoles ; mais Engel a toujours montré une disposition remarquable à entrer en dialogue constructif avec ses adversaires pour inviter, voire provoquer, à la rationalité ceux qui seraient trop heureux de pouvoir tranquillement « déraisonner en rond ». A ce titre, Engel offre un exemple dont j'espère que je saurai m'inspirer.
Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics., 2022
Le travail de O. Negt et A. Kluge constituera l’amorce d’un courant théorique prolifique des contre-publics à travers la critique de la prétention à l’universalité du modèle habermassien, ce dernier reposant en définitive sur la négation des inégalités réelles renvoyées à la seule sphère privée. Ainsi, aux Etats-Unis, à partir des années 1990 les théories féministes s’intéressent à la manière dont les définitions de ce qui relève du public ou du privé peuvent faire perdurer les inégalités en restreignant l’accès de certains thèmes, de certains types de raisonnement et modes de discussion à l’espace public, laissant les inégalités s’enraciner dans la sphère domestique. Dans cette perspective, elles vont mobiliser la notion de « contre-public » afin de rendre compte mais aussi de remédier aux inégalités à l’œuvre dans la sphère publique dominante. Plusieurs auteurs comme Rita Felski (1989), spécialiste de théorie esthétique et littéraire, et la philosophe Nancy Fraser vont mettre au jour l’existence d’une sphère publique féministe qui ne prétend pas à l’universalité, mais qui repose sur l’expérience commune de la discrimination, de l’oppression et de l’exclusion.