Des seigneuries laïques aux territoires ecclésiaux ? Dynamique du processus de territorialisation dans les actes diplomatiques numérisés (VIIe-XIIIe s.) (original) (raw)

Des « seigneuries » laïques aux territoires ecclésiaux ? Dynamique du processus de spatialisation dans les actes diplomatiques numérisés (VIIe-XIIIe siècles)

MARTINE Tristan, NOWAK Jessika et SCHNEIDER Jens (dir.), Espaces ecclésiastiques et seigneuries laïques. Définitions, modèles et conflits en zones d’interface (IXe-XIIIe siècle), Paris, Presses Universitaires de la Sorbonne, 2021, p. 55-77, 2021

EN // Although medieval spatial entities have been the subject of various investigations in recent years, they have never been considered globally on a European scale. Thanks to the diplomatic corpus of the Cartae Europae Medii Aevi (CEMA), the article proposes to study the dynamics of some thirty terms relating to these spatial structures. It thus highlights three phases of spatialization, which gradually lead to the strengthening of ecclesiastical control - and thus to a spiritualization of the medieval spatial organization system. FR // Si les entités spatiales médiévales ont fait l’objet de différentes enquêtes ces dernières années, elles n’ont jamais été envisagées globalement, à l'échelle européenne. Grâce au corpus diplomatique des Cartae Europae Medii Aevi (CEMA), l’article propose d’étudier la dynamique d’une trentaine de termes relatifs à ces structures spatiales. Il met ainsi en lumière trois phases de spatialisation, qui conduisent progressivement au renforcement du contrôle ecclésial – et donc à une spiritualisation du système d’organisation spatiale médiéval.

Cartographier la territorialisation ecclésiale

2018

Quelques pistes de réflexions à la frontière des évêchés de Die et Grenoble (XIe-XVIe siècles) Saint-Flour – Jeudi 14 juin 2018 - colloque La cartographie ecclésiastique : héritage patrimonial et innovation géomatique (14-15 JUIN 2018, SAINT-FLOUR), organisé par Stéphane GOMIS et Vincent FLAURAUD (UCA/CHEC)

Les actes diplomatiques, instrument d'analyse des réseaux épiscopaux dans le monde franc (VII e -milieu XI e siècle, Bucema, 2021

Bucema, 2021

Les actes diplomatiques, instrument d'analyse des réseaux épiscopaux dans le ... Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre | BUCEMA, 25.1 | 2021 Les actes diplomatiques, instrument d'analyse des réseaux épiscopaux dans le ... Bulletin du centre d'études médiévales d'Auxerre | BUCEMA, 25.1 | 2021 10 Ces difficultés méthodologiques sont inhérentes à la documentation médiévale et au traitement des souscriptions d'actes diplomatiques. Toutefois, la taille du corpus Les actes diplomatiques, instrument d'analyse des réseaux épiscopaux dans le ...

Appel a communications / call for papers Espaces ecclésiastiques et seigneuries laïques. Définitions, modèles et conflits en zones d’interface (IXe-XIIIe siècle)

Appel à communications Espaces ecclésiastiques et seigneuries laïques. Définitions, modèles et conflits en zones d'interface (IX e-XIII e siècle) Atelier international de jeunes chercheurs – Institut Historique Allemand (Paris) / Laboratoire ACP (Université Paris-Est Marne-la-Vallée) 5-6 avril 2018 Argumentaire La distinction claire entre monde laïque et monde ecclésiastique et le concept d'espace de domination, compris comme une zone connue, délimitée et donc cartographiable, semblent aujourd'hui être des notions évidentes. Elles ne l'étaient pourtant absolument pas dans un monde médiéval où, d'une part, la réforme grégorienne a entamé, à la fin du XI e siècle, un processus de séparation des pouvoirs aristocratiques laïques et ecclésiastiques et où, d'autre part, la conception de l'espace de domination aristocratique connut une évolution très importante, du X e au XIII e siècle, avec un phénomène de spatialisation, puis de territorialisation, du pouvoir, ce qui permet progressivement de passer d'une cartographie faite de points à l'émergence de zones de domination plus ou moins identifiables et donc représentables graphiquement. Ces thématiques sont au coeur de nombreuses recherches actuelles et se prêtent d'autant mieux à une recherche comparatiste entre France et Allemagne que les écoles historiographiques des deux côtés du Rhin ont une approche très différente de ces questions spatiales. À l'inverse des Français, les historiens allemands ne se sont quasiment pas, après 1945, intéressé aux problèmes spatiaux et le terme allemand de Territorialisierung, l'idée que le pouvoir des aristocrates ait pu être fondé sur un principe territorial et reposer sur certains espaces avec des frontières plus ou moins bien définies, n'est utilisé que pour décrire des phénomènes à partir du XIII e siècle. Notre atelier entend donc croiser ces deux approches en examinant la conception et la production d'espaces ecclésiastiques et en s'intéressant aux interactions que cela suscita avec les seigneurs laïques dans le cadre géographique de l'ancien empire carolingien. Il ne s'agira pas ici de s'intéresser à l'espace intérieur au monastère, ce qui fut l'objet d'un livre récent (Monastères et espace social. Genèse et transformation d'un système de lieux dans l'Occident médiéval, éd M. Lauwers), mais bien de centrer notre étude sur les points de contacts et les zones d'interface entre espaces laïques et ecclésiastiques, en excluant le cas du ban clunisien, qui a déjà donné lieu à de nombreux travaux et en s'ouvrant également à des espaces non monastiques : diocèse, archidiaconé ou paroisse par exemple. L'objectif sera de permettre à des jeunes chercheurs germanophones ou francophones de comparer leurs approches, cela dans une perspective résolument interdisciplinaire entre histoire, histoire du droit, histoire de l'art et archéologie. Cet atelier entend s'articuler autour de trois angles d'approche : 1) Définitions, délimitations, représentations On constate à partir du XI e siècle, et surtout aux XII e et XIII e siècles, un processus de territorialisation des pouvoirs. La période précédente avait été marquée par l'émergence de

« Territorium non facere diocesim… ». Conflits, limites et représentation territoriale du diocèse, Ve-XIIIe siècle.

L’espace du diocèse. Genèse d’un territoire dans l’Occident médiéval (Ve-XIIIe siècle), dir. F. MAZEL, Rennes, 2008, p. 23-65.

Je propose, dans les pages qui suivent, quelques réflexions sur la représentation du diocèse comme territoire dans l'Occident du Moyen Âge. Le propos nécessite un détour par des périodes anciennes, notamment celle de la formation des diocèses au sein du monde antique. La notion même de diocèse renvoie en un sens à la réalité territoriale. Or celle-ci structurait l'Empire romain, caractérisé par une organisation sociale ancrée sur la cité. Quels que fussent, dans la pratique, les écarts par rapport aux modèles et les aménagements d'une telle organisation, il se développa indéniablement, dans la Rome antique, une forte idéologie territoriale, que manifeste l'une des étymologies alors reconnues au mot territorium. Selon les juristes, le territorium était, en effet, l'espace bien délimité autour de la cité à l'intérieur duquel les magistrats avaient le droit d'imposer et, si nécessaire, de chasser par la crainte, d'où l'étymologie qu'ils développent : territorium ‹ terreo 2 . Une telle image du « territoire », soumis à l'autorité et à la contrainte publiques, renvoie indéniablement à une conception de l'espace maîtrisé et contrôlé, ainsi qu'à la possibilité de mesurer et partager cet espace ; ces dernières fonctions étaient assurées, dans l'Antiquité, par un corps de spécialistes, les agrimensores ou arpenteurs, auxquels nous devons l'essentiel des discours antiques sur l'espace et la territorialité.