Ku. Il faut être complètement vide pour pouvoir accueillir l’univers. Méditations autour du néant (original) (raw)

Le néant comme incinération absolue du passé

2011

La phénoménologie entend décrire l'expérience dans ses modalités d'apparition les plus originaires. La description des modalités d'apparition de l'expérience entraîne une transformation des catégories fondamentales de la tradition philosophique. Cet essai a pour but de montrer la fécondité de l'approche phénoménologique en relation à une catégorie fondamentale de la métaphysique : la catégorie du néant. L'étude se compose de deux parties. Dans la première, nous entendons montrer la transformation de la catégorie du néant d'un point de vue phénoménologique, notamment au moyen d'une confrontation avec le texte heideggérien Was ist Metaphysik ? 1 Dans la seconde, nous essayerons d'analyser une modalité du néant qui concerne une dimension temporelle tout à fait spécifique : l'incinération absolue du passé.

La nature a horreur du vide

Décisions Marketing, 2020

La crise sanitaire bouleverse le monde entier : arrêt d'activité, confinement, les jours se suivent et se ressemblent, de nouveaux comportements s'installent et nos habitudes sont bousculées. Face à ce vide extérieur, les Français ont fait preuve de beaucoup d'imagination et de créativité pour développer des activités à l'intérieur, chez soi. Toutes ces activités ont été un moyen, pour beaucoup, de combler un vide imposé et illustrent l'idée que « la nature a horreur du vide » (Aristote) ou plus précisément que l'être humain a horreur du vide. Selon les cultures, le sentiment ou la sensation de vide est souvent perçu comme une condition négative voire un état psychologique dépressif. Le vide peut également être conçu comme un potentiel. Selon le taoïsme, le vide est quelque chose qui attend d'être rempli, et par extension d'être réalisé. C'est l'esprit vide de pensée dans lequel peuvent naître les idées, c'est le blanc de la feuille qui attend d'être dessiné. Face à cette période inédite qui a forcé l'arrêt de l'activité économique et plongé la société dans un certain vide, une sorte de silence, nous avons décidé pour cet édito de nous pencher sur cette quête d'équilibre entre le vide et le plein. Pour cela, dans un premier temps nous mettrons en lumière le texte de Pascal sur le divertissement et dans un second temps sur la base d'entretiens menés auprès de 12 personnes (Encadré 1) nous analyserons les ressentis et comportements des confinés sous l'angle de ce paradoxe entre l'envie de vide et de plein.

Le creux dans l'univers

Société Philosophique de Toulouse, 2019

Comme en un écho philosophique au grand poème de T. S. Eliot, The Hollow Men, Les hommes creux, le philosophe québécois Charles de Koninck (1906-1965) soutient que le monde des mathématiques est, en raison de son formalisme, essentiellement vide. En effet, l’existence du monde, des êtres vivants et de l’homme ne se réduit pas à une somme de manipulations abstraites. Charles de Koninck s’appuie aussi bien sur Einstein, pour qui "les conclusions obtenues par des processus rationnels sont, du moins en ce qui concerne la réalité, entièrement vides", que sur Arthur Eddington qui voyait dans le monde de la physique mathématique "un monde fantomatique de symboles". Pourtant, c’est aussi ce vide des pures constructions mathématiques qui en fait des outils si efficaces en physique. "Nous avons découvert l'étrange empreinte d'un pas sur le rivage de l'Inconnu. Pour expliquer son origine nous avons bâti théories sur théories, toutes plus ingénieuses et plus profondes les unes que les autres. Nous avons enfin réussi à reconstituer l'être qui laissa cette empreinte, et cet être, il se trouve que c'est nous-même ! ". Eddington A. Espace, Temps et Gravitation, 1921. (Trad. J. Rossignol), Hermann. Il convient alors de s'interroger sur le fondement du pouvoir créateur des mathématiques ou de leur caractère générateur en physique. Selon Charles de Koninck, la fécondité des mathématiques en physique débouche sur une intériorisation de la figure philosophique de l'ange.

Requiem pour une place vide

Ché vuoi ?, 2015

Distribution électronique Cairn.info pour Le Cercle freudien. Distribution électronique Cairn.info pour Le Cercle freudien. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-che-vuoi-2-2015-1-page-119.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Plénitude du vide : dévoiement libertin des vanités classiques

Marine Ganofsky, Quêtes littéraires nº 8, 2018 : Au croisement des vanités

Les Vanités composeraient-elles l’essence trop souvent oubliée de la littérature dite « libertine » du dix-huitième siècle ? La fiction voluptueuse du siècle des Lumières a observé et problématisé la nouvelle condition humaine à l’aube de la modernité : plus de Dieu capable de remplir le vide ; plus d’éternité à espérer au-delà de la finitude humaine ; plus rien que l’humain, le moment présent et la vérité de la sensation. Les personnages de cette littérature érotique mettent en scène une sagesse de l’homme-bulle qui serait un mécanisme d’adaptation à cette nouvelle réalité. Rien n’est vain pour ces êtres légers, tant que la vanité des plaisirs tient à distance le souvenir de la vanité de l’existence que menace le néant. Cependant, l’ironie de ces narrations libertines suggère, comme dans le modèle classique, que ces jouissances temporelles peuvent ne pas suffire à combler l’angoisse du vide. Une question est posée au lecteur qui surprend, dans la figure du libertin, l’anamorphose de l’humain : toi, te sachant mortel, entre angoisse et insouciance, quelle voie choisis-tu ?

La vie et le néant

1 Le néant « Ce qui a le plus manqué à la philosophie », dit Bergson en introduction à son recueil La pensée et le mouvant 1 , « c'est la précision » (O., p. 1253). Nombreux sont en effet les systèmes philosophiques qui, selon lui, « ne sont pas taillés à la mesure de la réalité où nous vivons », et par conséquent, élaborent des solutions pour des problèmes qui n'en sont pas. En ce sens, la philosophie risquait bien de se réduire à l'articulation d'une faculté que Deleuze identifiait à la bêtise : la faculté des faux problèmes. Dès lors, la pensée bergsonienne se caractérise par cette double démarche : d'une part, il s'agit de démasquer et de dissiper les illusions qui ont générées la position de faux problèmes, d'autre part, il s'agit d'inventer et de créer des problèmes adéquats. Car en effet, dit-il, « la vérité est qu'il s'agit, en philosophie et même ailleurs, de trouver le problème et par conséquent de le poser, plus encore que de le résoudre » (O., p. 1293). Dissiper un faux problème et poser un problème vrai, voilà les deux courants d'une même pensée. Ainsi, par exemple dans L'essai sur les données immédiates, il ne dénonçait l'illusion de différences quantitatives entre des états purement internes qu'au profit d'une approche qualitative, approche par laquelle il posait le problème de la durée. Or, poser ce problème là, le décrire et l'analyser, c'était d'emblée le résoudre. Il en va de même dans son approche de l'illusion du néant : il ne démasque ce « pseudo-problème » qu'en posant celui qui affirme « qu'une réalité qui se suffit à elle-même n'est pas nécessairement une réalité étrangère à la durée » (O., p. 747). Sa pensée inclut donc une double démarche, l'une négative, l'autre positive ; dénoncer le faux et poser le vrai.

Antonin Artaud ou l’absence à soi-même et l’expérience du vide

Dominique Rougé, Quêtes littéraires nº 1, 2011 : Ecrire l'absence

Concerning Antonin Artaud it has been question of some lack of work but in the article we propose to the reading we are talking about another kind of absence. Indeed, in his correspondence and in the writings of his youth, the poet was complaining to be absent to himself. He was saying that words could not convey what he felt, that he had the impression to be a spectator of himself. Over time, he will say that he was feeling some emptiness in him. Is it to fill this emptiness that he spent his time writing on notebooks and that he had replaced speaking by screaming? As a conclusion to this article, we spend some time thinking about the concepts of absence and emptiness, following some writings of Pierre Fédida.