"Autour de la Rasamañjarī de Bhānudatta Miśra, de Constantin Georgian (1877) à Sheldon Pollock (2009)", in Constantin Georgian, Unpublished Asian Works, Part I, critically edited by E.C., Bucharest, Institute for the History of Religions, 2017, pp. 223–239. (original) (raw)

Presque complètement ignorée, une édition critique européenne du texte date pourtant d’un siècle avant l’édition indienne utilisée et elle est, il nous semble, unique en son genre. Réalisée par un jeune indianiste roumain, Constantin D. Georgian (1850-1904), elle date de 1876-1877, a été complètement collationnée avec un apparat critique indiqué par quatre encres différentes et même des ébauches d’introduction et traduction, et est ensuite restée jusqu’à présent en manuscrit. Ceux, très peu nombreux, qui l’ont ainsi consultée dans son état germinal, ne redoutaient pas et ne redoute pas l’impression de se trouver devant un travail soigné, consciencieux et apte à être, au-delà de sa présence dans une histoire des études indiennes en Europe, encore exploité. Le paradoxe que nous présente la biographie de celui qui a été considéré - et à vrai titre – le premier indianiste roumain (Arion Roșu, ZDMG, 1966) n’est ni inhabituel, ni négligeable, dans l’histoire des orientalismes du centre et de l’Orient européen : la plupart des ses écrits, et notamment les plus importants pour ses formation et activité d’indianiste, ont resté en manuscrit. Dans la bibliothèque de l’Académie roumaine à Bucarest on préserve trois manuscrits des archives Georgian (ArhG) se rapportant à son étude des manuscrits : « Rasamañjarī. Édition critique d’un texte de rhétorique sanskrite du 16e siècle », « Rasamañjarī, bhāṣā, transcription en caractères latines » et « Notes pour l’introduction à l’édition critique du texte Rasamañjarī »7. Le texte collationné par Georgian se déroule sur 45 grandes feuilles, où la polychromie manuelle des options de lecture, partiellement effacée depuis, pourtant toujours d’une lisible devanāgarī, rétablit le texte dans son entier, au moment où peu d’indianistes et de lettrés indiens même s’intéressaient à l’étude de la rhétorique sanskrite tardive ou aux écrits liés plus généralement à la poétique et au théâtre, voire à la construction des personnages et du concept esthétique cardinal de rasa.