La modification : Wittig et l'écriture inclusive Séminaire Paris 8, 21 décembre 2017. (original) (raw)
En fait j'ai complètement changé de titre et de sujet par rapport à ce qui était annoncé. Et s'il y avait un titre pour ma contribution d'aujourd'hui ce serait peut-être « la modification » (Dia) pour faire écho au célèbre récit de Butor qui a obtenu le prix Renaudot en 1957. ET qui racontait comment une fois arrivé à Rome, Léon Delmont le seul personnage du livre décide finalement de ne pas quitter sa femme et ses enfants pour vivre avec sa maitresse et décide d'écrire un livre sur ce changement d'avis qui s'est produit voire a été produit par le voyage en train de 21 heures Paris, Rome. Je n'ai pas eu le temps de relire le roman mais si je me souviens bien il démontre la force de l'espace temps et de la matérialité même du voyage en train sur le personnage. Comme beaucoup de romans type nouveau roman. Et on sait à quel point de l'aveu même de Wittig, ce courant l'a formé en tant qu'écrivain. Sarraute bien sûr mis aussi Robbe Grillet, etc. Elle en parle dans Le Chantier Littéraire qui est le texte (dia) qui est à la base de mon intervention d'aujourd'hui. Ce texte qui a été un mémoire de l'ehess écrit sous la direction de Genette. Je ne sais pas si c'est comme il est dit dans la préface de Sande Zeig qu'il n'a pas été publié chez POL à cause de la mort de Natalie Sarraute en 1999 mais Wittig tenait beaucoup à la publication de ce texte dont elle avait lu des extraits à la fin du colloque que nous avions organisé avec Suzette Robichon à Reid Hall, Columbia University in Paris en 2000. Alors pourquoi « la modification » ? (dia) D'abord parce que c'est un terme qui est utilisé dans le chantier. A côté de pas mal d'autres vocables pour désigner l'action de la langue du langage sur les corps, les « corps des acteurs sociaux », comme « plastie » (« la plastie du langage sur le réel » (133) ou encore « transformation » (139). Je reviendrai sur cette notion de « plastie ». Le terme renvoie à la performativité du langage par opposition à une conception instrumentale du langage et/ou de la littérature (avec le réalisme par ex dont on sait que Wittig n'en voulait pas pour des raisons liées au contexte avec le réalisme soviétique, elle s'en explique aussi dans le chantier) où le langage/la littérature représente un réel qui lui préexisterait. Il renvoie aussi au projet littéraire même de Wittig, à son cheval de Troie, à un genre de punctum (petit) qui fait bouger tout le studium (grand) de la langue pour reprendre des concepts barthésiens) : sa théorie et sa pratique des pronoms personnels qui sert un seul et même projet : l'abolition des marques de genre, voire des genres : (dia) « Qu'il me soit permis de mentionner ici que les pronoms personnels et impersonnels sont le sujet, la matière de tous mes livres. Par ces mêmes mots qui établissent et contrôlent le genre dans le langage, il me semble qu'il est possible de le remettre en question dans son emploi, voire de le rendre caduc. Cette modification qui est infime du point de vue du signifiant (elle concerne quelques lettres, à peine si elles peuvent former une syllabe) est pourtant si centrale que la mettre en place définitivement ne pourrait pas se faire sans transformer le langage dans son entier. Cette modification touche des mots dont les sens et les formes sont associés avec la notion de genre, évidemment. Mais elle touche aussi des mots qui en sont le plus éloigné aussi bien. Car une fois que la dimension de la personne autour de laquelle toutes les autres s'organisent, est mise en jeu, rien ne reste intouché dans le langage ». CL.142. Cette citation est extraite du Champ Littéraire mais on la retrouve en partie dans la marque du genre repris dans Le Pensée Straight.
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