Encadré n°4 Le rapport au terrain dans les études touristiques en Inde et au Sikkim (original) (raw)

Le terrain en géographie physique, réflexions sur quatre décennies de pratique au Népal

Bulletin de l'Association de géographes français, 2022

Durant ma carrière, mes terrains de recherche himalayens (Népal et NW de l’Inde) ont porté sur les relations Hommes/milieux. Des hautes vallées glaciaires où l’histoire de leur passé quaternaire fut l’objet de ma thèse de doctorat, mon regard s’est peu à peu déplacé vers les vallées plus chaudes et habitées, aux versants couverts de cultures en terrasse : la cartographie des processus actifs (glissements de terrain, crues et autres aléas naturels) et leur processus déclenchants (pluies de mousson, séismes), et l’évolution rapide des paysages, observée d’une mission à l’autre, m’ont progressivement permis d’analyser les véritables « risques » pour les populations de ce pays en plein développement. L’ouverture des routes et une urbanisation plus dense ont aussi changé mon regard, élargi mes approches, et m’ont amenée à échanger avec des universitaires, Népalais ou étrangers, et les responsables locaux sur de nouvelles pratiques plus durables pour diminuer les risques. During my career, my research fields in the Himalayas (Nepal and NW India) addressed human/environment relations. From the high glacial valleys where the story of their Quaternary past was the subject of my doctoral thesis, my focus has gradually shifted towards the warmer and more inhabited valleys, with slopes covered with terraced crops. The mapping of active processes (landslides, floods and other natural hazards) and their triggering processes (monsoon rains, earthquakes), and the rapid evolution of landscapes, observed from one mission to the next, gradually enabled me to analyze the real "risks" for the populations of this rapidly developing country. The opening of roads and a denser urbanization have also changed my perspective, broadened my approaches, and led me to discuss with academics, Nepalese or foreign, and local officials on new, more sustainable practices to reduce risks.

La relation enquêteur-enquêtés face aux usages politiques de l’ethnographie, Sikkim (Himalaya oriental, Inde)

La « Méthode Condo ». Héritages et actualités de l’expérience ethnographique, edited by Jean-Marc de Grave et Ghislaine Gallenga. Paris : Indes Savantes, 2015

Dans le cadre des luttes de classement pour l’obtention du statut de « tribu répertoriée » (scheduled tribe) au Sikkim, un usage politique est fait de la connaissance ethnographique. Cette dernière est, en effet, fortement impliquée – d’une manière que je préciserai – dans les luttes et les procédures qui conduisent au classement des groupes ethniques au sein du système indien de discrimination positive, le « système de réservation » (reservation policy ou system). Le statut de tribu est le plus avantageux au sein de ce dernier et son acquisition dépend de critères culturels déterminés par l’État. Des ethnologues nommés par le gouvernement sont chargés de vérifier la conformité aux critères officiels de la tribalité de ‘matériau culturel’ des groupes candidats au reclassement.

Le terrain en géographie physique, réflexions sur quatre décennies de pratique au Népal (FIELDWORK IN PHYSICAL GEOGRAPHY, REFLECTIONS ON FOUR DECADES OF PRACTICE IN NEPAL

-Durant ma carrière, mes terrains de recherche himalayens (Népal et Nord-Ouest de l'Inde) ont porté sur les relations Hommes/milieux. Des hautes vallées glaciaires où l'histoire de leur passé quaternaire fut l'objet de ma thèse de doctorat, mon regard s'est peu à peu déplacé vers les vallées plus chaudes et habitées, aux versants couverts de cultures en terrasse : la cartographie des processus actifs (glissements de terrain, crues et autres aléas naturels) et leur processus déclenchants (pluies de mousson, séismes), et l'évolution rapide des paysages, observée d'une mission à l'autre, m'ont progressivement permis d'analyser les véritables « risques » pour les populations de ce pays en plein développement. L'ouverture des routes et une urbanisation plus dense ont aussi changé mon regard, élargi mes approches, et m'ont amenée à échanger avec des universitaires, Népalais ou étrangers, et les responsables locaux sur de nouvelles pratiques plus durables pour diminuer les risques.

Quelle est la place du "terrain" dans les recherches critiques en management?

Un nombre croissant de chercheurs en sciences de gestion situent leurs travaux dans ces approches pluridisciplinaires, pour appréhender les dimensions de pouvoir et de contrôle liées aux pratiques et théories du management. Ils s’attachent à dénaturaliser certaines évidences managériales et à questionner leur propre réflexivité, en resituant leur activité intellectuelle au cœur des phénomènes sociaux plutôt que de la placer dans une position surplombante [cf. Golsorkhi D., Huault I. et Leca B. (2009) ; Palpacuer F., Leroy M. et Naro G. (2010) ; Taskin L. et de Nanteuil M. (2011) ; Alvesson M. et Willmott H. (2012)]. Ce courant recouvre un nombre important de référents théoriques qui, s’ils ont pour dénominateur commun d’envisager le management comme un construit social et politique, garantissent dans le même temps l’existence d’une pluralité de postures épistémologiques, qu’elles soient constructivistes pragmatiques, postmodernistes ou bien réalistes critiques. Ces postures orientent les travaux critiques vers des méthodologies particulières, privilégiant les recherches idiographiques, de portée compréhensive, et la définition d’un projet de connaissance ne se voulant pas instrumental ou fonctionnaliste, mais plutôt à visée émancipatrice. L’inscription d’une recherche doctorale dans ces perspectives hétérodoxes n’est toutefois pas exempte de difficultés. La justification d’un projet de connaissance critique et sa confrontation aux canons de la doxa managériale figurent parmi les enjeux auxquels la communauté de chercheurs critiques peut favorablement contribuer dans le cadre de tels ateliers doctoraux. Ce séminaire de recherche a, dès lors, pour volonté d’offrir un lieu d’accueil et d’échanges pour les chercheurs qui réalisent et souhaitent inscrire leur thèse et travaux dans une perspective critique en sciences de gestion. Dans cette perspective, trois collègues français ont été invités à intervenir sur la question de la place particulière du « terrain » dans les recherches critiques en gestion. La nécessité de s’inscrire dans des approches hétérodoxes émerge en effet avec une acuité particulière au regard de la multiplication de crises financières, sociales ou écologiques qui mettent de plus en plus en cause les pratiques opérationnelles concrètes de gestion des ressources, des entreprises et des territoires [voir Palpacuer et al. (2010)]. Cette table ronde se place dès lors dans le cadre d’un questionnement plus large quant aux conséquences sociales et environnementales des modes de management et quant à la manière dont nous, chercheurs, pouvons rendre compte et penser l’évolution de ces modes de gestion afin qu’ils aillent vers des approches plus respectueuses des équilibres sociaux et environnementaux. Les participants à la table ronde ont offert des pistes de réflexion en ce sens, en mobilisant des cadres de référence philosophiques humanistes tels que ceux de Jacques Rancière ou de Michel Henry, ou encore en élaborant des approches épistémo-méthodologiques originales pour repenser les finalités de la recherche en gestion. Dans un premier temps, Isabelle Huault livre sa pensée sur la question de la place du « terrain » dans les recherches critiques. Ensuite, Pierre-Yves Gomez interroge en quoi le détour par la recherche empirique caractérise une démarche authentiquement critique. Enfin, Maya Leroy se centre davantage sur les problématiques de gestion de l’environnement.

Parcours migratoires et construction d’une “autochtonie” au Sikkim (Himalaya Oriental, Inde)

Les cultures du déplacement, edited by Fournier, L. S., Chastagner, C., Bernié-Boissard C., and Crozat, D., Aix-en-Provence, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2014

Quelle est la place du terrain dans les études critiques en management?

Un nombre croissant de chercheurs en sciences de gestion situent leurs travaux dans ces approches pluridisciplinaires, pour appréhender les dimensions de pouvoir et de contrôle liées aux pratiques et théories du management. Ils s’attachent à dénaturaliser certaines évidences managériales et à questionner leur propre réflexivité, en resituant leur activité intellectuelle au cœur des phénomènes sociaux plutôt que de la placer dans une position surplombante [cf. Golsorkhi D., Huault I. et Leca B. (2009) ; Palpacuer F., Leroy M. et Naro G. (2010) ; Taskin L. et de Nanteuil M. (2011) ; Alvesson M. et Willmott H. (2012)]. Ce courant recouvre un nombre important de référents théoriques qui, s’ils ont pour dénominateur commun d’envisager le management comme un construit social et politique, garantissent dans le même temps l’existence d’une pluralité de postures épistémologiques, qu’elles soient constructivistes pragmatiques, postmodernistes ou bien réalistes critiques. Ces postures orienten...