(2010) LAVAU « Les Dames Blanches », 16 novembre – 02 décembre 2009, Rapport final d'opération d'archéologie préventive (original) (raw)
Un projet d'aménagement d'un « village » sportif Oxylane, initié par la société Décathlon, pour une surface totale de 27 hectares sur la commune de Lavau, au lieu-dit « Les Dames Blanches » avait fait l'objetde deux diagnostics archéologiques en mars 2001 et septembre 2008. À ces occasions les tracés de 4 fossés circulaires à sub-circulaires de type enclos funéraire, supposément datés de la transition du Bronze final au Hallstatt, avaient été mis au jour. Suite à ces opérations d'évaluation, une surface comprise entre 2 000 et 3 000 m² fut prescrite. Le terrain est situé au sud du territoire communal de Lavau en limite de la commune de Pont-Sainte-Marie et couvre environ 2 700 m² sur la parcelle prescrite. 20 structures ont été mises au jour sur cette surface entièrement décapée et relevée au tachéomètre. La fouille de l'intégralité de ces structures à permis la mise en place de 2 phases distinctes « d'occupation » du terrain ainsi que quelques perturbations contemporaines. L'occupation de l'Âge du Fer. La structure La seule structure de cette occupation est le fossé circulaire 1001 d'un diamètre intérieur de 12,8 mètres pour un diamètre extérieur de 16 m environ, présentant une étroite interruption (80 cm) sur son côté sud-est. D'une largeur comprise entre 1,30 et 2,15 m, pour une profondeur variant de 0,7 à 1 m, le creusement de ce fossé montre un profil asymétrique. Le côté orienté vers l'intérieur de l'enclos présente des parois plus verticales que le côté extérieur. Ce dernier présente de manière quasi systématique un aménagement de type marche d'escalier. La succession des remplissages laisse supposer un fossé curé une unique fois après sa constitution. Les deux premières couches correspondent à la stabilisation des parois suite au creusement du fossé. Les deux dernières, dont provient l'intégralité du matériel céramique, sont assimilées à l'abandon du fossé et à son comblement plus ou moins volontaire. En regard au répertoire archéologique environnant, et en dépit du peu d'éléments réellement déterminant, il paraît sage de supposer que cet enclos circulaire avait une vocation funéraire et qu'il présentait probablement, à l'instar d'exemples reconnus dans les environs, un tumulus plus ou moins important et central. La céramique Les quelques formes reconnues au sein de ce fossé sont caractéristiques du Hallstatt D1. Quatre individus composent l'ensemble. Une assiette à paroi concave en céramique peinte, un bol hémisphérique à épaule rainuré en céramique à engobe de graphite et une assiette à bord en marli horizontal orné d'un décor incisé en céramique fine sont destinés à la consommation des aliments. Un unique exemplaire de pot à bord rentrant dont la lèvre est souligné par un ressaut illustre la catégorie de la céramique modelée, destinée à la cuisson des aliments. Enfin, trois fragments de paroi proviennent d'un ou plusieurs récipients de stockage. Tous les individus appartiennent au groupe de pâte à fin dégraissant de chamotte (FC), décrit pour le site de Rosnay-l'Hôpital (FLORENT 2010 : 285). La pâte contient une multitude de quartz très fins associés à quelques-uns de taille moyenne, arrondis, généralement opaques, parfois translucides. Ils sont accompagnés d'inclusions clairsemées de chamotte, petites à grosses, brunes ou gris foncé. De plus, quelques fines inclusions blanches allongées et constituées de calcite correspondent à des fragments de petits coquillages. Elles voisinent avec de rares inclusions arrondies, moyennes à grosses, de calcite dont l'intérieur paraît cristallisé. Enfin, des inclusions ligneuses et carbonisées d'origine végétale ont été observées à plusieurs reprises. Les autres occupations Les structures 17 structures composent l'autre phase d'occupation du site. Parmi elles deux fossés parallèles traversent le site dans son coin sud-est. La superposition sur le cadastre napoléonien semble prouver que ces fossés matérialisent des limites de parcelles. Les autres structures en creux sont également très arasées et n'ont fourni aucun élément de détermination fonctionnelle. Le mobilier Le mobilier mis au jour au sein de ces structures, céramique glaçurée de table très fragmentée et fourreau en alliage cuivreux, permettent une datation très large sur la période moderne voire contemporaine Des perturbations très récentes Les dernières « structures » dont il n'a pas été question sont un trou d'obus et un décaissement du substrat en limite nord-ouest de parcelle. L'hypothèse d'une voie romaine passant sous la nationale immédiatement à l'ouest nous a amené à effectuer un test qui s'est avéré infructueux. La voie romaine ne semble pas passer du côté Est de la RN77. Par ailleurs une tranchée d'installation d'une canalisation d'adduction d'eau traverse l'intégralité du sud d'ouest en est. Synthèse L'occupation des Dames Blanches nécessite la mise en relation d'un contexte funéraire beaucoup plus étendu, celui de la vallée de la Seine et plus particulièrement ici de ses flancs orientaux. En effet le récolement intégral (diagnostic, fouille, prospection) des sites à vocation funéraire des Âges du Bronze et du Fer semble montrer une implantation préférentielle sur des petits plateaux situés entre le fond de la vallée et les points culminants des environs, ce qui devait fournir une bonne visibilité depuis les environs.