Antoine Leandri, "Aristote et l'ordre politique", Conférence à l'IUFM de Paris, 2003 (original) (raw)

E. BERMON, V. LAURAND et J. TERREL (éd.), L’excellence politique chez Aristote, Leuven-Paris-Bristol, CT, Peeters Publishers, coll. « Aristote. Traductions et études », 2017, 248 p.

L’excellence politique est au centre des Politiques d’Aristote. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage visent toutes à l’éclairer. Si elle concerne bien sûr les citoyens, cette excellence vaut aussi pour la communauté qu’ils forment. Il faut donc d’abord s’interroger sur la nature de la cité. Est-elle ou non réductible aux citoyens qui la composent (Donald Morrisson) ? Comment comparer ou au contraire distinguer, comme nous y invite Aristote en usant de la même image du navire et de la navigation, les formes d’excellences qui valent pour la cité et celles du père, du mari ou du maître qui valent dans la famille (Emmanuel Bermon) ? On peut enfin, pour mieux comprendre que la cité est une réalité naturelle et que l’homme est par nature un animal politique, examiner le cas monstrueux de l’homme apolitique, comparé à un pion retiré du terrain d’un jeu de stratégie (Jean-louis Labarrière). On ne peut traiter de l’excellence dans les Politiques sans prendre en compte le célèbre chapitre 4 du livre III, où Aristote examine si l’excellence de l’homme de bien et celle du citoyen sont identiques ou différentes. Pierre Pellegrin et Jean Terrel en proposent deux lectures différentes, en partie complémentaires et en partie divergentes. Avec les lectures de ce chapitre, s’ouvre le débat sur ce qu’est l’excellence d’un régime ou d’une cité et le rôle que peuvent y jouer les hommes de bien. Valéry Laurand examine l’excellence dans le régime problématique qu’est selon lui la royauté telle qu’elle est décrite par Aristote. Richard Bodéüs montre que les hommes de bien, quand ils ne disposent pas de la suprématie qu’ils ont dans une royauté ou une aristocratie, sont absolument nécessaires pour maintenir ou réformer les régimes déviés dans le sens de cette même juste mesure. Deux contributions très différentes sont consacrées à la cité selon nos vœux. Annick Jaulin analyse à partir du début du livre VII les conditions quantitatives de l’excellence politique. Pour Peter Simpson, l’objet de la prière d’Aristote, la cité que souhaite le législateur si aucun obstacle extérieur ne s’oppose à ses vœux (livres VII et VIII) est tout simplement la cité de Dieu. Enfin Suzanne Colins se demande en quel sens la visée aristotélicienne de l’excellence politique peut être actuelle aujourd’hui. Si l’on juge que les libéraux ont fait triompher une conception trop pauvre et trop individualiste de la politique, peut-on, comme de nombreux penseurs depuis 1945, faire retour aux ressources des Politiques ?

E. BERMON, V. LAURAND AND J. TERREL (éd.), Politique d’Aristote : famille, régimes, éducation, Préface de Pierre Pellegrin, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Histoire des pensées », 2011, 188 p.

Ce livre a pour objet d’éclairer la politique d’Aristote par un ensemble d’études sur la famille, les régimes ou l’éducation. On y examine les « modèles » familiaux des différentes constitutions, la distinction entre l’amitié familiale et l’amitié politique, le pouvoir du roi, le principe de conformité des lois à la constitution, la détermination du meilleur régime, l’importance politique du « cœur » et de l’amour, la valeur de l’autarcie et du loisir … L’analyse de ces thèmes fondamentaux des Politiques ravive des interrogations majeures concernant la signification de la référence à la nature, la relation entre Aristote et Platon, les liens qui unissent la politique, l’éthique et la psychologie aristotéliciennes et la conciliation de l’idéalisme et du réalisme.

Compte-rendu de P. Pellegrin, L’excellence menacée, Sur la philosophie politique d’Aristote, Paris, Classiques Garnier, 2017 et de J. Terrel, La Politique d’Aristote, La démocratie à l’épreuve de la division sociale, Paris, Vrin 2015 dans les Etudes philosophiques, n°4/2018, p. 617-626

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« Introduction » in E. BERMON, V. LAURAND & J. TERREL (ed.), Politique d’Aristote : famille, régimes, éducation, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Histoire des pensées », Pessac, 2011, p. 17-22.

L'anthropologie politique d'Aristote

My paper examines a number of questions arising from Aristotle's definition of man as a political animal. Is the term "political" exclusive to humans? When affirmed of animals is it to be understood literally or metaphorically? Is the definition biological, rational, or metaphysical? In what sense may the polis be described as natural, if it does not conform to Aristotle's definition of φύσις ? How may the primacy of the state be reconciled with the fact that the citizen is somehow independent, with autonomous activities and an individual purpose?

"Aristote et le Bien Commun. Une histoire, une historiographie", dans Pouvoir d'un seul et bien commun (VIIe-XVIe siècle), dir. F. Collard, Revue française d'histoire des idées politiques, 32 (2010), p. 277-291.

En évoquant le bien commun au Moyen Âge, Bernard Guenée, dans son manuel, écrit : « Mieux que par les systèmes puissants et originaux qui ont pu y fleurir, la mentalité politique d'une époque est définie par la banalité de ces lieux communs » 1 . S'il est en effet un lieu commun au Moyen Âge, c'est assurément la thématique du bien commun, et plus précisément, la thématique du bien commun telle qu'Aristote l'a insufflée. B. Guenée ajoute : « Mais la notion de bien commun sans cesse invoquée, était ambiguë » 2 . Que se cache-t-il en effet derrière l'occurrence de la locution « bien commun » associée à l'auctoritas aristotélicienne lorsque les médiévaux l'emploient ? Après une partie préliminaire, nous traiterons le propos concernant Aristote et le Bien commun au Moyen Âge en deux temps : son histoire (I), son historiographie (II).

Démographie et Politique chez Aristote : de la poluanthropia à la critique de la démocratie extrême

Ariadne, Volumes 20-21: 45-78, 2015

In the 7th book of Politics, in his treatment of the demographic conditions for the establishment of the best constitution (ἀρίστην πολιτείαν), Aristotle strongly criticizes the phenomenon of overpopulation (πολυανθρωπίαν) due to its side effects on the political functioning of a polis. In the present study, we attempt to investigate if and to what extent reality, at least as observed and interpreted by the philosopher himself, constitutes an empirical ally for his polemic against overpopulation. The following conclusion emerges character of overpopulation in the paradigm of the democratic city-states of his time, and particularly in the exemplary case of Athens, one of the most overpopulated city-states during Hellenic antiquity. For Aristotle, the sociopolitical history of Athens supports the assumption that overpopulation constitutes a from our analysis: the Stagirite philosopher is empirically grounding his thesis on the pathogenic demographic phenomenon, which triggers the increase of poverty and consequently the polarization among rich and poor populations, due to the disproportional arithmetic growth of the latter, something that unavoidably results to an outbreak of demagoguery and to the establishment of extreme democracy.

Justice et légalité chez Aristote et dans la pratique démocratique (2007)

Comme le fait remarquer Aristote, le gouvernement de la polis est composé de trois fonctions: la délibération, la justice, et les archai. La répartition des compétences entre les différents organismes (assemblée, conseil(s), et magistratures) et l'extension de la totalité des droits politiques à l'ensemble ou à une partie des membres de la communauté est ce qui définit le type de politeia. Ce qui fait qu'une politeia puisse être qualifiée de démocratie est que tous les citoyens aient accès au plein exercice ou presque des trois fonctions. Aussi, la justice démocratique sera-t-elle une justice populaire, non professionnelle, et impliquant un grand nombre de citoyens.